L'académie de taekwondo du camp de réfugiés d'Azraq en Jordanie a formé un athlète olympique
L'académie de taekwondo du camp de réfugiés d'Azraq en Jordanie a formé un athlète olympique
Yahya Bassam Al Ghotany est l'un des 37 athlètes qui participent aux Jeux de Paris sous la bannière du CIO et qui représentent 120 millions de personnes déplacées de force à travers le monde. Lors de la cérémonie d'ouverture, le jeune homme de 21 ans a été le porte-drapeau de l'équipe olympique des réfugiés du CIO aux côtés de la boxeuse Cindy Ngamba qui, lors d'un combat historique dimanche, a remporté la toute première médaille de l'équipe.
La famille d'Al Ghotany a rejoint la Jordanie lorsqu'il était adolescent et c'est grâce au sport qu'il s'est fait l'un de ses amis les plus proches, Ali Al Sikmany.
« J'ai rencontré Yahya en 2015, et il a été la première personne que j'ai connue dans le camp et mon tout premier ami », explique-t-il.
L'arrivée dans un camp de réfugiés est une expérience intimidante. Yahya et Ali ont dû abandonner leurs maisons et leurs amis, sans savoir s'ils les reverraient un jour. Le sport peut aider les jeunes réfugiés à se faire de nouveaux amis et à se trouver un environnement sûr et motivant pour leur permettre de surmonter les difficultés liées au déplacement.
« Yahya et moi avons pratiqué différents sports ensemble, nous avons pris part à la ligue de football de l'école. Une fois, nous avons même participé à un match de lutte romaine ! » se souvient Ali Al Sikmany avec émotion.
La mère de Yahya Al Ghotany, Tirfah Ahmad Ali Alsharea, se souvient de la première fois qu'il s'est intéressé à ce sport. « Il avait l'habitude de regarder les autres enfants pratiquer le taekwondo, puis il a décidé de s'inscrire et a voulu devenir un athlète de taekwondo. »
Le Taekwondo est un sport populaire dans les camps de réfugiés à travers le monde. Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, travaille en partenariat avec la Fondation humanitaire pour le Taekwondo afin de proposer des activités sportives sociales et compétitives.
La fondation a été créée par Chungwon Choue, qui est également l'actuel président de World Taekwondo. Il a compris que le taekwondo pouvait aider les jeunes à développer leur résilience et à améliorer leur santé physique et mentale.
« Nous avons toujours dit que le taekwondo est plus qu'un sport : c'est une philosophie », explique le Chungwon Choue. « Ainsi, il nous est apparu que le taekwondo avait un immense potentiel pour renforcer les capacités des athlètes réfugiés, non seulement en les aidant à rester actifs, mais aussi en leur inculquant des compétences et la discipline qui leur seront utiles dans tous les domaines de la vie. Le taekwondo peut susciter l'espoir et fournir à ces jeunes réfugiés le cadre qui leur fait parfois cruellement défaut ».
« Depuis sa création, la fondation a aidé plus de 13 000 réfugiés », poursuit-il. « Nous avons vu de nos propres yeux l'impact transformateur que le Taekwondo peut avoir sur la santé physique et mentale des gens, ainsi que la joie et la cohésion sociale qu'il apporte aux communautés. Nous sommes fiers que des jeunes comme Yahya inspirent des millions de personnes à travers le monde grâce au taekwondo et qu'ils contribuent à sensibiliser le public à la question des réfugiés. »
La famille et les amis de Yahya Al Ghotany le regarderont aujourd'hui à Paris depuis le camp d'Azraq avec joie et enthousiasme.
As IOC @RefugeesOlympic Team athlete Yahya Al Ghotany takes the Olympic stage, his family in Jordan’s Azraq camp sends heartfelt messages of encouragement. #CheerForRefugees #Paris2024 pic.twitter.com/Mx6ZJu2Ait
— UNHCR, the UN Refugee Agency (@Refugees) August 8, 2024
« Je ressens une immense fierté et je suis très honoré qu'il me représente, qu'il représente sa famille et qu'il représente tous les réfugiés. Je suis fier de lui car c'est un jeune homme ambitieux qui a atteint ses objectifs », confie son ami Ali Al Sikmany.
Zakaria, le frère de Yahya, considère son cadet comme une source d'inspiration pour lui-même et pour les autres. » Je suis fier que mon frère ait atteint ce niveau. Son histoire nous fait réfléchir à la manière dont il a réussi à accomplir tout cela malgré les défis auxquels il a été confronté. Cela fait de lui un modèle à suivre. La leçon que je tire de son expérience est que rien n'est impossible et que plus on travaille, mieux on s'en sort.