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Les dernières violences obligent les habitants à fuir la région d'Arauca, dans l'est de la Colombie

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Les dernières violences obligent les habitants à fuir la région d'Arauca, dans l'est de la Colombie

Depuis que des conflits ont éclaté, l'année dernière, entre les deux principaux groupes rebelles gauchistes du pays, la région d'Arauca, dans l'est de la Colombie, connaît une nette recrudescence de la violence. Le nombre de personnes forcées à se déplacer est également en forte hausse.
25 Juin 2007 Egalement disponible ici :
Les personnes déplacées à Arauca, dans l'est de la Colombie, construisent là où elles le peuvent. Leurs maisons risquent d'être inondées pendant la saison des pluies par une rivière située à proximité.

ARAUQUITA, Colombie, 22 juin (UNHCR) - Il est neuf heures du soir ; les magasins et les bars d'Arauquita sont fermés et les rues désertes. Chose étrange, aucun son musical ne vient égayer cette petite ville du département d'Arauca, dans l'est de la Colombie.

Arauca a longtemps été la forteresse des deux principaux groupes rebelles gauchistes du pays, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l'Armée de libération nationale (ELN). Après une longue période de coexistence pacifique, les deux groupes sont entrés en conflit l'année dernière, pour des raisons qui restent encore largement inexpliquées.

Les habitants se trouvent piégés par la violence et fuient les zones rurales pour se réfugier dans les villes ou les petites agglomérations comme Arauquita. Selon les autorités locales, une nette augmentation des déplacements forcés peut être observée.

« Nous sommes débordés », déclare un fonctionnaire responsable de l'enregistrement des familles arrivant à Arauquita. « Le nombre de gens concernés est faramineux, nous ne savons pas comment faire pour les accueillir », dit-elle, en ajoutant que la dimension réelle des déplacements reste inconnue car de nombreuses personnes ont trop peur de déclarer leur arrivée.

Au cours des 18 derniers mois, quelque 1 000 personnes sont arrivées dans une ville qui ne comptait précédemment que quelques familles déplacées. Toutes racontent avoir été obligées à fuir leur foyer à cause des violences. Cette augmentation se retrouve dans tout le département : entre 2005 et 2006, les chiffres relatifs aux personnes déplacées dans la région d'Arauca ont connu une hausse de 88 pour cent. Les statistiques initiales pour les six premiers mois de cette année ne font état d'aucun ralentissement.

L'UNHCR travaille dans le département d'Arauca via un réseau de partenaires, dont l'Eglise catholique et La Defensoría del Pueblo, un réseau colombien de défense des droits humains. Etant donnée la situation humanitaire difficile, l'agence pour les réfugiés est en train de renforcer sa présence sur le terrain et a participé, plus tôt ce mois-ci, à une mission d'enquête pour que son assistance soit adaptée aux besoins sur le terrain.

La région d'Arauca, située en bordure du Venezuela, est principalement rurale. C'est également une terre d'élevage, qui détient par ailleurs d'immenses réserves de pétrole. L'essentiel de la population vit dans des fermes, souvent éloignées des villages. Jusqu'à l'année dernière, Arauquita comptait environ 6 000 habitants - l'afflux inattendu de personnes déplacées a fait augmenter sa population de près de 20 pour cent.

« Il y a trois ou quatre familles par maison. Nous avons construit où nous le pouvions, trop près de la rivière. Maintenant, avec la saison des pluies, nous sommes tous inquiets du risque d'inondation », a indiqué un homme âgé de 35 ans, qui est arrivé en août dernier. Il fait partie de l'association locale des personnes déplacées et, comme tout le monde à Arauquita, il souhaite rester anonyme.

Cette ville est loin d'être un havre de paix. Quelques jours avant la visite de l'équipe de l'UNHCR, des hommes armés non identifiés ont tué par balles la conseillère locale de droite, Alejandrina Rincon, en plein jour alors qu'elle marchait dans la ville, accompagnée de son fils de huit ans. Elle avait reçu des menaces, tout comme d'autres personnalités locales.

Ces deux dernières années, 10 professeurs ont aussi pris pour cible par plusieurs groupes et cinq d'entre eux ont dû fuir. Avec les prochaines élections locales en octobre, beaucoup craignent une nouvelle irruption de violence.

Dans un grand nombre de petits villages situés dans les vastes plaines d'Arauca, la situation est pire encore. C'est là que les combats entre les groupes rivaux de la guérilla sont les plus intenses. Les gens disent que l'armée et la police ne viennent que rarement, voire pas du tout.

« Les gens là-bas ont une vie très difficile. Ils se couchent le soir en se demandant qui va les réveiller et leur dire de partir », indique un fermier, qui a fui vers Arauquita quelques semaines plus tôt. « Ou qui va les tuer », ajoute un autre homme.

Quand on lui demande combien de personnes sont arrivées ces dernières semaines, l'homme commence à compter. Trois personnes de telle commune, cinq de tel village, encore deux autres arrivées ce week-end : la liste s'allonge. D'autres ont traversé la rivière Arauca pour chercher refuge au Venezuela.

L'un des plus vieux fermiers secoue la tête. Il a dû tout abandonner derrière lui lorsqu'il a fui sa ferme à trois heures du matin. « C'était la ferme de mon père avant qu'elle ne devienne la mienne ; nous y avons élevé nos cinq enfants. C'est dur, mais nous avons de la chance. Les morts ne peuvent pas se déplacer. »

Par Marie-Hélène Verney à Arauquita, Colombie