Le HCR lance un pont aérien pour aider les Libanais, parallèlement aux envois par mer déjà en cours
Le HCR lance un pont aérien pour aider les Libanais, parallèlement aux envois par mer déjà en cours
BEYROUTH, Liban, 10 août (UNHCR) - En raison des importantes entraves causées par la destruction des routes servant à acheminer le ravitaillement de la frontière syrienne à Beyrouth, l'UNHCR a lancé jeudi un pont aérien vers le Liban, depuis la Jordanie et l'Europe. Ces efforts ont pour objectif la livraison rapide de tonnes de matériel de secours, dont le besoin se fait urgemment sentir.
Le premier vol - effectué par un C-130 de la Royal Jordanian Air Force parti d'Amman - a atterri à l'aéroport de Beyrouth jeudi matin. L'avion contenait 9 000 couvertures et de 192 matelas provenant de l'entrepôt régional de l'UNHCR en Jordanie, ainsi que des boîtes de médicaments de l'Organisation mondiale de la Santé.
L'avion est reparti pour la capitale jordanienne, avec à son bord 50 personnes qui voulaient quitter le pays, parmi lesquelles des individus de nationalité jordanienne, libanaise et autre.
Un second vol effectué par un C-130 transportant des matelas a approché Beyrouth mais n'a pas reçu l'autorisation de se poser pour des raisons de sécurité. Il a du rentrer à Amman. L'UNHCR a été informé qu'il pourrait atterrir vendredi matin.
« C'est un énorme soulagement d'avoir reçu des camions et un avion chargés de matériel ces derniers jours, mais cela ne suffit pas », a indiqué Stéphane Jaquemet, le délégué de l'UNHCR à Beyrouth. « Nos opérations sont toujours fortement entravées par les contraintes de sécurité. Nous avons besoin de corridors humanitaires permanents et sûrs pour aider les déplacés. Pour le moment, nous n'en disposons pas, c'est aussi simple que ça. »
L'option maritime est également mise en oeuvre afin de convoyer de larges quantités de biens. Elles permettront de venir en aide aux déplacés hébergés dans des écoles et dans des familles d'accueil, et dont le nombre est estimé à quelque 700 000 personnes.
A partir de jeudi, des avions transportant des biens de secours depuis Amman et depuis la capitale danoise, Copenhague, devraient atterrir à Larnaca, à Chypre. Les 116 tonnes de matériel expédiées seront transférées à bord de bateaux organisés par les services logistiques des Nations Unies et partiront en direction de Beyrouth dimanche.
Le premier vol, un DC-8 affrété par l'UNHCR, est prévu pour la nuit de jeudi. Il quittera Copenhague avec à son bord 45 tonnes de matériel en provenance de l'entrepôt général de l'agence. Quelque 20 000 couvertures, 7 000 jerrycans, 50 rouleaux de plastique et 1 440 sets de cuisine seront envoyés. Deux vols seront réalisés par des Airbus 310 à partir d'Amman, avec pour chacun un chargement de 35 tonnes de tentes, de matelas, de jerrycans, de réchauds et de lampes tempêtes. Ils devraient arriver à Larnaca à partir de la nuit de jeudi. Un deuxième vol est prévu pour lundi.
D'autres vols sont programmés, mais les détails ne sont pas encore connus. Le port de Mersin, au sud de la Turquie, devrait également être bientôt utilisé pour envoyer 8 400 matelas à Beyrouth par bateau, à travers le système logistique commun des Nations Unies. Le chargement était en cours jeudi dans la nuit, en attendant le départ en mer prévu prochainement.
Vendredi, un bateau français devrait quitter le port de Marseille, sur la côte sud, à destination de Beyrouth. Il transportera cinq camions Mercedes qui seront utilisés par l'UNHCR pour acheminer du matériel de secours au Liban, ainsi que 3 000 couvertures, 15 000 jerrycans, 100 rouleaux de plastique et 3 000 sets de cuisine. Un convoi terrestre de sept camions devrait quitter la Syrie pour le Liban vendredi.
Sur place, au Liban, une équipe de l'UNHCR a distribué jeudi 400 couvertures, 460 jerrycans, 200 matelas, 352 sets de cuisine et des bâches en plastique aux personnes déplacées qui ont trouvé refuge dans huit écoles et bâtiments publics du village de Maaisrat, dans les montagnes au nord de Beyrouth, et ses alentours.
« Nous comptons au moins 19 000 personnes déplacées dans l'ensemble du district ; cette aide est vraiment nécessaire. Nous sommes tellement heureux de ce que vous nous avez apporté aujourd'hui », a déclaré Zouhair Amro, gouverneur du village de Maaisrat. Les personnes déplacées viennent du sud du Liban et des quartiers sud de Beyrouth.
« J'ai quitté Dahya, un quartier au sud de Beyrouth, au début de la guerre et maintenant ma maison est détruite », raconte Fatima, 12 ans, qui fait partie du groupe de déplacés à Maaisrat. « Je veux simplement qu'il y ait la paix et j'espère que je pourrai avoir une nouvelle maison aussi belle que l'ancienne », a-t-elle ajouté.
Des employés des autorités locales ont participé à la distribution d'aide de l'UNHCR dans la zone. Alors que l'équipe de l'UNHCR effectuait le trajet de retour vers Beyrouth, l'aviation israélienne a largué des tracts demandant à la population d'évacuer les zones fortement peuplées du sud de Beyrouth, où des personnes ont été tuées lors de précédentes attaques aériennes.
Des centaines de personnes ont ensuite évacué les faubourgs d'Hay el-Soulom, de Bourj Al-Barajneh et de Chiyah, n'emportant avec elles que quelques bagages. Les départs hors de ces régions vont encore aggraver les énormes problèmes au Liban.
Par Astrid van Genderen Stort, Beyrouth, Liban