Au milieu des décombres, une famille libanaise s'efforce de retrouver une vie normale
Au milieu des décombres, une famille libanaise s'efforce de retrouver une vie normale
AITA ECH CHAAB, Liban, 5 septembre (UNHCR) - Adib Rahma est une personne accueillante. Son moral n'a pas été entamé par les cinq semaines de guerre qui ont détruit l'essentiel de son village, Aïta Ech Chaab, et forcé sa famille à vivre pour le moment dans une autre ville.
« Mon mari et nos huit enfants ont entendu les Israéliens ordonner à la population par haut-parleur de quitter Aïta Ech Chaab et nos maisons sur le champ.... Ma fille était encore pieds nu lorsque nous avons fui précipitamment à bord dans notre pick-up », a indiqué Adib, qui a passé toute sa vie dans ce village.
« Nous sommes restés 15 jours à Rmaich avec 55 personnes dans leur maison, puis 15 jours à Saïda », a-t-elle expliqué. « Lorsque nous sommes rentrés à Aïta, l'intérieur de notre maison avait été [détruit].... Il y avait des vêtements tâchés de sang ; notre vache gisait, morte, dans l'entrée ; nos champs avaient été incendiés et nous avons trouvé un missile sur le toit du bâtiment qui nous sert à stocker du tabac. »
Adib et sa famille louent une petite maison dans la ville chrétienne de Rmaich jusqu'à ce qu'ils puissent retourner dans leur maison. En attendant, avec sa famille, elle fait des allers et retours entre Rmaich et Aïta Ech Chaab, pour essayer de réparer sa maison.
Des milliers d'autres Libanais vivent la même chose. Ils ne sont rentrés des abris où ils avaient été hébergés durant les combats que pour découvrir leur maison était devenue inhabitable. Ils resteront déplacés pendant de nombreux mois, certes près de chez eux, mais toujours déplacés.
« Nous ne pouvons habiter dans notre maison maintenant, comme d'ailleurs c'est le cas de nombreuses autres familles mais, nous voulons quand même être ici pour la rénover et être sûrs que nous allons recevoir de l'aide », a indiqué Adib. Au départ sa famille n'a pas bénéficié des distributions effectuées dans les deux villes car une confusion régnait sur celle où elle devait recevoir l'aide - un problème logistique que suivent les employés de l'UNHCR dans toute la région.
Aita Ech Chaab, dont la population varie entre 10 000 personnes l'hiver et 13 000 en été, a été frappé par les premières frappes aériennes menées par Israël sur le sol libanais le 12 juillet. La ville, située sur une colline faisant face à Israël, a alors subi 20 jours de bombardements aériens et de pilonnage d'artillerie. Le 21ème jour, le village a été entouré par les troupes israéliennes et des combats pour le contrôle de la ville ont commencé.
« Notre peuple a résisté durant toute la guerre. Le résultat de ces cinq semaines, c'est une ville complètement détruite ... 90 pour cent de nos maisons sont très endommagées ou entièrement détruites, tout comme les transformateurs, les réservoirs d'eau et les réseaux de canalisations », a indiqué Mohammed Salah, un membre de l'équipe municipale.
« Le chemin vers la relance et la reconstruction qui nous attend va être long. Les gens sont rentrés pour voir leurs maisons, mais peu resteront durant l'hiver. L'hiver arrive et il faudra du temps pour le déblaiement et la reconstruction. »
La route vers la maison de la famille d'Adib passe par des parties de la ville où les combats ont fait rage. Des rues étroites longent des maisons détruites et des décombres. Les gens font le tour de leurs maisons, errant sans but précis, bougeant une pierre, une chaise ou des vêtements d'un côté à l'autre. Le secteur de la ville où les bulldozers israéliens sont venus pendant les combats est rempli de sable, les maisons ont toutes été rasées.
« Ca ne va tout de même pas si mal », a indiqué Salah. « Nous sommes soutenus et serons encore aidés davantage, j'en suis sûre. Notre ville va retrouver son aspect normal. Nous devrons reconstruire complètement cette partie de la ville, car les rues d'origine ont disparu ... mais nous allons y arriver. »
Pareil optimisme rend ce décor d'apocalypse un peu moins lugubre. Il semble y avoir peu de ressentiment suite aux cinq semaines de guerre qui ont quasiment rayé Aïta de la carte. La ville va renaître. « Ces dernières semaines, nous avons distribué des articles de l'UNHCR et d'autres organisations à des gens qui sont revenus à Aita Ech Chaab. Leur capacité d'adaptation est remarquable », a indiqué Mohammed Ali de Samidoun, un réseau d'ONG et de volontaires qui distribuent l'aide de l'UNHCR.
« L'équipe a vécu avec les gens dans des maisons à moitié détruites. Nous avons été bien accueillis et invités malgré les maigres ressources disponibles », a-t-il ajouté. « Les gens sont contents du soutien qu'ils reçoivent. Peu de gens peuvent rentrer ; beaucoup ne resteront pas durant l'hiver. Pour le moment, les gens semblent prendre les choses comme elles viennent. »
L'ONG Samidoun, consciente du problème d'Adib pour recevoir de l'aide, travaille pour s'assurer que la famille n'est pas laissée de côté. « Nous connaissons le problème », a indiqué Mohammed Ali. « Plusieurs familles originaires d'Aïta, qui vivent en dehors du village, tombent entre les mailles du filet. »
Adib et sa famille vont vivre pour le moment grâce à l'assistance. Elle pense déjà à l'avenir. « Pour l'instant nous survivons au jour le jour et espérons que nous recevrons une aide pour réparer notre maison d'Aïta », a-t-elle dit. « Et alors nous aurons besoin de retourner dans les champs et de recommencer à travailler bientôt. »
Par Astrid van Genderen Stort à Aïta Ech Chaab, Liban