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De l'espoir dans la salle de classe

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De l'espoir dans la salle de classe

22 Novembre 2023 Egalement disponible ici :
L’enseignante secondaire Amela Jukic dans sa salle de classe. ©UNHCR/Nino Janashvili

 

C'est un vendredi matin animé dans cette école secondaire du canton de Bâle-Campagne. A la question "qui d'entre vous a déjà déménagé dans un endroit où l'on parlait une autre langue ou a des parents qui ont vécu cela?", la plupart des mains se lèvent. Celles de la jeune enseignante secondaire Amela Jukic aussi. Alors que de nombreux élèves des écoles suisses sont issu-e-s de la fuite ou de la migration, les enseignant-e-s comme Amela sont rares. Ses parents ont vécu la guerre en Bosnie et se sont construits une nouvelle vie après leur fuite en Suisse. Amela a grandi à Bâle-Campagne et enseigne aujourd'hui à des élèves de 12 à 15 ans dans l'école secondaire où elle a elle-même été scolarisée. Des enseignant-e-s comme Amela peuvent être la clé de la création d'espaces éducatifs plus inclusifs et plus diversifiés. 

"Il ne s'agit pas seulement d'enseigner la grammaire ou la géographie aux élèves", souligne Amela. Dans l'enseignement secondaire en particulier, les enseignant-e-s assument une fonction éducative importante qu'Amela prend très au sérieux. Son humour et son accessibilité font de cette enseignante de 29 ans une personne de référence importante pour nombre de ses élèves. Ils et elles s'adressent souvent à elle en cas de problèmes et de soucis personnels. "La plupart des élèves veulent simplement une oreille attentive. Si nécessaire, je les oriente vers les services compétents". Ce soutien est particulièrement précieux pour les élèves issus de la fuite ou de la migration. 

  

Ensemble, la classe d'Amela participe au concours de jeunesse du HCR "Youth with Refugees" sur le thème "Espoir loin de chez soi". Les élèves réalisent des dessins qui, espèrent-ils, seront imprimés sur un T-shirt UNIQLO pour récolter des fonds pour le HCR. Amela profite de ce concours pour approfondir le thème du déplacement forcé avec ses élèves. 

Ce thème tient bien sûr Amela personnellement à cœur. De par leur expérience, les enseignant-e-s issu-e-s ayant une expérience de fuite ou de migration apportent un degré particulier d'empathie et de compréhension pour les élèves ayant des histoires de vie similaires. Ils et elles peuvent comprendre ce que cela représente d'arriver dans une nouvelle culture et de s'orienter dans un environnement étranger. Ces expériences communes créent un lien et renforcent la confiance entre les enseignant-e-s et les élèves. Amela constate aussi souvent une plus grande disponibilité de la part des parents avec un tel vécu pour suivre ses recommandations et ses conseils. "Grâce à mes propres expériences avec mes parents, je peux facilement comprendre les peurs et les soucis que ces parents peuvent éventuellement apporter et je peux y répondre directement et proposer des stratégies pour encourager les élèves.” 

"Avoir une autre langue maternelle n'est pas un défaut, mais une force".

Amela apprécie en particulier la diversité des langues parlées par ses élèves et leur montre qu'elles constituent un enrichissement. "Enfant, j'ai souvent ressenti qu'avoir une autre langue maternelle avait une connotation négative. Je veux faire comprendre à mes élèves que les différentes langues qu'ils et elles parlent sont une force", raconte-t-elle. 

Dans la salle de classe d'Amela est également accroché le calendrier "Das interkulturelle Schuljahr" (l'année scolaire interculturelle), publié par la Haute école pédagogique de Zurich, qui offre une vue d'ensemble des jours fériés des différentes religions. Amela s'en sert pour noter les différentes fêtes que célèbrent ses élèves. En tant qu'enseignante, il est fondamental de montrer de l'intérêt pour les élèves. "Il est important de poser des questions et de se souvenir de ce que les élèves racontent et de ce qu'ils vous expliquent sur leur origine, leur culture et leur vie", estime Amela. Cette attitude transmet de l'estime et crée une atmosphère de respect et de tolérance, dans laquelle la diversité est perçue comme une force.  

Les enseignant-e-s comme Amela ne sont pas seulement des modèles importants pour les élèves-e- issus de milieux similaires, mais ils montrent aussi que l'éducation et la réussite professionnelle sont possibles pour tous, indépendamment de leur origine. Cela peut accroître la motivation des élèves et améliorer leurs chances de réussite. Amela souligne l'importance d'être une personne de référence pour ses élèves, de renforcer leur confiance en eux et de leur montrer que l'éducation peut être la clé d'un avenir meilleur. Elle-même aurait souhaité être davantage représentée durant sa scolarité. "Je n'ai pas eu cela, c'est à eux de l'avoir. C'est pourquoi je fais ce travail".