Une aide d'urgence pour des villages colombiens isolés
Une aide d'urgence pour des villages colombiens isolés
L'UNHCR a organisé la semaine dernière une mission humanitaire d'urgence pour porter assistance à plusieurs communautés indigènes le long de la rivière Guaviare en Colombie.
Quatorze tonnes d'aide alimentaire ont été fournies par le Programme alimentaire mondial (PAM) - une autre agence des Nations Unies - et acheminées par bateau à environ un millier de personnes à quatre endroits le long de la rivière : Mocuare, Puerto Alvira, Barranco Colorado et le centre municipal de Mapiripan. La zone fait l'objet d'une rivalité entre des groupes armés illégaux rivaux, alors que les forces armées nationales essaient de reprendre le contrôle de ce territoire.
L'UNHCR avait demandé l'assistance du PAM qui a immédiatement répondu favorablement, car la situation humanitaire est extrêmement difficile dans la région, avec de graves ruptures d'approvisionnement en nourriture et de très grands risques de déplacements forcés dans les trois premières communautés. La région est isolée et accessible seulement par la rivière ; c'est un territoire disputé. La peur et le manque de carburant ont provoqué l'arrêt du transport fluvial.
Des rumeurs d'une aggravation imminente du conflit ont provoqué une panique généralisée parmi la population civile. Des centaines de personnes ont fui, marchant quelquefois pendant des jours à travers la forêt. Le village de Barranco Colorado est quasiment vidé de ses habitants, à l'exception de deux groupes indigènes d'environ 40 familles chacun. Puerto Alvira a perdu environ 75 % de ses 3 000 habitants. Les personnes fuient également le village de Mocuare. Ceux qui sont restés sont maintenant pratiquement coupés du monde. La nourriture n'arrive plus. Le peu encore disponible est devenu extrêmement cher. Les membres de la mission ont également remarqué que les médicaments manquaient cruellement et constaté l'absence de moyens pour évacuer les malades en cas d'urgence médicale.
L'église locale, les représentants du bureau de l'ombudsman et le personnel du Ministère colombien des affaires sociales ont pris part à la mission aux côtés de l'UNHCR et du PAM. En plus des rations alimentaires, ils ont distribué des colis d'hygiène de base et du matériel scolaire donnés par la municipalité locale.
La plupart des bénéficiaires appartiennent aux groupes Guyabero et Nukak Maku. Quelques familles non-indigènes ont été identifiées comme étant particulièrement vulnérables et ont également reçu de l'aide. Les groupes Guyabero et Nukak Maku viennent de la région Guaviare. Beaucoup ont été contraints de fuir leurs terres à cause du conflit armé, prenant le risque de disparaître en tant que groupes ethniques particuliers.
Dans le cadre des lois colombienne et internationale, des efforts particuliers doivent être faits pour protéger de tels groupes de la perte de leurs terres ancestrales et la mission de la semaine dernière faisait partie d'une série de mesures de prévention dans ce but. L'UNHCR et le PAM, avec leurs partenaires locaux, ont également démarré plusieurs projets dans cette région, tels qu'une cantine scolaire à Puerto Alvira et des programmes sociaux pour les personnes âgées et les enfants de moins de cinq ans.
Il y a 80 groupes indigènes différents en Colombie, qui représentent au total 2 % de l'ensemble de la population du pays. Ils ont été contraints de fuir leurs maisons dans des proportions encore plus importantes que leurs compatriotes. A la fin de 2007, quelque 2,4 millions de Colombiens étaient enregistrés auprès du gouvernement comme victimes de déplacements forcés internes.