A Beyrouth, les alertes et les frappes aériennes aggravent la situation des déplacés
A Beyrouth, les alertes et les frappes aériennes aggravent la situation des déplacés
BEYROUTH, Liban, 11 août (UNHCR) - Les alertes et les frappes aériennes israéliennes dans les quartiers densément peuplés des banlieues sud de Beyrouth aggravent encore la situation alors que la population fuit vers des zones surpeuplées en quête de sécurité. Les agences humanitaires tentent de les aider. Parallèlement, plus de 145 tonnes d'articles de secours de l'UNHCR ont été acheminées par avion à Beyrouth et à Chypre.
Jeudi, les avions israéliens ont largué des tracts sur Beyrouth demandant aux milliers d'habitants des banlieues sud de Hay Al Soulom, Bourj Al Barajneh et Chiyah d'évacuer immédiatement ces lieux. Bourj Al Barajneh accueille aussi quelque 16 000 réfugiés palestiniens dans un camp géré par les Nations Unies.
« Il est vraiment impossible pour des milliers de civils de quitter leurs maisons en quelques heures et de se mettre à l'abri dans les environs, particulièrement quand les centres d'hébergement publics sont déjà surchargés », indique le délégué de l'UNHCR au Liban, Stéphane Jaquemet.
« Pour ceux qui ont déjà fui une première fois pour trouver la sécurité à Beyrouth, le seul fait d'être à nouveau déplacé est extrêmement difficile et effrayant », ajoute-t-il.
Jeudi en début de soirée, des centaines de personnes ont commencé à quitter leurs maisons des quartiers sud, nombre d'entre eux ne sachant pas où aller. Les personnes âgées, malades ou d'autres personnes vulnérables n'ont pas pu partir immédiatement.
Beaucoup ont trouvé refuge dans le district de Baabda, à l'est de Beyrouth, utilisant au maximum les ressources locales. « Nous avons reçu un appel des autorités locales la nuit dernière. Elles nous demandaient d'urgence des tentes et des biens de secours pour aider les personnes arrivées lors de cet afflux soudain », explique Stéphane Jaquemet. L'UNHCR a envoyé des couvertures, des matelas et des sets de cuisine vendredi matin pour tenter de soulager la pression et d'aider ces nouveaux arrivants.
D'autres ont trouvé refuge dans les jardins de la ville de Sanayah, dans les écoles et chez des familles à Beyrouth, tandis que des personnes ont également été accueillies dans le camp de réfugiés palestiniens à Bourj Al Barajneh. Le nombre des déplacés durant ces dernières 24 heures n'est pas connu, mais Beyrouth comptait déjà auparavant quelque 100 000 déplacés.
Parallèlement, la Haut Commissaire assistante en charge des opérations, Judy Cheng-Hopkins, a rejoint Beyrouth depuis Damas vendredi dans le cadre de sa mission dans la région pour suivre les opérations de l'agence en faveur des réfugiés. Elle fera un compte-rendu de la situation après son retour à Genève ce week-end.
Hier, l'UNHCR a débuté un pont aérien pour aider à acheminer rapidement des tonnes de matériel de secours vers le Liban, où les besoins en aide sont pressants. Le long de l'itinéraire allant de la Syrie jusqu'au Liban, où se trouve notre principale base de ravitaillement, les routes ont été gravement endommagées. Ces destructions ralentissement fortement nos convois, rendant de plus en plus difficile le transport en grosses quantités de matériel.
Pour accélérer la livraison de l'aide humanitaire, l'UNHCR a acheminé par avion 116 tonnes de biens de secours depuis jeudi matin vers Chypre depuis le Danemark et la Jordanie par trois vols affrétés spécialement. La livraison de tentes, de couvertures, de matelas, de réchauds, de jerrycans, de lampes tempêtes, de rouleaux de plastique et de kits de cuisine sera effectuée par un bateau du système logistique des Nations Unies et devrait atteindre Beyrouth dimanche.
Vendredi, un second vol de l'UNHCR, effectué par un C-130 de la Royal Jordanian Air Force, a atterri à Beyrouth au départ d'Amman, avec à son bord 15 tonnes de matelas. Un premier vol avait atterri jeudi ; l'avion contenait 14,76 tonnes de biens, y compris 9 000 couvertures provenant de l'entrepôt régional de l'UNHCR en Jordanie
L'itinéraire maritime est également mis à profit afin de convoyer de larges quantités de biens. Ces secours permettront d'aider une partie des déplacés hébergés dans des écoles et dans des familles d'accueil, et dont le nombre est estimé à quelque 700 000 personnes. Le port de Mersin, au sud de la Turquie, devrait prochainement être utilisé pour expédier par bateau 8 400 matelas vers Beyrouth. Le transbordement du matériel était en cours jeudi dans la nuit, le départ en mer étant prévu pour vendredi après-midi.
Vendredi, un bateau français a quitté le port de Marseille, dans le sud, en direction de Beyrouth. Il transporte cinq camions Mercedes qui seront utilisés pour distribuer les articles de secours de l'UNHCR au Liban. Il apporte également 30 000 couvertures, 15 000 jerrycans, 100 rouleaux en plastique et 3 000 sets de cuisine.
A la frontière syro-libanaise, un convoi terrestre composé de sept camions chargés de 2 340 matelas, 3 200 couvertures, 1 152 sets de cuisine et 15 336 savons venant de notre entrepôt à Damas attend à Al Aarida de pouvoir entrer au Liban. Il n'a pas obtenu l'autorisation relative à la sécurité pour voyager vendredi.
Parallèlement, en Syrie, qui accueille quelque 160 000 Libanais déplacés par la crise, l'UNHCR a commencé à établir des camps dans les colonies de vacances à Homs, pour aider à résoudre les problèmes de surpeuplement. La distribution de matériel de secours, notamment d'oreillers, de draps, de sous-vêtements et de couches pour bébé, se poursuit auprès des Libanais et des familles syriennes qui les hébergent. Au cours des deux derniers jours, 6 544 matelas ont été distribués à travers tout le pays.
En répondant à l'urgence immédiate, l'UNHCR prévoit aussi les retours des Libanais déplacés si les négociations se déroulant actuellement au Conseil de sécurité des Nations Unies se concluent avec succès en vue de la cessation des hostilités.
Par Astrid van Genderen Stort à Beyrouth, au Liban