Les frappes aériennes retardent fortement les opérations de le HCR au Liban

BEYROUTH, Liban, 4 août (UNHCR) - L'aide humanitaire de l'UNHCR a été en grande partie paralysée vendredi à cause de raids aériens menés par Israël, tôt le matin. Des ponts autoroutiers ont été détruits au nord du Liban et des quartiers sud de Beyrouth ont été incendiés.

« En raison du bombardement de l'un des couloirs humanitaires entre Al-Aarida et Beyrouth, la route principale pour acheminer l'assistance humanitaire a été détruite », a déclaré Stéphane Jaquemet, délégué de l'UNHCR au Liban, en parlant du point de passage à la frontière entre la Syrie et le Liban.

« Ce qui s'est passé va sérieusement retarder nos opérations, et si on considère la pénurie de carburant de plus en plus grave au Liban, on peut dire que nous allons de facto vers un blocus du pays », a-t-il ajouté.

On estime qu'au moins trois ponts ont été détruits sur l'autoroute côtière reliant Al-Aarida à Beyrouth par la ville de Tripoli. Un des quartiers pauvres au sud de la capitale a été également bombardé, après un lancement de tracts qui annonçaient l'attaque.

Les convois de l'ONU qui acheminent aide et personnel depuis la Syrie ont utilisé la route d'Al-Aarida pour transporter des articles de secours à Beyrouth et dans d'autres régions du pays. L'UNHCR est en train de déterminer si ses équipes peuvent emprunter des routes secondaires pour se rendre auprès des personnes déplacées près de Beyrouth, évaluer leurs besoins et leur apporter de l'aide.

Selon Stéphane Jaquemet, les stocks d'articles de secours de l'UNHCR au Liban s'amenuisent car l'aide a été distribué aussitôt arrivée de Syrie. Le premier convoi d'aide de l'UNHCR depuis la Syrie - transportant 140 tonnes de matériel de secours en provenance d'un entrepôt régional en Jordanie - est arrivé à Beyrouth le 29 juillet. Trois autres convois de l'UNHCR ont été envoyés depuis, acheminant un total de 611.6 tonnes d'aide humanitaire, principalement des couvertures, des matelas et des tentes.

« Nous avons besoin d'urgence de nouveaux articles de secours. Même si nous pouvons utiliser des routes secondaires dans les montagnes, il y aura des retards importants et le trafic routier sera intense, ce qui va sérieusement entraver l'accomplissement rapide et efficace de notre tâche. Actuellement, le temps est une question cruciale pour les 900 000 personnes déplacées, » a ajouté Jaquemet.

L'UNHCR, qui a créé un centre logistique à Larnaca, à Chypre, est en train d'explorer d'autres voies pour apporter l'aide par avion et par bateau. L'agence pour les réfugiés prévoit pour les prochains jours un pont aérien entre Amman, en Jordanie, et Beyrouth.

La situation des centaines de milliers de personnes déplacées par le conflit au Liban - dans le pays même et en Syrie - devient de plus de plus difficile au fur et à mesure que la crise s'aggrave. Le déplacement en masse vers le nord du pays de personnes qui fuient le conflit a généré une énorme pression sur les bâtiments publics - qui abritent environ 130 000 personnes - ainsi que sur les familles d'accueil.

L'UNHCR travaille actuellement dans sept gouvernorats au nord et au sud de la capitale, apportant de l'aide d'urgence comme des couvertures, des matelas, des sets de cuisine, des articles sanitaires et de la nourriture à des milliers de déplacés. L'agence s'efforce ainsi de résoudre une partie des problèmes rencontrés par ces personnes déracinées dans ces circonstances difficiles.

« Selon nos équipes, des personnes se trouvent également dans des abris communs ou même dans des sites en construction ne disposant de pratiquement aucune installation. Les familles d'accueil, tout en étant incroyablement généreuses, souffrent aussi de cette surpopulation, » a déclaré vendredi le porte-parole de l'UNHCR, Jennifer Pagonis, à la presse à Genève.

Les équipes de l'UNHCR ont visité de nombreuses familles dans des régions isolées ; elles accueillent en moyenne 20 à 30 personnes. Elles manquent de nourriture, de soins et d'abris adéquats. Afin de décongestionner les écoles qui doivent rouvrir le mois prochain et de trouver des solutions aux problèmes de logement, l'UNHCR travaille avec le gouvernement et d'autres partenaires pour mettre sur pied un campement de tentes à Beyrouth, qui pourrait abriter entre 800 et 1 000 personnes déplacées.

L'agence pour les réfugiés a déjà distribué des matelas, des couvertures, des tentes, des sets de cuisine et d'autres articles de secours à des milliers de personnes au Liban. Mais l'UNHCR craint que la pénurie de carburant n'entrave ses efforts de secours dans les montagnes, là où les transports locaux sont nécessaires pour livrer l'aide.

En Syrie, l'UNHCR continue entre temps à charger des camions depuis son entrepôt régional en Jordanie vers le centre de ravitaillement de Damas. Ces articles de secours sont destinés en priorité au Liban et à la Syrie, mais la chaîne de distribution au Liban pourrait être paralysée du fait des derniers développements.

Selon les équipes de l'UNHCR qui surveillent quatre points de passage à la frontière avec la Syrie, quelque 5 000 personnes traversent chaque jour la frontière au nord et on estime que 140 000 libanais se trouvent actuellement dans le pays. La plupart de ces personnes sont originaires du sud Liban et de la région de Bekaa, près de Baalbek - une zone rurale pauvre du Liban - et elles ont fait le voyage vers la Syrie en plusieurs étapes.

Les fonds destinés aux opérations de l'UNHCR au Liban sont toujours insuffisants. L'agence a lancé un appel pour recevoir 18,9 millions de dollars correspondant à une période initiale de 3 mois, mais n'a reçu jusqu'à maintenant que 9,4 millions de dollars sous forme de donations consolidées.