Le personnel du HCR au Pakistan a subi une attaque meurtrière
Le personnel du HCR au Pakistan a subi une attaque meurtrière
Le HCR est choqué par le meurtre brutal d'un membre de son personnel, Zill-e Usman, qui a été tué par balles par des hommes armés non identifiés dans le camp de Katcha Gari à la frontière avec les zones tribales sous administration fédérale dans la Province frontière du Nord-Ouest au Pakistan. Un autre membre du personnel du HCR a été blessé lors de cette tragédie et son état de santé serait stable. Un garde travaillant pour la Commission pour les réfugiés afghans, une agence gouvernementale pakistanaise, a également été tué. Parmi cinq hommes armés, quatre d'entre eux auraient ouvert le feu sur Zill-e Usman alors que celui-ci rejoignait à pied sa voiture depuis le bureau d'administration du camp durant une visite de routine sur le site.
Zill-e Usman est le troisième membre du personnel du HCR à avoir été tué au Pakistan cette année. Le 9 juin, Aleksandar Vorkapic est mort lors d'une attaque suicide menée contre l'hôtel Pearl Continental à Peshawar. Le 2 février, Syed Hashim, un chauffeur du HCR, a trouvé la mort lors de l'enlèvement de John Solecki, le chef du bureau de Quetta, qui a été libéré plus tard.
Le Haut Commissaire António Guterres a fait part des sincères condoléances du HCR à la famille de M. Zill-e Usman et il a précisé que rien ne justifie ces attaques menées contre des travailleurs humanitaires dévoués, oeuvrant pour la protection et l'assistance de personnes parmi les plus vulnérables au monde. Le Haut Commissaire adjoint L. Craig Johnstone s'est adressé au personnel du siège qui s'était rassemblé à Genève afin d'observer une minute de silence et il a qualifié le meurtre de Zill-e Usman d'atrocité et de tragédie qui nous affectent tous.
Cette tragédie soulève des questions fondamentales sur la façon dont nous pouvons assurer la sécurité du personnel dans une situation très difficile.
Plus généralement, cette tragédie nous rappelle le principal dilemme déjà évoqué par le Haut Commissaire, un dilemme auquel sont confrontées les agences humanitaires à travers le monde - comment répondre aux besoins vitaux de personnes parmi les plus vulnérables au monde tout en assurant la sécurité de ceux qui fournissent cette aide ? Notre aptitude à assister ceux qui en ont le plus besoin est sévèrement mise en l'épreuve par la restriction de ce qu'António Guterres appelle « l'espace humanitaire » au sein duquel nous devons travailler. La nature des conflits évolue, avec une multiplicité de groupes armés - dont quelques-uns considèrent les humanitaires comme des cibles légitimes.
Un autre exemple concerne le meurtre brutal cette semaine de Madame Natalia Estemirova, qui était employée par l'un des partenaires opérationnels du HCR, Memorial en Fédération de Russie. Le corps sans vie de Madame Estemirova a été retrouvé en Ingouchie dans le Nord-Caucase à la suite de son enlèvement survenu dans sa maison à Grozny. Depuis 2000, Madame Estemirova était employée en tant qu'assistante sociale à Grozny par l'ONG Memorial, dans le cadre du projet mis en oeuvre par cette organisation dans le domaine de l'aide sociale et juridique, un projet financé par le HCR. Elle travaillait sur des problèmes relatifs aux personnes déplacées internes en Tchétchénie et sur leur retour en toute sécurité dans leurs villages d'origine. Memorial est un partenaire opérationnel du HCR dans le Nord-Caucase depuis 2000 et cette organisation avait reçu, en 2004, la distinction Nansen du HCR pour les réfugiés.
Dans sa déclaration devant le Conseil de sécurité des Nations Unies en janvier dernier, le Haut Commissaire a noté que le personnel humanitaire travaille dans les endroits les plus dangereux au monde et que leur vie est menacée dans le cadre de l'effort mené pour aider les populations vulnérables à préserver la leur. Assurer la sécurité du personnel doit être une priorité absolue pour chaque organisation humanitaire et pour les Nations Unies dans leur ensemble, a-t-il dit, ajoutant que ce point est non négociable.
Et pourtant, en parallèle avec la nature évolutive du conflit armé et les attitudes changeantes de certains belligérants, la prise pour cible délibérée des travailleurs humanitaires a augmenté, créant une tension - et, dans certaines situations, une contradiction - entre les impératifs de sécurité du personnel et l'action humanitaire. Le HCR a continuellement lutté pour définir le niveau « acceptable » du risque sécuritaire auquel les membres de son personnel peuvent être exposés.
Comme la tragédie d'hier le démontre, c'est un dilemme inextricable.