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Youssef ALNASSER, lauréat de la troisième promotion de l’Académie

Youssef ALNASSER, lauréat de la troisième promotion de l’Académie

Youssef Al Nasser

Quel est votre parcours professionnel ?

Je m’appelle Youssef ALNASSER et je suis en troisième année de sciences politiques à l’université de Lille. Je suis également cofondateur et coprésident de l’Association pour l’Intégration Des Exilés Âgés (AIDEA). Mon histoire migratoire commence en mars 2013, à l’âge de 14 ans, lorsque ma famille et moi nous retrouvons exilés dans un camp de réfugiés au nord de la Jordanie.

Être réfugié signifie souvent vivre dans une situation précaire, ce qui m’a contraint à travailler dans divers domaines pour subvenir à mes besoins, que ce soit en Jordanie ou plus tard en France. J’ai ainsi exercé des emplois dans le nettoyage, la plomberie, l’énergie solaire, la fabrication de produits laitiers et fromagers, la manutention, la livraison, la restauration, la vente, la réception, la traduction et l’enseignement.

En 2017 j’ai obtenu mon baccalauréat avec la meilleure note dans le camp de réfugiés. En octobre de la même année, j’ai eu la chance d’être sélectionné par la région Occitanie pour suivre une formation en langue française à l’Université de Toulouse II pendant deux ans. Ensuite, j’ai déménagé une troisième fois, cette fois à Lille, pour étudier les sciences politiques, un domaine qui me permet de mieux comprendre notre monde. Être exilé m’a contraint à grandir rapidement, tout en conservant mon enfance dans mon cœur, et en aspirant à rendre le monde plus pacifique pour les générations futures.

 

De quelle manière êtes-vous engagé auprès des personnes exilées en France et quels sont vos champs d’expertise ?

J’ai commencé à m’engager auprès des personnes exilées en 2020, en effectuant un service civique au bureau d’asile de la Préfecture du Nord. J’y ai travaillé en étroite collaboration avec les demandeurs d’asile, me déplaçant régulièrement avec l’équipe mobile d’intervention sociale pour informer les personnes migrantes de leurs droits et les accompagner dans leurs démarches administratives. Au guichet unique pour demandeurs d’asile, j’ai assuré l’orientation des demandeurs et réalisé de l’interprétariat et des tâches administratives.

Ensuite, j’ai rejoint la Croix-Rouge, au sein du Dispositif Mobile de Soutien aux Exilés (DMSE), qui intervient dans les camps des exilés des Hauts-de-France. Mes missions incluent la traduction, l’orientation des exilés vers les associations et l’organisation de diverses activités.

J’ai également été bénévole à La Cimade, auprès de l’équipe chargée de la procédure de Dublin. Dans ce cadre, j’ai accueilli les demandeurs d’asile soumis à cette procédure, leur expliquant le processus, les conseillant et les accompagnant dans leurs démarches auprès de la préfecture.

Cette expérience m’a ouvert les yeux sur la souffrance d’une catégorie exilée presque invisible, ce qui m’a motivé en 2022 à fonder l’Association AIDEA qui vise à faciliter l’intégration des exilés âgés, qu’ils soient réfugiés ou demandeurs d’asile, car ils rencontrent généralement plus de difficultés à s’adapter à la société et à apprendre la langue que les plus jeunes. L’objectif principal de notre association est de briser l’isolement, notamment en mettant en contact les personnes âgées avec des jeunes issus de leur culture d’origine et déjà intégrés dans la société d’accueil.

 

Qu’est-ce que la participation des personnes réfugiées pour vous et comment pourrait-on aller plus loin ?

La participation des personnes réfugiées à la prise de décisions qui les concernent est essentielle, et j’espère qu’elle se développera. Les réfugiés possèdent une grande richesse de savoirs, extrêmement précieux. Le projet de l’Académie pour la participation des personnes réfugiées est innovant et vise à attirer des réfugiés enthousiastes et engagés, pour les préparer à intégrer des instances et institutions de décision en matière d’asile en France. Cette dynamique doit également être répliquée au niveau local. La participation des réfugiés est un moyen d’améliorer les conditions d’asile en France et d’assurer une meilleure intégration par la suite.