L’inclusion des réfugiés par la culture, avec le Musée d’Orsay
Ce poème écrit par Murad, réfugié yéménite en France, a été inspiré par le tableau Schneelandschaft (Paysage de neige) du peintre suisse Cuno Amiet. Murad fait partie des personnes qui ont participé au projet « Mahatta. Œuvres d’ici, paroles d’ailleurs » porté par le musée d’Orsay en collaboration avec Sama for All, une association qui œuvre pour l’inclusion culturelle des personnes réfugiées et migrantes.
Le projet Mahatta permet à des personnes réfugiées et migrantes en France de découvrir les collections du musée et de participer à des ateliers de prises de parole face aux œuvres. Cette démarche réaffirme que tous les visiteurs, qu’ils soient familiers ou non des musées, sont légitimes à regarder les œuvres et à interagir avec elles. Avec ce projet collectif, le musée devient un lieu de rencontre et d’expression pour les participants, dont beaucoup se sentent inaudibles dans leur parcours migratoire.
Chaque participant du projet a ainsi été invité à sélectionner une œuvre exposée au musée d’Orsay et a bénéficié d’un accompagnement pour préparer - au choix - un poème, une chorégraphie ou un texte inspiré de l’œuvre choisie.
“J’ai choisi cette œuvre dès le début des ateliers. Ce tableau représente ma vie en France et son lot de combats quotidiens : Je ne dors pas assez, je n’ai pas le temps de prendre un petit déjeuner, je passe des heures dans les transports, j’ai des difficultés avec mes papiers, pour m’inscrire à l’université, apprendre le français, des problèmes de logement, de santé, et je ressens aussi de la nostalgie envers ma famille et ma patrie.”
Le choix de Murad a été très rapide. Il a tout de suite été fasciné par le tableau de Cuno Amiet. Pour ce réfugié yéménite, ce tableau représente bien plus qu'un simple paysage hivernal ; il est le reflet de ses propres luttes et de son parcours en France. “Cet homme-là c’est moi. Il a quitté la zone ensoleillée, car il savait que s’il restait là, il mourrait. Il est déterminé à avancer dans la neige. Il se bat alors qu’il ne voit pas l’arrivée, comme moi, je me bats malgré un avenir incertain. Je ne sais pas si je vais être accepté à l’université, si je vais trouver un emploi ni où je vivrais en 2025”. Le jeune homme imagine même une suite optimiste à cette œuvre : “Je suis sûr que s’il y a une deuxième partie du tableau, cet homme trouvera le pays de ses rêves.”
Son message : "N’hésitez pas à prendre la parole, à échanger avec les autres, à intégrer des programmes, n’ayez pas peur de briller.”