Le HCR alarmé par la décision du Rwanda et du Burundi de considérer les réfugiés comme des immigrants clandestins
Le HCR alarmé par la décision du Rwanda et du Burundi de considérer les réfugiés comme des immigrants clandestins
Le 13 juin 2005
GENEVE - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a fait part, aujourd'hui lundi, de sa vive inquiétude quant aux éventuelles conséquences de la décision des gouvernements rwandais et burundais de considérer leurs réfugiés et leurs demandeurs d'asile respectifs comme des immigrants clandestins.
Cette décision a été annoncée dans un communiqué de presse commun publié à l'issue d'une réunion à niveau ministériel entre les Etats d'Afrique centrale voisins, qui s'est tenue à Kayanza, au Burundi. Dans ce communiqué, les deux gouvernements concernés ont annoncé que désormais les Rwandais vivant au Burundi, et que les Burundais vivant au Rwanda avaient quitté leur pays d'origine « sans motif valable » et qu'ils devaient donc être considérés comme des immigrants clandestins, non comme des réfugiés.
Dans les deux cas, pouvait-on également lire dans ce même communiqué, « toutes les mesures seront prises afin d'assurer le rapatriement de ces deux groupes de personnes le plus vite possible. »
« Nous ne sommes pas sûrs de ce qu'ils ont prévu au juste » a déclaré David Lambo, Directeur du Bureau Afrique au HCR. « Si ces personnes sont renvoyées chez elles sans passer par les procédures en bonne et due forme permettant de déterminer s'il s'agit de réfugiés de bonne foi ou non, cela pourrait constituer une violation du droit international relatif aux réfugiés, et en particulier de la Convention de 1951 sur les réfugiés ainsi que de la Convention de 1969 de l'OUA. »
Les délégués du HCR au Burundi et au Rwanda, initialement conviés à participer à la réunion de Kayanza, ont tenté de s'y rendre mais l'accès leur en a été refusé. Ils n'ont donc reçu, en guise d'information, que le communiqué distribué à l'issue de la réunion, contenant les conclusions de la séance.
Le HCR s'est longuement entretenu avec les membres des gouvernements des deux pays durant ces dernières semaines, a indiqué David Lambo, précisant que l'agence pour les réfugiés avait récemment informé chacun d'entre eux, et ce au plus haut niveau, qu'elle était toujours prête à collaborer en vue de trouver une solution constructive à un problème concernant toutes les parties en présence. « Toutefois, il a été souligné, lors de ces communications à très haut niveau, qu'il est vital de respecter les principes d'asile et de non refoulement », a poursuivi M. Lambo.
Le HCR avait récemment déclaré être très préoccupé par le sort des plus de 6 000 demandeurs d'asile rwandais transférés dans le centre de transit de Songore, au nord du Burundi, depuis leur arrivée dans le pays en mars 2005. Il y aurait en tout environ 8 000 réfugiés et demandeurs d'asile rwandais au Burundi et près de 7 000 Burundais au Rwanda.