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Un réfugié met ses compétences au service des autres pour améliorer leur existence

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Un réfugié met ses compétences au service des autres pour améliorer leur existence

Mohamed Dhib, un bénévole syrien, s'efforce d'améliorer la situation de chacun dans le camp de réfugiés de Kara Tepe sur l'île grecque de Lesbos.
28 Février 2017
Mohamed (à droite) et Mofeed, son frère, font une pause dans leur travail. Ils raccordent des maisons préfabriquées à des boîtiers électriques dans le camp de Kara Tepe.

Dès son arrivée dans le camp de Kara Tepe, un centre d’hébergement pour réfugiés et demandeurs d’asile sur l’île grecque de Lesbos, Mohamed Dhib, qui est originaire de Syrie, s’est efforcé d’améliorer la situation de chacun.


Encore aujourd’hui, même si, depuis plusieurs mois, sa famille et lui habitent dans un appartement situé tout près de Kara Tepe, l’électricien retourne tous les jours dans le camp pour aider le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et ses partenaires à améliorer les conditions d’hébergement pour les 900 personnes qui continuent d’y vivre.

« Nous avons perdu notre vie d’avant, nous devons tout recommencer pour un avenir meilleur », dit Mohamed, un père de quatre enfants âgé de 44 ans, originaire d’Al‑Sabinah au sud de Damas. « Nous ne voulons pas attendre sans rien faire. Nous avons besoin de travailler, de faire quelque chose dans ce monde ».

Mohamed a commencé à travailler bénévolement l’été dernier lorsqu’il a vu des personnes en train de mesurer le terrain. Elles lui ont dit qu’elles installaient des câbles pour alimenter le camp en énergie solaire. Désireux d’utiliser ses compétences, Mohamed leur a demandé s’il pouvait les aider.

« Je leur ai dit : “Parfait, je suis électricien. Je peux vous aider ? Je suis disponible. Je pourrais commencer tout de suite” ». Tous les jours ou presque, Mohamed et son frère, Moufeed, âgé de 34 ans, aident d’abord à la pose des câbles souterrains, puis à l’installation des panneaux solaires.

Depuis janvier, Mohamed collabore avec le HCR dans le cadre d’un projet plus vaste, qui consiste à aider les autorités à installer des logements préfabriqués à Kara Tepe. Moufeed et lui aident à raccorder les nouveaux logements aux panneaux solaires et à déconnecter les logements inoccupés pour réfugiés. A ce jour, le HCR a installé 150 logements à Kara Tepe. Il doit en installer 142 de plus.

« C’est mieux pour mes enfants ici », dit Horia Khalil, 35 ans, une demandeuse d’asile syrienne et mère de trois enfants. « Il y a plus de place que dans l’autre abri. »

Sa famille et elle vivent à Kara Tepe depuis septembre. Il y a huit semaines, elles ont pu s’installer dans l’un des nouveaux logements.

« J’ai de nombreux amis là‑bas qui viennent de partout dans le monde. Je peux parler à plein de gens, aider pour le travail et apprendre. »

Le changement a profité à la fille de Horia, qui a sept ans. Elle fait des cauchemars et souffre d’anxiété après avoir vécu le calvaire d’Alep, la ville natale de la famille. « Dieu merci, nous sommes en sécurité. Mais mes enfants ont toujours peur des bombes, et je m’inquiète peur eux. »

Depuis janvier, le HCR a transféré plus de 1 000 personnes d’un camp géré par le gouvernement à Moria vers le camp de Kara Tepe, ainsi que dans des appartements et des hôtels. Ce chiffre comprend toutes les familles, les enfants non accompagnés et la plupart des femmes seules. Le HCR transfère actuellement 130 autres femmes qui vivent dans une zone qui leur est réservée à Moria.

À Kara Tepe, Mohamed poursuit son travail. En octobre, sa famille et lui ont quitté le centre. Ils habitent aujourd’hui dans un appartement privé géré par Iliaktida, un partenaire local du HCR, dans la ville de Mytilène, située à proximité de Kara Tepe. Cependant, Mohamed avait à cœur de continuer de travailler bénévolement au centre d’hébergement.

« J’aime être à Kara Tepe », dit‑il. « Si je n’y vais pas, ça me manque », ajoute‑t‑il en anglais, langue que des bénévoles lui ont apprise pendant les sept mois qu’il a passés dans le centre. « Je veux m’y rendre chaque jour. J’ai de nombreux amis là‑bas qui viennent de partout dans le monde. Je peux parler à plein de gens, aider pour le travail et apprendre. »

Pour Maysoum, la femme de Mohamed, qui souffre de douleurs au dos et au cou, la vie dans l’appartement constitue une énorme amélioration. Elle se réjouit que tous les membres de la famille, y compris les quatre enfants du couple, aient obtenu le statut de réfugiés et un visa grec valide pendant trois ans. « Nous sommes en sécurité maintenant », dit Maysoum, 37 ans. « Mais je m’inquiète toujours au sujet de l’avenir, pour mes enfants. »

« C’est un endroit parfait pour moi. C’est une nouvelle vie maintenant, un nouvel avenir, pour moi, pour ma femme et pour mes enfants. »

Les deux filles aînées du couple, Alissar, 9 ans, et Limar, 7 ans, sont assez âgées pour se rappeler le voyage éprouvant qui a mené la famille de la Syrie jusqu’en Grèce, en passant par la Turquie, le printemps dernier. Mohamed dit qu’on leur a tiré dessus aux points de passage frontaliers et que la famille a passé plusieurs nuits dehors, sous la pluie.

« C’est pour les enfants que nous avons décidé de partir », dit Mohamed, dont la ville natale a été dévastée pendant le conflit syrien. « Nous ne pourrions pas retourner d’où nous venons. » La famille avait l’intention de se rendre en Allemagne, où deux des frères et une sœur de Mohamed habitent. Cependant, lorsqu’elle est arrivée à Lesbos l’année dernière, elle a appris que la route passant par l’ouest des Balkans était fermée. Elle a alors décidé de ne pas poursuivre son voyage.

Nullement perturbé par la situation, Mohamed est arrivé à Kara Tepe et il a entrepris d’améliorer les lieux. D’abord, il a suspendu une balançoire à un arbre pour ses enfants. Ensuite, il a transformé le terrain rocailleux autour de son abri en potager. L’ONG néerlandaise Movement on the Ground a donné de la terre, des outils et des semences. Mohamed n’a pas eu à attendre longtemps pour voir sortir de ce sol naguère désolé des haricots verts, des courgettes, des oignons, des aromates et des pastèques.

« J’aimais voir mes cultures pousser chaque jour », dit Mohamed, qui cultivait un terrain en Syrie. « C’était bon pour mon esprit de me mettre au lit en sachant que, au réveil, je pourrais aller voir si mes cultures avaient poussé. Chaque jour, j’étais curieux de voir l’état de mon potager. Ça me rendait heureux. »

Mohamed s’est aussi efforcé d’améliorer l’existence de chacun à Kara Tepe. Pendant les sept mois qu’il a passés là‑bas, il en est venu à jouer un peu le rôle de dirigeant communautaire, réunissant les résidents à l’extérieur de sa tente chaque semaine pour qu’ils discutent de leurs préoccupations avec les responsables du lieu.

« J’avais mis des tables et des chaises pour les gens à l’extérieur de mon abri, dit‑il. Ils pouvaient s’asseoir et parler entre eux de la façon d’améliorer Kara Tepe, de rendre l’endroit plus beau. »

C’est en partie son enthousiasme pour son travail qui incite Mohamed à vouloir rester sur l’île à long terme. Limar et Alissar, ses filles, ont commencé à aller à l’école et elles apprennent vite le grec. Le couple a une autre fille, Elian, qui a 5 ans, ainsi qu’un garçon de 3 ans, Baraa.

Mohamed apprend aussi la langue et il espère trouver bientôt un emploi rémunéré comme homme à tout faire, plombier et électricien.

« Nous sommes heureux maintenant sur l’île », dit‑il. « C’est un endroit sûr pour ma femme et pour mes enfants. Je peux partir travailler le matin et revenir le soir sans m’inquiéter pour eux. C’est un endroit parfait pour moi. C’est une nouvelle vie maintenant, un nouvel avenir, pour moi, pour ma femme et pour mes enfants. »