L’édition 2023 de la distinction Nansen récompense un défenseur du droit à l'éducation des réfugiés
L’édition 2023 de la distinction Nansen récompense un défenseur du droit à l'éducation des réfugiés
Abdullahi Mire, 36 ans, a offert des possibilités d'apprentissage cruciales à des dizaines de milliers d'enfants et de jeunes déplacés dans les camps de réfugiés de Dadaab, au Kenya, par l'intermédiaire du Refugee Youth Education Hub (RYEH), l'organisation qu'il a fondée. Depuis 2017, RYEH a mis en place trois bibliothèques dans les camps où les filles et les garçons peuvent étudier en toute sécurité. Abdullahi Mire et ses bénévoles ont également collecté et distribué 100 000 livres aux enfants de Dadaab.
Abdullahi Mire a lui-même grandi à Dadaab après avoir fui la Somalie avec sa famille à l'âge de 3 ans. Il a rapidement compris que l'éducation était la clé d'une vie hors des camps. Avec le soutien indéfectible de sa mère, il a achevé ses études secondaires, puis obtenu un diplôme de journalisme et de relations publiques. Mais plutôt que de poursuivre une carrière lucrative, il a décidé d'aider d'autres jeunes réfugiés à réaliser leur propre potentiel.
Il a accepté le prix « au nom de tous les enfants réfugiés dont le plus grand désir est de s'épanouir ».
« L'éducation m'a apporté des connaissances qui m'ont permis d'agir et, grâce à cela, j'ai pu prendre des décisions sur mon propre avenir », a-t-il déclaré. « Je travaille maintenant pour que chaque enfant déplacé par un conflit, le changement climatique ou une catastrophe naturelle ait la même chance. »
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a décrit Abdullahi Mire comme « une personne qui a fait des livres l'instrument de la solidarité et de l'espoir pour sa communauté. »
« Il a été réinstallé du Kenya, où il était réfugié, en Norvège, où il a bénéficié d'autres opportunités. Mais bien qu'il soit allé en Norvège en tant que réfugié, il est retourné au Kenya pour servir ses frères et sœurs, sa communauté de réfugiés. »
Les quatre lauréats régionaux pour l’année 2023 ont également été honorés lors d’une cérémonie au centre de congrès Palexpo de Genève, qui a été animée par la journaliste et présentatrice de NBC Ann Curry. La lauréate des Amériques, Elizabeth Moreno Barco, a été récompensée pour son travail de défense des communautés affectées par le conflit armé interne en Colombie. La lauréate régionale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Asia Al-Mashreqi, a été récompensée pour sa direction de l'une des plus grandes ONG du Yémen, la Sustainable Development Foundation, qui a fourni une aide humanitaire à près de 2 millions de personnes, y compris des personnes déplacées à l'intérieur du pays et des réfugiés.
Le couple polonais Lena Grochowska et Władysław Grochowski a reçu le prix de l'Europe pour le travail accompli par leur fondation, qui a fourni un abri et un soutien matériel à des milliers de réfugiés arrivés en Pologne depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022.
Quatre créateurs de contenus rohingyas - Abdullah Habib, Shahida Win, Sahat Zia Hero et Salim Khan - ont remporté le prix régional pour l'Asie et le Pacifique pour leur utilisation de la photographie, de la poésie, du journalisme et de l'art audiovisuel afin de documenter les expériences, les voix et les espoirs des réfugiés rohingyas apatrides vivant dans des camps au Bangladesh.
L'artiste rwando-congolais Lous and the Yakuza (de son vrai nom Marie-Pierre Kakoma, qui vit en Belgique) a ouvert la cérémonie avec une chanson écrite spécialement pour l'événement et ses lauréats quelques jours auparavant.
Miyavi, musicien japonais, acteur et ambassadeur de bonne volonté du HCR, est également monté sur scène pour interpréter deux de ses succès, avant de rejoindre le musicien et compositeur indien Ricky Kej, lauréat d'un Grammy Award et également sympathisant du HCR, pour la performance de clôture de la soirée - une interprétation entraînante de sa chanson « Shine the Light », produite en collaboration avec 28 réfugiés vivant en Inde.
La distinction Nansen pour les réfugiés du HCR a été créée en 1954 pour récompenser des personnes, des groupes ou des organisations pour leur travail exceptionnel en faveur des réfugiés, des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays ou des apatrides. Elle porte le nom de Fridtjof Nansen, explorateur, scientifique et diplomate norvégien qui devint le premier Haut Commissaire pour les réfugiés de la Société des Nations en 1920. C’est notamment à lui que l’on doit la mise au point du « passeport Nansen », qui a servi de document d'identité et de permis de voyage pour les réfugiés jusqu'en 1942.