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Au Burkina Faso, « Maman Sahélienne » apporte éducation et espoir aux enfants déracinés

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Au Burkina Faso, « Maman Sahélienne » apporte éducation et espoir aux enfants déracinés

Alors que la crise que traverse le Burkina Faso a forcé des milliers d'enfants à fuir leur foyer pour trouver refuge dans sa ville natale, Maimouna Ba a rallié la communauté pour leur apporter soutien et éducation.
11 Octobre 2024
maina

Cadette d’une famille de 12 enfants, Maimouna Ba est née et a grandi à Dori, petite ville située dans la vaste région aride et isolée du Sahel, à six heures de route de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

Ses sœurs et elle ont été les premières filles de sa famille à être scolarisées. Une chance que Maïmouna considère comme une preuve du pouvoir de l’éducation. « Je suis convaincue que le privilège d’avoir pu aller à l’école a changé le cours de ma vie et a influencé le destin de ma famille », soutient-elle.

Animée par une compassion innée et forte des valeurs de solidarité et de partage qu'elle cultive depuis l'enfance, Maimouna tend naturellement la main aux enfants déplacés qu'elle voit arriver par vagues successives à Dori, fuyant leurs régions d'origine pour échapper à la violence des groupes armés.

 « Je crois que l'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde », souligne-t-elle.

Conflit et déplacement forcé

Depuis 2016, le Burkina Faso est en proie à une instabilité politique et à un conflit violent qui a provoqué le déplacement de plus de 2 millions de personnes à l'intérieur du pays et contraint plus de 200 000 d'entre elles à trouver refuge dans les pays voisins.

Bien que confronté à ses propres défis, le pays accueille généreusement près de 41 000 réfugiés et demandeurs d'asile, principalement en provenance du Mali, dont près de 60% se sont installés dans la région du Sahel, frontalière du Mali et du Niger.

La crise qui affecte cette région au cœur du travail de Maimouna s'est traduite par un afflux important de personnes déplacées vers Dori, la capitale régionale. La ville, qui accueillait déjà un grand nombre de réfugiés maliens, est confrontée à un problème de surpopulation.

Lorsque les premiers déplacés - en grande majorité des femmes et des enfants - ont commencé à arriver à Dori, Maimouna se pose la question de savoir comment donner une lueur d'espoir et de la dignité à ces femmes et enfants.

Avec une dizaine d’autres femmes de la ville, elle fonde en 2020 l'association Femmes pour la dignité du Sahel, afin d'offrir des frais de scolarité aux enfants déplacés et des compétences aux femmes déplacées. Pour y parvenir, l’association collecte des fonds et mobilise volontaires et autres soutiens.

Un Enfant, Un Parrain, l’un des programmes phares menés par l’association a permis de mettre en relation des enfants vulnérables avec des parrains individuels qui contribuent à leurs frais de scolarité. Pour la seule année scolaire en cours, plus de 120 enfants ont bénéficié du programme.

Maimouna Ba (à l'arrière, en rose) organise une activité de plantation d'arbres avec un groupe d'enfants de l'école primaire déplacés à l'intérieur du pays qui ont reçu des bourses d'études par l'intermédiaire de son organisation.

Maimouna Ba (à l'arrière, en rose) organise une activité de plantation d'arbres avec un groupe d'enfants de l'école primaire déplacés à l'intérieur du pays qui ont reçu des bourses d'études par l'intermédiaire de son organisation.

Les parrains ne se contentent pas de payer les frais de scolarité. Maimouna s'efforce d'établir un lien direct entre les enfants et leurs parrains, Burkinabés de tous horizons qui offrent aide matérielle et soutien psychosocial.

« Je ne sais pas si vous connaissez ce sentiment, celui de sentir qu'une personne qui était dans le désespoir le plus total, dans une situation qu'elle pensait inchangeable, voit en fait qu'il y a des solutions possibles », déclare Maimouna, souriante. « C'est ce que je ressens chaque jour dans le travail que je fais... Et cela me donne le sentiment d'être utile et me permet de croire que nous y arriverons, tant que nous persévérons. »

« Je ne me considère pas comme une héroïne », renchérit-elle. « Je me vois simplement comme une personne qui a des convictions pour lesquelles elle se bat. Ma conviction est qu'il ne faut pas grand-chose pour changer le monde. Tout part de nous-mêmes. »

Maman Sahélienne

Au-delà de sa grande taille et de son charisme, Maimouna Ba, 28 ans, impressionne encore plus par sa capacité à défendre ses idéaux. Cette force, « Maman Sahélienne » comme aiment l'appeler affectueusement ses proches, pense la trouver dans la gratitude de ceux à qui elle vient en aide.

En reconnaissance de son engagement en faveur de l'éducation des enfants déplacés au Burkina Faso, Maimouna Ba est la lauréate régionale pour l'Afrique de distinction Nansen pour les réfugiés du HCR.

Maimouna (au centre) distribue de nouveaux cartables et du matériel scolaire à des enfants déplacés à Dori, au Burkina Faso.

Maimouna (au centre) distribue de nouveaux cartables et du matériel scolaire à des enfants déplacés à Dori, au Burkina Faso.

« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde », soutient-elle. « Mon espoir pour le Sahel, c'est que les filles et fils du Sahel qui ont pris les armes, quelles que soient leurs convictions, reviennent à la raison et comprennent que nos ancêtres ont eu raison d’affirmer que le feu n'a jamais éteint le feu. Le développement, même s’il a tardé, est toujours possible. »

En plus de son travail en faveur des enfants, l'association Femmes pour la dignité du Sahel que dirige Maimouna apporte aux femmes déplacées les compétences nécessaires pour lancer des activités génératrices de revenus qui leur permettent de gagner suffisamment d'argent pour envoyer leurs enfants à l'école et subvenir à leurs propres besoins.

“Ma conviction est qu'il ne faut pas grand-chose pour changer le monde. Tout part de nous-mêmes.”

 

Maimouna Ba

Si pour certains la crise multiforme que traverse le Burkina Faso peut sembler insoluble, Maimouna garde espoir. « J'ai toujours été une rêveuse », souligne-t-elle. « Lorsqu'un œuf se casse de l'extérieur, la vie s'arrête, mais lorsqu'il se casse de l'intérieur, une nouvelle vie commence », déclare-t-elle. « Je crois que pour qu'il y ait un changement, une amélioration de la situation au Sahel, la solution ne peut venir que de l'intérieur, avec l'engagement des filles et des fils du Sahel.