Coronavirus – Ce n’est pas le moment de délaisser l’Afghanistan et les pays voisins

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, appelle instamment à un soutien accru en faveur de l’Afghanistan, du Pakistan et de l’Iran dans le contexte de la pandémie de Covid-19, car le fait de négliger les Afghans et leurs communautés hôtes aurait un impact considérable sur les efforts mondiaux de lutte contre le coronavirus.

Le coronavirus représente une très grande menace pour les pays en développement. Une épidémie mettrait à rude épreuve des services de santé locaux déjà fragiles et entraînerait probablement des souffrances et des décès évitables.

Alors que la course contre la montre se poursuit, le HCR appelle la communauté internationale à renforcer son soutien envers ces trois pays en ce moment critique afin d’éviter que le virus ne se propage plus largement parmi les communautés les plus vulnérables.

L’Afghanistan est confronté à la perspective de services médicaux et sociaux débordés, avec une augmentation spectaculaire du nombre d’Afghans rentrant actuellement chez eux, des centaines de milliers de personnes vivant dans des sites de déplacés et des niveaux de pauvreté en hausse.

Le Pakistan et l’Iran, qui accueillent quelque 90% des 2,7 millions de réfugiés afghans dans le monde, subissent une pression énorme sur leurs systèmes de santé et leurs économies. Les mesures de confinement et la forte baisse de l’activité économique ont laissé de nombreux réfugiés afghans dans l’incapacité de satisfaire leurs besoins les plus fondamentaux.

Pour les réfugiés afghans présents en Iran et au Pakistan, les effets de la pandémie vont bien au-delà des questions liées à la santé. Dans ces deux pays, ceux qui sont employés sont généralement recrutés comme travailleurs journaliers.

En raison des différentes mesures de confinement prises dans la région, ce travail a brusquement cessé et les réfugiés sans revenus ainsi que leurs hôtes sont maintenant confrontés à de sérieuses difficultés économiques qui menacent leur survie.

En Iran et au Pakistan, les Afghans font état de graves difficultés à payer leurs frais médicaux et à faire face aux coûts de subsistance les plus élémentaires comme la nourriture et le logement.

Au cours du mois dernier, l’organisme public iranien de protection sociale a signalé une très forte augmentation du nombre de demandes de soutien psychosocial liées au coronavirus - une tendance inquiétante que l’on observe dans d’autres pays touchés par la pandémie de Covid-19.

Les trois gouvernements font des efforts concertés et louables pour inclure les personnes déracinées dans les plans de réponse nationaux, mais ils ont impérativement besoin d’un soutien international.

Le gouvernement de la République islamique d’Iran, épicentre de l’épidémie en Asie du Sud-Ouest, a permis de manière exemplaire l’inclusion des Afghans présents sur son territoire dans le cadre de la réponse a la crise. Le HCR se félicite de la récente confirmation par l’Iran que les tests et le traitement liés au coronavirus sont gratuits pour tous, y compris pour les réfugiés. En outre, l’assurance maladie publique universelle du pays a été automatiquement étendue aux réfugiés comme aux ressortissants iraniens - garantissant ainsi un accès ininterrompu aux soins de santé pour tous les réfugiés.

Au Pakistan, le Premier ministre a récemment demandé aux services compétents d’inclure les réfugiés et les personnes déplacées dans les plans de soutien et autres mesures prises.

Dans les trois pays, le HCR a entrepris d’adapter constamment ses opérations à ces circonstances uniques.

En Afghanistan, le HCR soutient les efforts de prévention du gouvernement par la sensibilisation des communautés les plus vulnérables et dans les principales zones de retour. Des haut-parleurs montés sur des voitures et des camions parcourent les villes et les villages pour diffuser des informations précises et fiables qui permettront de sauver des vies.

Le HCR aide également le gouvernement à gérer plus efficacement le flux de personnes qui rentrent en Afghanistan en recrutant du personnel supplémentaire pour renforcer les équipes à la frontière et en améliorant les centres d’accueil de façon à disposer de davantage d’espace. Le HCR a fourni des masques de protection, du désinfectant et d’autres équipements de protection aux fonctionnaires gouvernementaux travaillant à la frontière et dans les communautés afin qu’ils puissent se protéger contre la propagation de coronavirus.

Le HCR a lancé un processus d’achat de kits d’hygiène supplémentaires qui seront distribués aux rapatriés et aux communautés déplacées ainsi qu’à nos partenaires et au personnel du gouvernement qui travaille en première ligne. Le HCR a également intensifié la construction d’installations liées à l’eau et à l’assainissement et a renforcé sa présence aux frontières pour améliorer le suivi des rapatriés en Afghanistan.

En Iran, le HCR a acheminé par voie aérienne des médicaments essentiels, du matériel médical et des équipements de protection individuelle pour soutenir et renforcer les services de santé nationaux. Pour remédier au manque important et urgent de matériel d’hygiène en Iran, le HCR a également distribué du savon et des serviettes en papier jetables à quelque 7500 ménages de réfugiés vivant dans des sites de réfugiés à travers le pays, et dont les conditions de vie dans la proximité les rendent plus vulnérables face au virus. D’autres ponts aériens sont attendus dans les semaines à venir.

Le HCR a augmenté sa capacité aux frontières de l’Afghanistan avec l’Iran afin d’être mieux en mesure de soutenir le suivi des personnes et le traçage de leurs contacts récents. Les services de soutien psychosocial continuent à fonctionner par téléphone.

Au Pakistan, une attention renouvelée a été accordée aux projets d’eau et d’assainissement. Le HCR a fourni 10 ambulances entièrement équipées et 28 grandes unités de logement aux départements provinciaux de la santé et aux autorités de gestion des catastrophes au Baloutchistan, au Khyber Pakhtunkhwa et au Pendjab. Des équipements médicaux et des produits sanitaires sont également distribués aux établissements de santé ruraux pour aider les réfugiés et leurs communautés d’accueil.

L’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan ont désespérément besoin d’un soutien accru dans le cadre des efforts collectifs pour lutter contre la pandémie de Covid-19 dans le monde entier. Malgré le travail effectué dans toute la sous-région, le risque de pandémie devenue ingérable est désormais aigu.

L’appel de fonds lancé par le HCR pour un montant de 315 millions de dollars nécessaires pour la crise des réfugiés, déplacés et rapatriés afghans n’est financé qu’à hauteur de 17 pour cent.