Solidarité et Inclusion dans la région des Savanes au Togo : les femmes réfugiées et la communauté hôte s'unissent pour leur autonomisation économique
Solidarité et Inclusion dans la région des Savanes au Togo : les femmes réfugiées et la communauté hôte s'unissent pour leur autonomisation économique
Le Togo reçoit de plus en plus de populations déplacées de force provenant du Burkina Faso. Selon un recensement réalisé par le gouvernement en décembre 2023, le pays accueille plus de 37.000 réfugiés dont près de 77% de burkinabè victimes du débordement de la crise du Sahel. Pour répondre aux besoins de ces populations, le HCR appuie l’organisation locale « Club des Femmes des Savanes pour la Promotion de la Culture » (CFSPC) pour la mise en place d’initiatives visant à autonomiser et favoriser l’inclusion des femmes déplacées de force.
Fatimata, 32 ans, est arrivée à Biankouri, dans le nord du Togo, en 2023, avec son mari et leurs trois enfants. Fuyant les violences perpétrées par des groupes armés non étatiques, ils ont quitté leur pays sans aucune ressource, craignant pour leur vie. La jeune femme raconte avoir été témoin de l’assassinat de dizaines de personnes et de la destruction d’habitations, de champs et de bétail dans son village, Sidigué, dans le nord du Burkina Faso.
« Les groupes armés non étatiques sont arrivés chez nous, ils ont tué beaucoup de personnes. Ils nous ont chassé de chez nous et nous sommes arrivés au Togo »
Quelques mois après leur arrivée, des membres de la communauté d'accueil lui parlent d’une Association Communautaire d’Épargne et de Crédit (ACEC). Grâce à cette initiative, les femmes réfugiées et celles de la communauté hôte collaborent pour mener des activités génératrices de revenus et constituer des épargnes, dans le but d'assurer leur autonomisation économique.
Les ACEC sont une initiative de l’organisation locale le ‘Club des Femmes des Savanes pour la Promotion de la Culture’. Grâce au financement du HCR au Togo, ces associations intègrent les réfugiées dans leurs activités. Fatimata fait partie d'une d'entre elles, spécialisée dans le maraîchage. Les femmes y cultivent des tomates, des oignons et de la laitue, qu'elles revendent tout en épargnant une partie des bénéfices. Grâce à cette initiative, Fatimata peut nourrir sa famille et scolariser ses enfants.
« Avant mon adhésion à l’ACEC, je me sentais à l’écart et je n’étais pas impliquée dans les activités de la communauté, qu'il s'agisse de festivités ou d'autres événements. Maintenant, les relations se sont améliorées, et je parviens à subvenir à mes besoins tout en achetant les fournitures scolaires de mes enfants, » explique-t-elle, émue par la solidarité de la communauté d’accueil qui a accepté de prêter des terres agricoles aux réfugiés.
Le HCR renforce les capacités et apporte un soutien financier à certaines organisations locales qui travaillent directement avec les communautés. Cette approche permet aux partenaires locaux et aux premiers intervenants sur le terrain d'améliorer leurs systèmes administratifs et de mettre en œuvre des programmes de manière plus durable, répondant ainsi aux besoins réels des réfugiés et des communautés d’accueil.
« Je me félicite de la collaboration entre le Club des Femmes et le HCR en vue d’apporter une assistance aux populations déplacées de force en général et aux femmes en particulier. Je suis contente de l’engagement de la communauté à leurs côtés afin de faciliter leur autonomisation économique. Les activités menées au sein des ACEC que nous créons permettent aux femmes de subvenir à leur besoin et d’avoir accès à de des petits crédits entre elles pour le renforcement de leurs activités génératrices de revenu», indique Tchede Issa Larba Aminatou, Directrice exécutive du Club des Femmes.
Cependant, ces femmes rencontrent des difficultés majeures, qui préoccupent particulièrement Nameka, membre de la communauté hôte qui exploite un lopin de terre avec des refugiées burkinabè. « Nous souhaitons, en premier lieu, avoir accès à de l’eau, car le puits que nous avons creusé est presque tari et puis nous avons besoin de grillages pour protéger nos potagers des animaux errants. » sollicite-t-elle.
Au début de la crise, les réfugiés ont été mis à l’écart en raison de la méfiance des populations locales, notamment à cause de l'insuffisance des ressources. Pour renforcer les liens de cohésion sociale entre les réfugiés et les membres de la communauté d'accueil, des activités de sensibilisation ont été organisées par le Club des Femmes, avec le soutien du HCR. Ces activités incluent également la lutte contre les violences basées sur le genre, l'écoute et l'accompagnement psychologique des femmes et des enfants survivants de violences, ainsi que des prestations de santé.
Ainsi, Djénéba, âgée de 42 ans, a bénéficié d’un appui psychologique du fait des séquelles des violences subies lors de l'attaque de son village. « Nous sommes arrivés à Samnaba (localité frontalière avec le Burkina Faso), au Togo les mains vides, mes enfants étaient traumatisés. Ils ont vu des personnes tuées devant eux et faisaient des cauchemars. Ils ont pu parler à un spécialiste, et cela les a soulagés. Maintenant ils arrivent à dormir normalement. ». Pour la mère des 6 enfants, il est maintenant question d’avoir un appui financier pour lancer un commerce afin de subvenir à ses besoins.
Les initiatives du Club des Femmes en partenariat avec le HCR, pour encourager la solidarité entre réfugiées et membres de la communauté d’accueil, sont aussi soutenues par les autorités locales. Pour Fanette Blanc, cheffe de bureau du HCR au Togo « le Club des Femmes est une organisation locale créée depuis près de 20 ans. Elle connaît parfaitement la région des Savanes et les acteurs clés tels que les chefs traditionnels, les autorités locales, les personnels de santé. Il s’agit vraiment d’un partenaire incontournable pour s'assurer que la réponse qui a vocation d'aider les femmes et les jeunes filles réfugiées puisse être mis en œuvre et ait l’impact souhaité ».
En 2023, avec le projet du Club des Femmes, le HCR a accompagné près de 3.000 femmes réfugiées et celles de la communauté hôte au travers d’activités pour assurer leur autonomisation économique et leur inclusion. Le HCR appelle à un effort collectif pour que ces femmes ne dépendent plus d’une simple assistance afin de créer des sociétés plus inclusives, plus résilientes et plus prospères pour transformer positivement la vie des réfugiés.