Réintégration et espoir pour les rapatriés centrafricains en provenance du Cameroun
Réintégration et espoir pour les rapatriés centrafricains en provenance du Cameroun
Alors que centaines de milliers de Centrafricains sont toujours réfugiés dans les pays voisins, des histoires de résilience et de renaissance émergent parmi les rapatriés revenus du Cameroun. Ibrahim Aminou, à 21 ans, incarne cette transition difficile mais porteuse d'espoir. À seulement 11 ans, il avait dû fuir sa ville natale pour échapper à la crise, laissant derrière lui sa maison, ses amis... tout, pour sauver sa vie.
Entre 2013 et 2015, le conflit en Centrafrique a forcé 664 225 personnes à chercher refuge dans les pays voisins, dont le Cameroun. Après sept ans de vie en exil et le décès de sa mère, pilier de son existence, Ibrahim a pris la difficile décision de retourner en Centrafrique. "Malgré l’appui du HCR, ma mère est décédée des suites de sa maladie et j’étais désemparé, d’où l’idée de retourner au pays", confie-t-il.
Grâce à un accord tripartite entre les gouvernements camerounais et centrafricain, et le HCR, Ibrahim et quelques 36, 000 centrafricains ont été rapatriés depuis 2017.
De retour à Bouar, Ibrahim découvre sa maison vide, mais avec l'aide d'un voisin, il commence à reconstruire sa vie.
Un an après son retour, une nouvelle opportunité se présente. En janvier 2024, une formation en entrepreneuriat et en fabrication de savon, offerte par le HCR et Mercy Corps, redonne espoir à Ibrahim et à d'autres jeunes. "J’ai très vite retiré la fiche d’inscription auprès du chef de mon quartier pour m’enregistrer", raconte-t-il. En parallèle, il suit une formation en informatique de six mois avec l'ambition d'ouvrir un cybercafé.
Baoro : Un Modèle d’Entrepreneuriat Communautaire
À Baoro, située à 60 km de Bouar dans l’ouest du pays, l'esprit d'initiative est également palpable. Depuis 2017, la ville accueille plus de 3542 rapatriés. Pour favoriser leur inclusion socioéconomique, la MINUSCA finance un projet de réintégration durable. Deux groupements d'élevage de poulets, "Barka" et "Ga mon bâ", rassemblent rapatriés et membres de la communauté hôte pour créer un environnement de développement local.
Mariam Abdoulaye, 25 ans, est l’une des bénéficiaires de ce programme. Intégrée au groupement "Barka", elle se projette avec optimisme : "Nous avons espoir qu’avec l’élevage de poulets de chair, nous pourrons gagner beaucoup d’argent afin de nous occuper de nos enfants et prendre en charge nos propres dépenses".
Avec un poulailler de plus de 490 volailles, ces groupements produisent des volailles sur une période de six mois chaque année, assurant ainsi une autonomie financière pour leurs membres. Malgré des défis environnementaux et financiers, ces initiatives montrent un engagement fort pour un retour durable.
Le Représentant du HCR en RCA, Fafa Olivier Attidzah, souligne l'importance de la mobilisation des ressources pour la réussite de ces programmes : "Le HCR ne pourra pas résoudre tout seul ce problème, il est nécessaire de mobiliser les ressources à travers la plateforme des solutions durables en appui avec le gouvernement centrafricain".
Les histoires d'Ibrahim, de Mariam et de nombreux autres rapatriés sont autant de témoignages de la force et de la détermination humaines face à l'adversité, éclairant le chemin vers des nouvelles vies pleines d'espoir et de possibilités, si elles sont soutenues.