Burundi : Deux ans après son retour dans son pays, une ancienne réfugiée prend un nouveau départ
Burundi : Deux ans après son retour dans son pays, une ancienne réfugiée prend un nouveau départ
Chaque matin, Emelyne entame sa routine quotidienne en parcourant son quartier pour collecter des mauvaises herbes dans les fermes avoisinantes. Sur son chemin, elle échange chaleureusement avec ses voisins, au sein de cette communauté qu'elle considère comme étant la sienne depuis deux ans.
« Amahoro (la paix) », le salut traditionnel burundais, lance-t-elle dans un geste amical, avant de rentrer chez elle pour nourrir ses lapins avec la verdure récoltée.
Emelyne a été confrontée à de nombreux défis avant de retrouver ce cadre de vie rassurant. Pendant près de six ans, elle et sa famille ont dû se réfugier en Tanzanie voisine après avoir fui le Burundi en 2015 en raison de l'instabilité politique et de la violence.
« J’étais à peine âgée de 18 ans et j'étais en huitième année lorsque nous nous sommes réfugiés en Tanzanie », se souvient-elle.
Comme c’est souvent le cas, la vie dans le camp de réfugiés de Mtendeli, dans le nord-ouest de la Tanzanie, était difficile, d'autant plus qu'elle venait de se marier et de fonder une famille.
« Nous jouissions d’une liberté très limitée dans le camp. Je ne pouvais pas poursuivre mes études ni créer une entreprise », indique-t-elle.
Le choc émotionnel lié au fait d'avoir été déracinée de son foyer et les incertitudes quant à l'avenir de ses jeunes enfants sont venus s'ajouter à la liste des défis à relever.
Cependant, elle a repris espoir lorsqu'elle a appris que le Burundi renouait avec la stabilité.
Emelyne et son mari ont pris la décision courageuse de regagner le Burundi pour recommencer leur vie et aider à la reconstruction de leur pays. Elle se souvient de la joie immense qu'elle a ressentie lorsqu'ils ont finalement franchi la frontière.
« À notre retour par le poste frontière de Manyovu, j'étais très heureuse parce que j'étais de retour chez moi, dans ce pays de lait et de miel », témoigne-t-elle.
Depuis 2017, plus de 200 000 réfugiés burundais sont rentrés volontairement au Burundi depuis les pays voisins. Parmi eux, plus de 40 000 se sont installés dans la province de Makamba, au sud-ouest du pays, où Emelyne et sa famille résident désormais.
Soutenus par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, le gouvernement du Burundi et d'autres partenaires, ces personnes rapatriées reçoivent des matériaux de construction afin de leur permettre de bâtir des maisons durables pour leurs familles. Elles reçoivent en outre une aide en espèces qui leur permet de répondre à leurs besoins immédiats, à investir dans des activités de subsistance et à diversifier leurs sources de revenus.
« Avec l'aide financière reçue, nous avons acheté ce terrain. Nous avons ensuite fabriqué des briques, érigé des murs et utilisé les tôles, les poteaux, les fenêtres et les portes qui nous ont été fournis pour achever notre maison », explique Emelyne.
Elle a investi une partie de la somme reçue dans un élevage de lapins, ce qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille et de financer son commerce de manioc.
« L'élevage de lapins a porté ses fruits, même si nous avons subi des pertes. J'ai réussi à en vendre 15. Les revenus m'ont permis de louer des terres agricoles. Je me suis également lancée dans la production d'huile de palme et de pain de manioc. Cela me permet de subvenir aux besoins de ma famille », détaille-t-elle.
Lors d’une visite à Makamba, Mamadou Dian Balde, directeur du Bureau régional du HCR pour l'Afrique de l'Est, la Corne de l'Afrique et la région des Grands Lacs a rencontré Emelyne et sa famille, ainsi que d'autres rapatriés plus récents au centre de transit de Gitara et a pu se rendre compte de leur résilience et de leur détermination. C’était l’occasion de réitérer l'appel du HCR pour un soutien accru de la part des donateurs et des partenaires afin de permettre à Emelyne et à des milliers de personnes comme elle ayant regagné leur pays de reconstruire leur vie, de sorte que leur retour constitue une solution à long terme.
« Ceux qui reviennent, comme Emelyne, ont besoin d'un soutien financier pour mettre en place ou développer leurs activités de subsistance ; ils ont besoin d'accéder à davantage de services fournis par le gouvernement afin de pouvoir continuer à vivre dignement dans leur pays. Ils ont besoin du soutien de l'ensemble de la communauté, non seulement des acteurs humanitaires, mais aussi des partenaires de développement », a souligné Mamadou Dian Balde.
Le parcours d'Emelyne, marqué par la détermination et l'espoir, témoigne de l’impact positif de l'aide apportée par des organisations telles que le HCR dont le directeur régional pour l'Afrique de l'Est, la Corne de l'Afrique et la région des Grands Lacs rappelle l’importance du soutien à apporter non seulement aux personnes rapatriées, mais également aux communautés qui les accueillent.
« Les communautés qui ont ouvert leurs portes pour accueillir ces personnes rapatriées méritent d'être soutenues, afin de favoriser la cohésion sociale et la croissance économique dans le pays. C'est la voie à suivre pour aider à mettre fin au cycle du déplacement. »