De réfugié à enseignant : comment la solidarité et l'inclusion ont ouvert la voie au succès de Yacubu Britrus
De réfugié à enseignant : comment la solidarité et l'inclusion ont ouvert la voie au succès de Yacubu Britrus
Yacubu Britrus dégage une assurance tranquille lorsqu'il entre dans une salle de classe d'un Institut de l’enseignement supérieur proposant des cours de sciences biomédicales et technologiques à plusieurs milliers d'étudiants dans la capitale économique du Cameroun, Douala. Il y a quelques années, il était étudiant à l'Institut supérieur Alpha. La direction de l'établissement l'a invité à rejoindre le corps enseignant une fois qu'il a terminé brillamment son cursus universitaire.
"Je suis vraiment fier de moi-même. En même temps, j'apprécie l'école qui a reconnu mes efforts et m'a offert un emploi que je n'ai pas cherché. Cela me rend fier de moi-même", déclare Yacubu.
En 2014, lorsque la violence engendrée par l'insurrection de Boko Haram a ravagé leur village de Bokko Hudele dans le nord du Nigeria, Yacubu et sa famille ont été forcée de fuir en pleine nuit pour trouver refuge dans le camp de réfugiés de Minawao, dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun. S'en sont suivis des défis allant de la nourriture à manger et des vêtements à porter, en passant par l'adaptation à un nouveau système éducatif et l'apprentissage d'une nouvelle langue - le français - la langue officielle la plus utiliser dans la région.
"Du fait que j'avais une formation scolaire du Nigeria, cela m'a affecté", explique le jeune réfugié nigérian de 27 ans, "Je n'ai pas pu réussir certaines matières dans lesquelles j'étais parfait, alors j'avais l'impression que je pouvais simplement abandoner l'école, mais j'avais des professeurs qui m'ont encouragé à me reprendre et à continuer. J'ai su m'adapter, et maintenant je suis diplômé, un professionnel en laboratoire médical."
Faire partie du corps enseignant d'un Institut de niveau supérieur est une récompense pour la détermination de Yacubu, mais c'est aussi le résultat direct de l'égalité des chances qu'il a connue dans son pays d'asile grâce à une combinaison d'aide du HCR et de ses partenaires ainsi qu'au cercle de solidarité qui s'est formé autour de lui partout où il est allé, de Minawao jusqu'à Douala.
L'assistance du HCR lui a permis de terminer ses études secondaires et une bourse DAFI (Initiative Académique Allemande Albert Einstein pour les Réfugiés) lui a assuré une inscription dans un cursus d'enseignement supérieur. L'intérêt et le soutien de ses enseignants et camarades lui ont donné un sentiment d'appartenance et l'ont aidé à s'adapter à un nouvel environnement.
"Quand je suis arrivé à Douala, le personnel de l'Institut m'a accueilli comme un de leur frère. Ils me demandaient tous les jours si j'avais des difficultés ou des distractions. Cela m'a donné l'impression qu'il y a vraiment des gens qui veulent sincèrement voir les autres progresser."
Cependant, Yacubu fait partie de seulement un pour cent des plus de 220 000 réfugiés âgés de plus de 18 ans au Cameroun ayant un diplôme universitaire, et un pourcentage encore plus faible de ceux ayant un emploi formel. Cela malgré les politiques inclusives du pays, qui accordent aux réfugiés et aux nationaux des droits égaux en matière d'éducation et de travail.
"Nous essayons de remédier à cela en sensibilisant les employeurs, qui sont souvent méconnaissants du fait que les réfugiés ont les mêmes droits de travailler que les camerounais", déclare Michel Gouenet, spécialiste des moyens de subsistance du HCR à Douala. "L'idéal serait de reproduire l'expérience de Yacubu pour autant de réfugiés que possible. C'est pourquoi nous plaidons en faveur de l'inclusion dans l'éducation et les opportunités d'emploi, et nous montrons comment tout le monde bénéficie lorsque les réfugiés ont accès à un emploi formel."
Il n'a pas été nécessaire de convaincre les employeurs de Yacubu des mérites qu'il présente en tant que membre du personnel enseignant de l'Institut.
"Aujourd'hui, Yacubu est ici dans cet établissement où il forme les Camerounais", déclare Samuel Longtse, l'un des directeurs de l'Alpha Higher Institute et le superviseur de Yacubu. "Le pays tout entier bénéficie des services qu'il fournit, ce qui montre que en tant qu'administrateurs d'école, ou en tant que tout autre employeur, nous devons donner aux réfugiés une chance de se sentir chez eux et une fois que cela leur est donné, toute la société qui les entoure en bénéficiera."
Pendant ce temps, Yacubu aide d'autres étudiants réfugiés à naviguer dans l'enseignement supérieur au Cameroun en les coachant sur les cours qui leur conviennent le mieux et en leur donnant un aperçu des avantages et des inconvénients des différentes spécialités. Il souhaite également marquer les esprits de manière plus significative.
"Je suis titulaire d'une licence en sciences du laboratoire médical, qui traite de la santé humaine. J'aimerais travailler dans une communauté de réfugiés pour comprendre leurs problèmes de santé et trouver un moyen de les résoudre et de réduire les problèmes de santé au sein de la communauté de réfugiés."