Une approche régionale est indispensable pour s'attaquer aux causes du déplacement dans la région des Grands Lacs, indique le Haut Commissaire
Une approche régionale est indispensable pour s'attaquer aux causes du déplacement dans la région des Grands Lacs, indique le Haut Commissaire
DAR ES SALAAM, 3 mars (UNHCR) - Ayant été le témoin à la fois de l'optimisme des réfugiés rentrant chez eux et du désespoir de ceux qui fuient la faim et la sécheresse, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a expliqué vendredi que seule une approche régionale permettrait de s'attaquer aux causes complexes du déplacement dans la région africaine des Grands Lacs.
« Il est impossible de résoudre les problèmes de la région en adoptant une approche qui se limite à un traitement pays par pays », a expliqué António Guterres au terme de sa visite d'une semaine en République démocratique du Congo (RDC), au Rwanda, au Burundi et en Tanzanie. Dans ces trois premiers pays, il faisait partie d'une mission inédite effectuée en compagnie des chefs des deux autres plus importantes agences humanitaires des Nations Unies, James Morris du Programme alimentaire mondial (PAM) et Ann Veneman de l'UNICEF, le fonds pour l'enfance.
« Les problèmes, à la fois politiques et humanitaires, nécessitent une approche régionale », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse dans la capitale tanzanienne. « Les problèmes des réfugiés ne peuvent être résolus que si nous adoptons une approche régionale. »
Les trois chefs d'agence ont insisté sur le fait que ce qu'ils avaient vu et entendu démontrait la nécessité d'une plus étroite collaboration entre les agences des Nations Unies - avec le soutien de la communauté internationale - afin d'aider les réfugiés, les déplacés internes et les rapatriés. Les trois agences souffrent d'un sévère manque de financement pour leurs opérations dans les pays des Grands Lacs.
Jeudi, António Guterres a rencontré quelques-uns des 5 000 Burundais ayant fui leur pays au cours des deux derniers mois et logés dans le centre de transit déjà surpeuplé de Nyakimonomono, dans l'ouest de la Tanzanie. Le gouvernement tanzanien ne les ayant pas encore autorisés à s'installer dans des camps de réfugiés, ils sont bloqués dans ce centre de transit initialement prévu pour un temps d'accueil ne dépassant pas deux jours. Au moins peuvent-ils ici recevoir de la nourriture, un abri et des soins médicaux. Quelque 300 Burundais continuent ainsi à arriver chaque jour.
Un homme a confié à António Guterres qu'ils ont fui la faim au Burundi, causée par la sécheresse qui sévit gravement en Afrique de l'Est.
« C'est l'unique raison de votre venue ? » a demandé le Haut Commissaire à la foule. « Oui oui », ont-ils répondu à l'unisson.
Une femme a raconté avoir été réfugiée en Tanzanie, être rentrée chez elle puis avoir à nouveau fui et traversé la frontière à cause de la famine. António Guterres s'est engagé à travailler avec le PAM pour fournir de la nourriture du côté burundais de la frontière et que les habitants n'aient pas à fuir leur pays d'origine juste pour chercher de quoi se nourrir.
« Ce serait insensé que, dans le monde actuel, quelqu'un ait à quitter son pays pour s'alimenter », a-t-il affirmé aux journalistes à Dar.
Reconnaissant que le travail de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés évolue actuellement de son mandat traditionnel vers l'assistance, António Guterres a expliqué : « Je ne pense pas que nous pouvons regarder des gens mourir de faim et rester indifférents envers eux. C'est notre devoir de travailler ensemble pour résoudre le problème. »
Il a aussi largement « rendu hommage » aux populations et au gouvernement tanzanien « très généreux et hospitaliers », qui ont accueilli le plus grand nombre de réfugiés de toute l'Afrique, soit quelque 347 800 personnes, dans 13 camps de l'est du pays.
Lors de la première partie de son voyage, António Guterres était présent lorsque 401 réfugiés congolais sont rentrés dans la région du Sud-Kivu, à l'est de la RDC depuis les camps en Tanzanie. Il a appelé à un plus grand financement pour que l'agence des Nations Unies pour les réfugiés puisse encore élargir son action et aider les réfugiés à reconstruire leur vie.
En RDC et au Burundi, il a souligné la nécessité de verser régulièrement les paies des fonctionnaires de la police et de l'armée, les salaires les plus bas d'un montant de 10 dollars par mois n'étant même pas payés. Ainsi ils arrêteront de s'attaquer continuellement à la population locale, de voler de l'argent ou de la nourriture, et de violer les femmes. António Guterres a ajouté qu'ils doivent être payés, nourris, entraînés et encadrés pour qu'ils puissent protéger, plutôt que menacer, les citoyens de leur propre pays.
Lors de son voyage avec James Morris du Programme alimentaire mondial (PAM) et Ann M. Veneman de l'UNICEF, António Guterres a souligné que « le travail le plus important que nous faisons réside dans la création des conditions pour qu'un nombre significatif de réfugiés puissent rentrer chez eux. La meilleure solution pour ces personnes est de retourner dans leur pays d'origine ».
Par Kitty McKinsey à Nyakimonomono et Dar es Salaam