Un bateau de sauvetage retrouve une frêle embarcation en haute mer
Un bateau de sauvetage retrouve une frêle embarcation en haute mer
À BORD DU PHOENIX — Par une matinée plutôt calme, le bateau de sauvetage Phoenix naviguait au large des côtes de la Libye. Le soleil brillait et les poissons volants accompagnaient le navire au cours de sa patrouille dans les eaux internationales de la Méditerranée.
L’équipage était persuadé qu’avec des vagues de deux mètres de haut, peu d’embarcations se risqueraient en mer ce jour-là et qu’il y avait peu de chances de procéder à un sauvetage.
Soudain, l’équipage a repéré un canot pneumatique et s’est tout de suite mis en action. Avec des vagues de cette taille, il est difficile de voir les embarcations qui sont basses, comme les canots.
« Ils ont été très très chanceux que nous les ayons repérés », a indiqué le capitaine Gonzalez au HCR.
Il y avait 146 personnes à bord du canot. Il n’a fallu que quelques minutes pour commencer à les faire monter par groupe de 25 à bord du bateau de sauvetage. Leurs vestes de sauvetage retirées, les rescapés ont subi un examen médical et leur identité a été vérifiée. En deux heures, tous étaient en sécurité à bord du Phoenix, qui est exploité par la Migrant Offshore Aid Station (MOAS) située à Malte.
« Ce sauvetage a été facile. Personne n’a été blessé, personne n’est mort. Aucun enfant n’est décédé. »
MOAS est le premier organisme privé de recherche et sauvetage de la Méditerranée centrale.
« Le sauvetage était facile », a indiqué un membre de l’équipage. « Personne n’a été blessé, personne n’est mort. Aucun enfant n’est décédé. C’était facile. »
À l’heure actuelle, 26 % des opérations de sauvetage dans la Méditerranée sont réalisées par des ONG, dont la plupart par les deux navires de MOAS, le Phœnix et le Topaz. Depuis 2014, MOAS a sauvé environ 33 000 personnes. Son équipage est formé de personnes possédant des dizaines d’années d’expérience dans les forces armées maltaises, la marine italienne, l’armée américaine et des sociétés privées.
La seconde phase de l’opération de sauvetage du Phoenix consistait à fournir des couvertures, de l’eau et des biscuits aux rescapés. Les personnes malades ont été conduites à une petite clinique médicale où elles ont reçu les soins de l’équipe de la Croix-Rouge composée d’un médecin et de deux infirmières.
Parmi ces dernières, se trouvaient Yasmine, une Sénégalaise enceinte âgée de 26 ans, et sa fille de deux ans, Khaija.
Mes yeux ont croisé ceux de Khaija. J’ai tenté de la faire sourire, mais en vain. Elle regardait autour d’elle comme si elle regardait à l’intérieur d’un asile; elle ne comprenait pas et était confuse.
Yasmine avait amené sa fille du Sénégal jusqu’à la Libye. Accompagnée de son mari, Yasmine avait espoir de trouver une vie meilleure en Europe. Depuis la Libye, ils ont tenté à deux reprises de faire cette traversée périlleuse par bateau, mais ils n’y sont pas parvenus.
La première fois, ils ont été interceptés par d’autres passeurs qui leur ont volé le peu qu’ils avaient et qui les ont ramenés à la plage. La deuxième fois, ils ont payé des passeurs qui ne se sont jamais présentés.
« J’ai peur de repasser par le désert encore une fois. »
« J’ai peur de repasser par le désert encore une fois », mentionne Yasmine. Ils ont donc tenté le coup une troisième fois.
Ils ont été conduits dans une grande enceinte avec 1000 autres personnes. Comme ils n’avaient assez d’argent — 600 dinars libyens — que pour payer le passage de Yasmine et de Khaija, le mari de Yasmine est demeuré en Libye. Il envisageait de rentrer au Sénégal et d’essayer un chemin différent.
Pendant la nuit, elles ont été menées sur une plage à Sabratha. À l’aube, elles sont parties à bord du canot pneumatique. La majorité des 146 personnes à bord était des hommes; il n’y avait que quelques femmes et enfants.
Un homme qui avait respiré des vapeurs de carburant vomissait tandis que d’autres avaient le mal de mer, avaient froid ou étaient épuisés.
Vers huit heures ce soir-là, tout était calme. Il n’y avait aucune urgence médicale grave. Khaija s’est endormie bercée par sa mère.
Le lendemain, le Phoenix a continué de patrouiller dans la zone pour tenter d’y repérer un autre canot pneumatique. Quelques heures plus tard, l’équipage n’avait repéré qu’un canot dégonflé.
En 2016, environ 5 000 personnes sont décédées en mer Méditerranée.
Alors que le Phœnix rejoignait le port Pozzallo en Sicile, l’équipage a entendu la sombre nouvelle : sept corps avaient été découverts sur un canot pneumatique à 100 miles au large de Malte. Deux Ghanéens évacués à Malte souffraient de déshydratation. L’un est mort et l’autre est demeuré aux soins intensifs.
En 2016, environ 5 000 personnes sont décédées en mer Méditerranée. Khaija et Yasmine ont eu de la chance que MOAS repère l’embarcation et les mettent en sécurité. À la fin de la journée, le sourire de Khaija faisait fondre le cœur des membres de l’équipage.