Rencontre de Ruud Lubbers avec le Président afghan concernant les rapatriements depuis l'Iran et le Pakistan
Rencontre de Ruud Lubbers avec le Président afghan concernant les rapatriements depuis l'Iran et le Pakistan
KABOUL, 16 avril 2004 (UNHCR) - Le Haut Commissaire Ruud Lubbers rencontre le Président Hamid Karzai ainsi que d'autres représentants officiels afghans. Cette réunion porte sur le programme des retours qui prévoit de rapatrier cette année près d'un million de réfugiés afghans actuellement en Iran et au Pakistan.
Prévue samedi et dimanche, la rencontre du Haut Commissaire avec M. Karzai - ce dernier accompagné de ses ministres des Finances, des Affaires Etrangères, de l'Intérieur, des Réfugiés et du Rapatriement, de la Reconstruction rurale et du Développement - marque véritablement le temps fort de son périple de neuf jours dans la région.
Lors de la seconde étape de son voyage, le Haut Commissaire rencontrera également le Commandant de la Force internationale de maintien de la paix à Kaboul, plusieurs ambassadeurs, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies ainsi que d' autres membres des Nations unies et de diverses ONG.
Ruud Lubbers est arrivé mardi à Kabou. Jeudi, il repart pour le Pakistan, dernière étape de sa mission. Depuis qu'il a pris ses fonctions en 2001, c'est la sixième mission qu'il effectue dans la région, ce qui souligne bien l'importance qu'il accorde à un des plus grands groupes de réfugiés du monde.
Vendredi, le Haut Commissaire a visité Istalif, un ancien domaine royal situé au coeur de la plaine de Shamali, à 40 km au Nord de Kaboul, qui avait été détruit pendant l'ancien régime des Talibans.
Il a été chaleureusement accueilli par le commissaire local qui lui a notamment fait part des rapatriements massifs prévus dans la région, région où l'Agence pour les réfugiés compte, en effet, entreprendre de nombreux projets. Parmi ces projets, on peut citer un programme de réhabilitation des routes ainsi qu'une aide au logement pour 300 familles.
Un peu plus tard, Lubbers s'est rendu dans le quartier de Bagaram : il y a rencontré des personnes âgées et aussi visité un canal nettoyé l'an dernier. M. Lubbers a rappelé au commissaire local l'importance du retour des exilés en Afghanistan : « Les Afghans sont productifs et motivés. L'Afghanistan devrait être construit par des Afghans pour des Afghans ».
A l'occasion des pourparlers de ce week-end, M. Lubbers doit aborder un certain nombre de questions importantes. Il est notamment indispensable que malgré les autres priorités nationales, chacun en Afghanistan consacre une attention particulière à l'opération de rapatriement en cours. On attend dans un an le retour en Afghanistan d'environ 800 000 à 1 000 000 de personnes ; le danger serait alors de considérer ces retours de manière routinière.
Les prochains rapatriés auront probablement plus de difficultés à se réintégrer que les 2,5 millions de personnes qui sont déjà revenues depuis 2002 des pays limitrophes. Plus grave encore la situation de certains réfugiés toujours en Iran ou au Pakistan qui sont sans terre ou n'ont pas accès à leurs propres terres en Afghanistan.
Des enquêtes ont montré que beaucoup craignent de ne pas avoir à leur retour d' opportunités d'emploi ou d'accès aux soins et à l'éducation.
Afin de maintenir un taux élevé des rapatriements en Afghanistan, une série de questions devront être examinées et suivies de l'adoption de mesures adaptées : il s'agit notamment d' initiatives en faveur de la sécurité et du développement local, la mise en place de plans d'abri, de mécanismes judiciaires de règlement des différends.
Si rien n'est mis en oeuvre, le risque, en effet, serait de ne pas pouvoir maintenir le flot des retours. Lors de sa visite en Afghanistan, un des principaux objectifs de Ruud Lubbers est de diffuser ce message au sein du gouvernement afghan, ainsi qu'à ses partenaires étrangers. C'est une tâche énorme que l'UNHCR et les ONG partenaires ne peuvent seuls prendre en charge.
Les mêmes difficultés se posent pour la situation des personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI), qui constitue un autre sujet important de l'agenda de M. Lubbers. En effet, 80 % des PDI, obligées de fuir sous le régime taliban, ont déjà regagné leur maison ; cependant, environ 200 000 personnes sont encore regroupées au Sud et à l'Ouest de l'Afghanistan. Pour ces derniers, des solutions aux problèmes de sécurité et de développement s'avèrent indispensables en cas de retour sur leurs terres. Mardi, le Haut Commissaire était supposé visiter le camp de Zahre Dasht près de Kandahar, un camp en pleine extension accueillant des PDIs. Cette visite avait essentiellement pour but d' attirer l'attention sur les problèmes à résoudre relatifs aux PDIs. A cause des conditions de sécurité, le Haut Commissaire a dû annuler sa visite.