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En Afghanistan, les communautés peinent à se relever de terribles inondations

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En Afghanistan, les communautés peinent à se relever de terribles inondations

Les inondations catastrophiques qui ont frappé l'Afghanistan le mois dernier ont provoqué le déplacement de milliers de familles et entraîné la destruction de leurs habitations ainsi que de leurs moyens de subsistance. Les personnes affectées ont besoin d'aide pour se remettre et reconstruire.
14 Juin 2024 Egalement disponible ici :
Une femme portant sa fille se tient devant un bâtiment en briques de terre partiellement effondré.

Farzana et sa fille Arefa, âgée de 2 ans, devant leur maison partiellement effondrée dans le village de Jar-e-Saifor, dans la province de Ghor.

« Cette catastrophe a affecté tout le monde », indique Said Khanim, mère de cinq enfants, devant sa maison endommagée dans le village de Dara-e Shaikha, dans la province de Ghor, à l'ouest de l'Afghanistan.

Épuisée et stressée, elle tente de calmer sa petite fille, Enamulla, alors qu'elle constate les dégâts causés par les crues soudaines qui ont ravagé le village à la mi-mai.

Lorsqu'un torrent d'eau s'est engouffré dans les portes et les fenêtres de sa maison, atteignant rapidement plus d'un mètre de hauteur, Said Khanim et ses enfants ont couru se réfugier sur les hauteurs. Mais dans le chaos, ils ont perdu de vue sa fille Atifa, âgée de quatre ans. Les villageois ont retrouvé le petit corps de la fillette quelques heures plus tard dans un caniveau.

Le mois dernier, de fortes pluies et des inondations ont entraîné la mort d'au moins 347 personnes. Plus de 10 000 maisons ont été détruites ou endommagées, des milliers de familles ont été déplacées et des terres agricoles et des infrastructures publiques ont été endommagées, y compris des routes et des ponts, des installations sanitaires, des infrastructures d'eau et d'assainissement ainsi que des écoles. Depuis, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés et d'autres organisations humanitaires fournissent une aide essentielle, notamment des abris d'urgence, de la nourriture et des soins médicaux, pour aider des communautés comme celle de Said Khanim à se relever.

Sa famille est maintenant hébergée chez des voisins et ils ne peuvent pas envisager de regagner leur maison dans l’immédiat. Ils craignent que les profondes fissures laissées dans les murs et qui en fragilisent la structure ne déclenchent une nouvelle tragédie. Mais les dégâts ne sont pas seulement physiques : les enfants survivants de Said Khanim sont pris de cauchemars et se réveillent souvent en criant. Pour Said Khanim la situation est d’autant plus compliquée qu’elle doit faire face à cette situation toute seule, son mari étant parti à la recherche d'un emploi.

Une femme portant un foulard et un enfant se tient devant la porte d'une maison avec trois autres enfants.

Said Khanim devant sa maison endommagée par les inondations en compagnie de ses quatre enfants survivants après la noyade de sa fille Atifa, âgée de 4 ans.

« Nous n'avons rien : pas de combustible pour cuisiner, pas de nourriture, rien. Nos voisins nous donnent ce qu’ils peuvent, mais nous dépendons essentiellement de thé et de pain. Nous sommes très endettés », explique-t-elle. « Nous vivons dans une grande difficulté, privés de tout ce que nous possédions. Je suis très inquiète à propos de l'avenir. »

Les inondations aggravent les vulnérabilités

Personne n'est sorti indemne des inondations, décrites par les résidents comme étant sans précédent. « De toute ma vie, je ne me souviens pas avoir vu quelque chose de semblable », indique Abdoul Raouf, âgé de 80 ans, lors d'une session de conseil psychosocial organisée par les partenaires du HCR. La maison d'Abdoul Raouf s'est effondrée lors des crues. Ses biens ont été emportés et ses récoltes ont été détruites. « Nous sommes à la recherche d'une attention et d'un soutien humanitaires. Nous avons besoin de beaucoup d'aide », renchérit-il.

Même avant les inondations, les habitants de la province de Ghor étaient confrontés à des difficultés d'accès à la nourriture et aux services de base. Située à l'extrémité sud-ouest des montagnes de l'Hindou Koush, à 2 500 mètres au-dessus du niveau de la mer, avec des routes non goudronnées et des infrastructures médiocres, la région est confrontée à la sécheresse en été et à d'importantes chutes de neige en hiver.

« Je suis très inquiète à propos de l'avenir. »

Said Khanim, habitante du village de Dara-e Shaikha
Un homme à la barbe blanche portant une coiffe et des lunettes

Abdoul Raouf, 80 ans, assiste à une session de conseil psychosocial organisée par le HCR après la destruction de sa maison et de ses récoltes.

Les récentes inondations viennent aggraver les vulnérabilités des personnes affectées qui ne disposent que de moyens très limités pour faire face à la situation. « De nombreuses personnes sont traumatisées et d'autres sont confrontées à des incertitudes financières », indique Parigul Habibi, agent de soutien psychosocial au sein de WASSA (Women's Activities and Social Services Association), partenaire du HCR qui propose des sessions de conseil psychosocial. L’organisation mobilise des équipes de réponse mobile fournissant des services de protection. Ces volontaires de proximité formés par le HCR parlent aux personnes affectées par les inondations et s'assurent que leurs besoins et leurs préoccupations sont connus et transmis aux organisations humanitaires.

Les enfants également affectés

Les enfants sont particulièrement affectés. Les parents rapportent que leurs enfants ont du mal à dormir, qu'ils sont pris de cauchemars, qu'ils font pipi au lit et qu'ils manifestent des réactions inhabituelles depuis les inondations, telles que des cris et des pleurs.

« Mon fils est très traumatisé et ma fille a de la fièvre et de la diarrhée », confie Abdoul Basir, un ouvrier du village de Jar-e-Saifor. « Mon fils crie et veut rester près de moi en permanence. Il me tient toujours la main. »

Les enfants du village de Dara-e Shaikha avaient l'habitude d'étudier sous des tentes, mais ils suivent désormais les cours à l'extérieur, exposés aux éléments, après que les tentes aient été détruites par les inondations. Néanmoins, l'enseignant Abdoul Wahid Samadi est déterminé à poursuivre les cours aussi longtemps qu'il le pourra, afin d'offrir une certaine routine et une structure aux élèves qui souffrent des conséquences des inondations.

« Nous pouvons utiliser cet endroit pendant quelques jours et nous voulons poursuivre leur éducation, mais les élèves tombent malades », explique-t-il. « Certains ont la diarrhée ou des maux de gorge. Nous avons besoin d’aide pour trouver un endroit où les enfants pourront étudier dans des conditions acceptables ». Abdoul Wahid a ajouté que plusieurs familles avaient déjà quitté la région après avoir tout perdu.

Des enfants sont assis sur une parcelle de terre au pied d'une colline, à côté d'une mare d'eau.

Les enfants du village de Gul Dar-e-Shaikha suivent les cours à l'extérieur après que les tentes où ils étudiaient aient été détruites.

De nombreux ménages ont perdu le peu qu'ils avaient – leurs maisons, mais aussi leurs sources de revenus telles que les récoltes et les arbres fruitiers, les magasins, les motos et d'autres biens – et la reconstruction sera difficile.

Déplacé et père de six enfants, Gulbuddin Amiri vit actuellement dans le village de Dahan-e-Kandiwal. Il a perdu son petit étal de charbon de bois dans le bazar local lors des inondations, tandis que le reste de son stock, entreposé à la maison, a également été endommagé, recouvert de boue et invendable. « Je n'ai plus rien maintenant », indique-t-il. « Nous avons faim et nous avons besoin d'aide pour retrouver une vie normale ».

« De toute ma vie, je ne me souviens pas avoir vu quelque chose de semblable. »

Abdoul Raouf, 80 ans