« L'exode des réfugiés » sur un campus universitaire
« L'exode des réfugiés » sur un campus universitaire
MEXIQUE, 22 juin (UNHCR) - Ils se baladaient sur le campus. Soudain, ils sont devenus des réfugiés. Pendant une demi-heure, plus de 100 étudiants mexicains ont éprouvé la fuite simulée d'un conflit. Ils pensaient au premier abord que ce serait un jeu, mais cette expérience s'est révélée, d'après eux, une des plus marquantes de leur vie.
Les étudiants ont pris part à une simulation d'un exode de masse, connue sous le nom de « Travesías » (Passages) à l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la plus vieille université du pays, à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié, ce lundi.
L'exercice a débuté par un « bombardement » de ballons remplis d'eau. Ensuite, le groupe s'est enfui. Certains d'entre eux étaient « blessés » : une fille avait le bras bandé ; un garçon devait recevoir un pansement sur la jambe. Ce ne fut pas un voyage facile : certains sont « morts » en route ; d'autres n'avaient pas de papiers d'identité et risquaient donc d'être déportés si leur route les menait à un point de contrôle. De surcroît, la route était dangereuse, avec des mines antipersonnel un peu partout. Et ils ont dû traverser une rivière pour rejoindre leur lieu de refuge.
« Pour les étudiants, c'est une opportunité d'agir les uns avec les autres, de collaborer dans un but commun : finir le voyage en vie », a souligné Demetrio Valdez, le coordinateur des activités récréatives de l'université.
A la fin du voyage, ils se sont tous rassemblés dans une tente semblable à celles qui abritent réellement les réfugiés, afin de partager leurs opinions, lors d'une discussion animée par le coordinateur de l'UNHCR du programme « Education pour la paix. » Cette simulation avait déjà été menée une première fois dans le cadre du même programme lors du Rassemblement international des Scouts à Mexique, en 2000.
Les étudiants de l'UNAM étaient tous d'accord : ils ont vécu l'anxiété, la crainte et le désespoir. « Je n'avais pas de main, et lui, clopinait sur une jambe. J'avais vraiment peur. Je ne savais pas quand j'allais mourir », a déclaré une participante nommée Laura.
Une autre fille a ajouté : « Je pense vraiment que c'était une expérience marquante. Je pensais qu'un réfugié est pourchassé à cause de ses opinions politiques. Maintenant, je sais qu'il y a d'autres types de persécution. »
C'est la deuxième année que l'UNAM organise des activités à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié. Cette année, le but premier était de sensibiliser aux problèmes que rencontrent les réfugiés. En plus de la simulation, le programme de cette année comprenait des concerts et des spectacles de théâtre, une exposition de photographies, des débats ainsi que la vente de nourriture traditionnelle et d'objets d'artisanat en provenance des pays d'origine des réfugiés.
Des senteurs traditionnelles de l'Amérique du Sud et de Colombie flottaient dans l'air. Des motifs et des couleurs exotiques d'Afrique et d'Asie étaient parsemés un peu partout sur le campus. Des Sierra Léonais avaient amené du tissu. Les Pakistanais, quant à eux, présentaient des robes de coton idéales pour ce climat ensoleillé.
Certains anciens réfugiés ont profité de la Journée mondiale du réfugié pour revoir de vieux amis. « Cela me fait toujours plaisir de participer à la Journée mondiale du réfugié », a expliqué une réfugiée d'un certain âge.
A la fin de la journée, les résultats étaient positifs. « Un des objectifs principaux de cette université est d'offrir aux étudiants une éducation intégrée, pour qu'ils soient conscients des différents contextes et des réalités de ce monde, et pas seulement de leur environnement immédiat », a souligné David Vázquez, de la direction culturelle et artistique de l'UNAM. « Cette manifestation vise à enrichir leur formation académique grâce à des activités parallèles. »
Et d'ajouter : « Nous nous réjouissons de coordonner la prochaine commémoration de la Journée mondiale du réfugié, l'année prochaine. »
Par Mariana Echandi, UNHCR à Mexique