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L'exemple d'une employée du HCR reflète le nouveau profil des rapatriés afghans

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L'exemple d'une employée du HCR reflète le nouveau profil des rapatriés afghans

Attia Ali a quitté son emploi de traductrice pour le HCR au Pakistan afin de rentrer en Afghanistan. Après une première vague de retours composée principalement de réfugiés pauvres et sans éducation, Attia fait partie d'un autre groupe de rapatriés afghans qui quittent une vie bien établie en exil pour saisir de nouvelles opportunités dans leur pays.
13 Avril 2005 Egalement disponible ici :
Attia Ali (à droite) reçoit, en présence de ses anciens collègues, son formulaire de rapatriement volontaire des mains du délégué de l'UNHCR au Pakistan, Guenet Guebre-Christos.

ISLAMABAD, 13 avril (UNHCR) - Attia Ali avait un frère au Danemark, une soeur aux Pays-Bas et un emploi bien rémunéré au Pakistan. C'est grâce à l'attirance constante qu'exerce l'Afghanistan et aux meilleures perspectives dans ce pays qu'elle a décidé de quitter son emploi et qu'elle rentre à présent dans sa patrie.

« Depuis que la situation là-bas s'améliore et, qu'en plus, tous les Afghans retournent en Afghanistan, je commence à avoir le mal du pays », a-t-elle déclaré au bureau de l'UNHCR d'Islamabad, où elle a travaillé 5 ans comme traductrice lors des entretiens avec des demandeurs d'asile. « Je veux retourner chez moi, m'installer et rester auprès de mon père. »

Attia, une ancienne enseignante à l'université, reflète le changement de profil des Afghans qui reviennent du Pakistan. Les 1,6 million de personnes qui se sont empressées de rentrer en Afghanistan en 2002 après le renversement du régime taliban étaient principalement des personnes qui n'étaient pas depuis longtemps en exil et, pour la plupart, pauvres et sans instruction.

A présent, beaucoup sont comme Attia : des Afghans bien établis au Pakistan et dont on pourrait croire qu'ils considèrent ce pays comme le leur. Ils abandonnent leurs activités actuelles, mais sont persuadés que leur avenir est en Afghanistan, qui émerge enfin de décennies de guerre.

Homayoun Saqib, le seul autre membre afghan du personnel de l'UNHCR à Islamabad - des règlements ne permettent d'engager des réfugiés que pour des fonctions spécialisées comme celle de traducteur - a aussi annoncé son intention de quitter le Pakistan à la fin du mois. Après 5 ans au service des Nations Unies, il démissionne pour un autre emploi en Afghanistan.

La vie d'Attia au Pakistan a commencé au début de l'année 1993 lorsque Kaboul, jusqu'alors largement épargnée par les combats des années 80 sous l'occupation soviétique, devint le champ de bataille entre les milices moudjahidines en guerre. L'université de Kaboul, où elle avait enseigné l'anglais, se transforma en une ligne de front sur laquelle les tireurs avaient remplacé les étudiants.

« La guerre civile continuait. A l'époque, le groupe Hekmatyar se battait avec différentes factions ; et comme nous avions été déplacés dans différentes régions, nous n'avions d'autre option que la fuite. Ils tiraient un millier de missiles par jour. »

En l'absence de perspective d'amélioration, elle s'est enfuie avec son père ainsi que son frère et sa famille. Au Pakistan, elle a enseigné l'anglais dans une école privée d'Islamabad. En 2000, elle a rejoint l'UNHCR : elle parlait couramment l'anglais et le dari (une des deux langues principales d'Afghanistan), une connaissance dont le service de protection avait besoin.

Pendant son exil, son frère a obtenu le statut de réfugié au Danemark, et sa soeur a reçu une nouvelle vie aux Pays-Bas. Mais avec la chute des taliban à la fin 2001, Attia s'est mise à espérer un retour à Kaboul, sa ville bien-aimée. Lorsque des convois de camions ont ramené des réfugiés en Afghanistan dans les mois suivants, elle s'est rendue à Kaboul pour voir si elle pourrait également rentrer.

« La situation était très mauvaise, particulièrement en ce qui concerne la sécurité - il y avait des enlèvements et des attaques. Il n'y avait pas non plus de logement », a-t-elle déclaré. Attia est retournée à Islamabad pour voir si la paix tiendrait, si l'ordre pourrait être rétabli et si la reconstruction allait commencer.

Même si des fonds d'assistance étaient disponibles, les problèmes de ce pays en guerre depuis la fin des années 70 étaient énormes. Logiquement, les Afghans qui avaient la possibilité de rester en Iran ou au Pakistan - les deux principaux pays d'asile pendant la guerre - ne se sont pas joints à la première vague de retour en Afghanistan.

« Cette année, ma famille, qui était déjà rentrée, a dit qu'il y avait une amélioration. Lorsque j'y suis retournée, j'ai trouvé les gens beaucoup plus heureux - c'est pourquoi je me réjouis de recommencer ma vie en Afghanistan » a précisé Attia.

Elle s'est assuré un travail au sein de l'organisation des Nations Unies chargée de préparer les élections législatives nationales qui doivent avoir lieu dans le courant de l'année. Elle a demandé si elle pouvait rentrer en bénéficiant du programme de rapatriement volontaire de l'UNHCR qui a aidé 2,3 millions d'Afghans à rentrer chez eux au départ du Pakistan depuis 2002.

Attia n'a pas besoin de l'assistance financière, assez modeste - un bon d'une valeur de 13 dollars pour le voyage et 12 dollars supplémentaires pour pouvoir se réinstaller - mais les documents fournis par l'UNHCR l'aideront à rapatrier ses effets personnels. Comme d'autres rapatriés, elle a organisé elle-même son voyage - un van pour ramener ses affaires, celles de sa tante et de son oncle. Après une dernière vérification de ses papiers par l'UNHCR, elle a pris la route pour l'Afghanistan.

« En 1992, toute la population civile savait que la situation dans le pays allait continuer à se détériorer. Cette année, je sens le début d'une amélioration - la situation va s'arranger et le développement va avoir lieu », a déclaré Attia. « Cette année, c'est une autre catégorie de gens qui rentrent : des gens qui ont un travail ici, mais qui, comme moi, veulent rentrer. J'ai démissionné pour retourner dans mon pays. »

Par Jack Redden, UNHCR au Pakistan