Les réfugiés en Ethiopie ont un nouveau domicile et créent des emplois
Les réfugiés en Ethiopie ont un nouveau domicile et créent des emplois
DOLLO ADO, Ethiopie, 8 avril (HCR) - La vie sous la tente dans un camp de réfugiés est synonyme de nuits sans sommeil et de journées épuisantes pour Mako, âgée de 33 ans, et ses six enfants. « Je ne pouvais pas dormir la nuit », se souvient cette réfugiée somalienne.
Même pendant la journée, dit-elle, « je revenais à la maison et je trouvais ma tente éventrée et on m'avait volé des sacs de sucre et de riz. »
Désormais, elle arpente fièrement son abri de bambou dans le camp de Kobe où sa famille a emménagé l'année dernière. « Mes enfants sont plus en sécurité ici », dit-elle avec satisfaction. « Je peux désormais verrouiller les fenêtres et la porte. »
La nouvelle maison de Mako est l'un de 7 200 abris provisoires que le HCR et ses partenaires ont construit l'année dernière dans cinq camps de réfugiés de la région de Dollo Ado, à environ 1 000 kilomètres au sud de la capitale éthiopienne, Addis-Abeba.
Les nouvelles maisons concrétisent la transition depuis la situation d'urgence vers des mesures de rétablissement. En 2011, il fallait ouvrir rapidement trois nouveaux camps pour fournir un refuge aux 100 000 Somaliens qui avaient fui la sécheresse et l'insécurité dans leur pays d'origine. Kobe, où vit Mako, est apparu ainsi que les camps d'Hilaweyn et de Buramino.
Leur apparence correspondait à l'image classique d'un camp de réfugiés établi par le HCR, avec des rangées de tentes. Mais maintenant que la phase de réponse du HCR à la situation d'urgence dans le sud de l'Ethiopie se termine, les camps ressemblent désormais de plus en plus à des villages ruraux.
Fournir aux réfugiés un abri plus durable et digne était devenu une priorité pour le HCR l'année dernière. « Nous avons invité les réfugiés à prendre part à ce programme plutôt que de leur imaginer unilatéralement un modèle d'abri pour eux », explique Anicet Adjahossou, expert du HCR dans le domaine des abris à Dollo Ado.
Le HCR a entamé des discussions avec les réfugiés, les autorités et les partenaires pour développer une alternative convaincante par rapport aux tentes utilisées en situation d'urgence. « Après deux mois de consultations et de groupes de discussion, nous avons décidé de produire trois modèles différents », a déclaré Anicet Adjahossou.
Trois partenaires travaillant avec le HCR dans le camp - le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), le Conseil danois pour les réfugiés et Africa Humanitarian Action - ont chacun élaboré un prototype d'abri provisoire en fonction des besoins spécifiques, y compris le contexte social et culturel des réfugiés, la disponibilité locale des matériaux, les conditions climatiques et météorologiques ainsi que les moyens d'existence.
« Au nom de tous les réfugiés, nous avons choisi l'abri du NRC avec des murs en bambou, un toit en tôle ondulée et des murs en boue », explique Mako, qui est également membre du comité des réfugiés dans le camp. « Cet abri nous rappelle nos maisons en Somalie. »
Avec un toit en tôle ondulée, l'abri est adapté pour les températures chaudes comme à Dollo Ado, qui peuvent dépasser les 42°C en été. « L'air y reste frais toute la journée », dit-elle, à la différence des tentes, où les réfugiés avaient du mal à respirer sous la lumière du soleil intense, l'après-midi.
Par chance pour les réfugiés, ces maisons neuves ont également créé de nouveaux emplois. Plus de 300 résidents qualifiés des communautés locales et réfugiées fabriquent désormais des composantes du logement - infrastructures et toitures - dans des ateliers de production dans les cinq camps. Quelque 150 autres travailleurs des communautés hôtes et réfugiées ont été formés à monter des abris sur le site. S'ils veulent une meilleure isolation, les réfugiés peuvent monter les murs de leur maison eux-mêmes.
A ce jour, un peu moins de 20% des 190 000 réfugiés dans les cinq camps de Dollo Ado vivent dans ces nouveaux abris. Avec le manque de fonds, le HCR ne peut pas atteindre son objectif de transférer 60% des réfugiés dans ces maisons cette année, selon Anicet Adjahossou.
Parallèlement, Mako, fière de sa maison, fait ce que tout nouveau propriétaire ferait - elle la décore et invite les voisins. « J'espère que davantage de réfugiés pourront profiter d'un espace plus accueillant, protégeant la vie privée et la dignité », dit-elle, en montrant des tapis rouges et roses qui couvrent les murs et le sol de son salon.
« Quand mes enfants dorment, je peux tout de même inviter mes voisins pour le thé dans la pièce d'à côté. Et je peux aussi verrouiller la porte et passer du temps avec ma famille. »
Par Rocco Nuri à Dollo Ado, Ethiopie