Les mines et les conflits détruisent le paradis des hippies en Sierra Nevada, une région de la Colombie
Les mines et les conflits détruisent le paradis des hippies en Sierra Nevada, une région de la Colombie
SAN CRISTOBAL, Venezuela, 4 juin (UNHCR) - La violence qui affecte depuis des années la Colombie ne semble épargner personne, pas même quelques uns des derniers hippies prêchant la paix, l'amour et la liberté dans les espaces naturels où ils sont réfugiés.
Les petites communautés vivant en marge de la société et menant un style de vie alternatif, proche de la nature, sont nombreuses en Amérique latine. Mais, dans les espaces sauvages du nord de la Colombie, le conflit rattrape ces amateurs de paix et de liberté, ainsi que la population indigène avec laquelle ils partagent les montagnes et les forêts.
Ces derniers mois, huit familles ont quitté leur Arcadie, établie il y a près de 30 ans dans la Sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie. Sept familles se sont réfugiées dans des zones urbaines proches, mais Flor del Viento, son compagnon Toro et leurs deux enfants ont décidé de traverser la frontière.
« Une jeune femme, qui était notre amie, se promenait dans la forêt. Elle a marché sur une mine et elle est morte. Un ami indien qui tentait de la secourir a lui aussi marché sur une mine et est mort », raconte Flor. Craignant de subir le même sort et confrontés aux pressions des groupes armés irréguliers actifs dans cette région, ils ont fui au Venezuela, dans l'Etat de Táchira, et ont finalement rejoint San Cristobal à moto.
« Nous avions trois options : prendre les armes, partir ou mourir », dit Toro. « Ils - les groupes irréguliers - pensent que nos jeunes doivent défendre leurs terres avec des armes, mais nous ne voulons pas prendre les armes. » Une grande partie des quelque 30 000 indigènes vivant en Sierra Nevada sont confrontés aux mêmes choix douloureux.
Il été difficile pour Flor et Toro de quitter leur coin isolé de paradis hippie. Situé à trois jours de marche du village le plus proche, ils cultivaient la terre le matin et consacraient leurs après-midi à des activités artistiques. Ils ont suivi l'enseignement des Kankuamos, leurs voisins, qui se considèrent comme les gardiens de la Sierra Nevada de Santa Marta.
Il été difficile pour Flor et Toro de quitter leur lointain paradis hippie. Situé à trois jours de marche du village le plus proche, ils y cultivaient le matin et ils passaient leurs après-midi à des activités artistiques. Ils ont appris de leurs voisins, les Kankuamos, qui se considèrent comme les gardiens de la Sierra Nevada de Santa Marta.
Flor et Toro semblent presque perdus, comme la plupart des quelque 200 000 Colombiens qui ont traversé la frontière avec le Venezuela, ils n'ont pas de documents d'identité, pas de terre et pas de travail. Mais ils ont demandé l'asile et sont déterminés à trouver un nouveau havre de paix pour eux et leurs enfants - Antorcha et Coco.
En attendant la décision de la Commission nationale pour les réfugiés, ils mettent à profit leurs talents artistiques et se sont faits de nouveaux amis grâce à leurs spectacles de théâtre et de chant entraînants et humoristiques qu'ils donnent dans des hôpitaux et des abris autour de Táchira.
Cette activité les a aidés à s'adapter rapidement à leur nouvel environnement où ils trouveront peut-être un jour un terrain. Ils espèrent qu'ils pourront partager leurs connaissances sur l'agriculture biologique avec d'autres fermiers de la région, et subvenir à leurs besoins, durant une série d'ateliers organisés par l'UNHCR dans la région.
La famille a indiqué que les habitants se sont montrés très solidaires. Ils vivent dans une petite pièce que leur a donnée la communauté, qui les a aussi autorisés à entreposer leurs motos dans un bâtiment utilisé pour la soupe populaire distribuée aux personnes âgées ou démunies.
Bien qu'ils aient eu la chance de pouvoir trouver un peu de la paix, de l'amour et de la liberté qu'ils chérissent, ce n'est pas le cas des communautés indigènes qu'ils ont laissées derrière eux en Sierra Nevada. Les Kankuamos, les Kogis, les Wiwas et les Arzarios doivent chaque jour faire face au déclin engendré par le conflit armé en Colombie, mais ils refusent de quitter leur territoire situé dans les régions montagneuses près des Caraïbes.
Par Ligimat Perez à San Cristobal, Venezuela