Le monde de l'éducation s'ouvre à une jeune Somalienne devenue réfugiée
Le monde de l'éducation s'ouvre à une jeune Somalienne devenue réfugiée
MASSAWA, Erythrée, 1er juillet (HCR) - Rien n'a dissuadé la réfugiée somalienne Hali Shukri Ibrahim de sa passion de recevoir une éducation. Pas de mariage précoce forcé, pas de guerre, pas de séparation de ses parents, de son mari ou de son bébé, pas d'exil.
En fait, la jeune femme âgée de 26 ans explique que devenir une réfugiée lui a donné l'opportunité d'étudier et de réaliser ses ambitions. Des objectifs qui, chez elle, à Mogadiscio, la capitale de la Somalie déchirée par la guerre, auraient été limités car elle aurait sans aucun doute élevé une grande famille, dit-elle.
Désormais élève en niveau 12 dans un lycée public érythréen près de sa maison dans le camp de réfugiés d'Umkulu, Hali voit grand. « Je veux travailler dur, aller à l'université et devenir docteur », dit-elle. « Quand je suis venue en Erythrée, je parlais et j'écrivais à peine l'anglais. Maintenant je parle presque couramment et je peux écrire l'anglais. »
C'est son travail pour apprendre l'anglais qui l'a amenée dans cette ville portuaire sur la mer Rouge, où plus de 3 400 autres Somaliens vivent au camp de réfugiés.
Chez elle à Mogadiscio, elle écoutait la BBC pour améliorer son anglais. Un jour en 2008, elle a entendu sur le programme de la BBC intitulé « retrouver ses proches », que ses parents étaient en Erythrée - et qu'ils la cherchaient.
Elle avait été réfugiée avec eux dans ce pays déjà une fois auparavant en 1996, à neuf ans. Mais elle était rentrée dans sa Somalie natale quand des affrontements ont éclaté à la frontière entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Elle avait laissé toute sa famille entière en Erythrée. De retour à Mogadiscio, elle a été mariée à un étranger avant même de finir l'école primaire.
Une fois que son mari a entendu que ses parents la recherchaient, dans un acte d'abnégation, il a décidé de divorcer. Il l'a même aidée à partir seule pour les retrouver. Elle a laissé son fils de deux ans et elle est partie vers Djibouti pour une réunion familiale tant attendue avec ses vieux parents.
La vie au camp de réfugiés de Umkulu lui a apporté un avantage inattendu. Le HCR paye les frais de scolarisation de Hali, pour l'école située à 20 minutes du camp, ainsi que son uniforme et ses frais de transport.
« Je n'imagine rien faire d'autre qu'étudier », explique-t-elle. Aujourd'hui, elle utilise ses nouvelles compétences de langage pour travailler à mi-temps en tant que traductrice anglais-somalien.
Après avoir rejoint ses parents et en recevant une éducation, sa joie s'est encore accrue quand, cinq ans après l'avoir laissé en Somalie, le HCR a fait venir son fils près d'elle. Il est maintenant âgé de sept ans et il reçoit une éducation au camp.
« Ma joie est immense. Avoir mon fils près de moi, c'est me retrouver toute entière, une partie de moi était comme morte », dit Hali. « Je suis heureuse de l'avoir avec moi et de soigner mon père diabétique », ajoute-t-elle. « Bien sûr, je dois jongler entre mon travail à l'école et mes responsabilités familiales, mais je ne me plains pas. »
Dans ce camp, il y a juste une école primaire, à laquelle sont inscrits plus de 1 100 élèves depuis le jardin d'enfants jusqu'au grade 8. Parce qu'il y a moins de 100 élèves en niveau secondaire dans le camp, « ce n'est pas rentable de construire un lycée. C'est pourquoi le HCR préfère que les réfugiés soient scolarisés dans un lycée public », a indiqué Viola Kuhaisa, employée du HCR en charge de l'éducation au bureau régional du HCR à Nairobi. Elle a récemment travaillé avec l'équipe du HCR en Erythrée dans le camp.
Pour Hali, ce n'est pas grave que le lycée soit à l'intérieur du camp ou à une distance de 20 minutes. L'important, c'est son éducation. « Si j'étais en Somalie », dit-elle, « je serai mariée et j'aurais cinq ou six enfants. Je suis éternellement reconnaissante au HCR de me permettre de réaliser mon rêve et ma passion. »