Le HCR se rend auprès de civils déracinés à Sa'ada au Yémen
Le HCR se rend auprès de civils déracinés à Sa'ada au Yémen
SA'ADA, Yémen, 26 mars (HCR) - L'équipe de pays des Nations Unies au Yémen, y compris le délégué du HCR, s'est rendue au nord du pays dans la capitale de la province de Sa'ada en proie à des troubles, et ce pour la première fois depuis le renouveau du conflit entre le gouvernement et les rebelles Al Houti en août dernier. Après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en février, la guerre a été déclarée officiellement terminée vendredi dernier, le 19 mars.
Les membres de cette première mission conjointe se rendant à Sa'ada, composée de représentants des Nations Unies, d'ONG et du gouvernement, ont rencontré les autorités locales pour discuter des besoins globaux de la population dans le gouvernorat de Sa'ada avant une évaluation plus détaillée. Elle a également été l'occasion pour ses participants de se rendre compte par eux-mêmes de la situation des civils déplacés yéménite dans la ville et des conditions pour un retour volontaire et sûr de centaines de milliers de personnes qui avaient été forcées de fuir durant sept mois d'intenses combats.
Plus de 250 000 déplacés internes ont déjà été enregistrés. Avec l'accès désormais possible dans davantage de régions à travers la province de Sa'ada, le Gouvernement yéménite estime aujourd'hui que près de 350 000 personnes sont des déplacés internes du fait de la guerre. Quelque 22 000 d'entre eux se trouvent toujours dans la ville de Sa'ada.
La mission s'est rendue dans la ville de Sa'ada mercredi. Elle a visité six camps accueillant actuellement environ 4 500 déplacés internes. Les camps sont gérés par le Croissant-Rouge yéménite. Les personnes déplacées se trouvant dans la ville de Sa'ada sont accueillies en majorité par la communauté locale, des membres de leur famille, des amis et des voisins. Tous les camps, même ceux abritant un nombre relativement restreint de personnes, sont surpeuplés.
Durant la mission à Sa'ada, le gouvernement a appelé les cheikhs et les dirigeants locaux à jouer un rôle actif dans le processus de stabilisation et à faire respecter l'Etat de droit pour encourager les retours. Les autorités locales se sont félicitées de la présence des agences des Nations Unies et des ONG. Elles ont demandé une aide de la communauté internationale pour la reconstruction et la fourniture d'une assistance répondant aux besoins fondamentaux. Conjointement avec d'autres organisations des Nations Unies, le HCR examine la possibilité de rouvrir son bureau à Saada.
L'équipe a signalé que la ville semblait revenir à la vie car les rues de Sa'ada ont retrouvé leurs piétons et la circulation intense. Toutes les boutiques étaient ouvertes. Le prix des biens de première nécessité, qui avaient augmenté pendant le conflit, baissent désormais progressivement. L'approvisionnement en eau et en électricité s'améliore. Certaines écoles rouvrent.
Le retour à grande échelle, volontaire et sûr vers la province de Sa'ada nécessitera la stabilité et la sécurité ainsi qu'une reconstruction considérable et un effort d'aide rapide. Des maisons ont été endommagées ou détruites dans le gouvernorat de Sa'ada. A la fois les personnes déplacées de retour et celles qui n'ont jamais quitté la province ont besoin d'assistance immédiate avec des vivres et des matériaux de construction de base. Le HCR a préparé des programmes d'assistance et se tient prêt - si les financements le permettent - à aider dans le cadre du processus de retour avec d'autres organisations des Nations Unies, des ONG partenaires et le gouvernement.
Depuis le cessez-le-feu, quelque 200 familles dans trois camps de déplacés à Al Mazrak seraient retournées dans le gouvernorat de Sa'ada. Certains chefs de famille sont allés dans leurs villages pour vérifier l'état de leurs biens, aller chercher des affaires personnelles et revenir ensuite dans les camps. Selon ces personnes déplacées, il n'y a pas de pillage dans la province de Sa'ada, mais le niveau de destruction est significatif.
D'autres personnes déplacées sont temporairement retournées à Sa'ada pour aller chercher des documents personnels leur garantissant l'accès à l'enregistrement et à l'assistance pendant qu'ils sont des déplacés internes. Pendant ce temps, une mission transfrontalière du HCR s'est rendue depuis l'Arabie saoudite dans la région de Mandaba à quelques kilomètres à l'intérieur du Yémen. La mission a constaté que la plupart des 10 000 personnes déplacées qui avaient trouvé abri dans cette localité, sont désormais rentrées dans leurs villages. Seulement 4 000 personnes environ vivent encore dans des camps de fortune.
Selon une évaluation rapide effectuée dans les camps d'Al Mazrak, la plupart des personnes déplacées hésitent à rentrer principalement pour des raisons de sécurité. En général, les civils sont prudents et ils veulent être rassurés sur le fait que le rétablissement de la paix sera durable. Ils craignent également les mines antipersonnel et les munitions non explosées, qui ont causé la mort ou blessé des personnes dans plusieurs quartiers de Sa'ada. Ces tragédies évitables font prendre un caractère d'urgence aux appels du HCR visant à mettre en place un programme d'élimination rapide et intensif des mines antipersonnel dans le nord du Yémen.