Le HCR fait son possible pour gérer les arrivées de réfugiés congolais
Le HCR fait son possible pour gérer les arrivées de réfugiés congolais
BUBUKWANGA, Ouganda, 19 juillet (HCR) - Une semaine après que des civils congolais aient commencé à fuir vers l'ouest de l'Ouganda, le HCR tente d'accéder à des milliers de personnes qui sont toujours dispersées dans cette région frontalière vallonnée et, parallèlement, à gérer la situation dans un centre de transit fortement surpeuplé plus à l'intérieur de l'Ouganda.
Jeudi soir, 15 500 réfugiés avaient déjà été transférés hors de la zone frontalière dangereuse vers le centre de transit de Bubukwanga, où sont assurés la protection et d'autres services. Le centre de transit a une capacité d'accueil initiale de 25 000 personnes, avec la nouvelle allocation d'un terrain de 1,8 hectare par les autorités ougandaises.
Selon la Société ougandaise de la Croix-Rouge qui gère le centre, plus de 66 000 personnes ont fui la semaine dernière les combats sévissant dans la province du Nord-Kivu en RDC entre les troupes gouvernementales et les Forces démocratiques alliées, un groupe rebelle ougandais.
Le HCR et ses partenaires gouvernementaux gèrent une flotte de 15 camions pour transférer les réfugiés et leurs possessions vers le centre de Bubukwanga, situé à plus de 20 kilomètres de la frontière. Les réfugiés ont tous été transférés depuis quatre écoles et environ 5 000 personnes se trouvent désormais dans le site principal, l'école primaire de Butongo.
A Bubukwanga, la Croix-Rouge ougandaise a d'abord monté 229 tentes pour des familles. Puis le HCR a commencé à établir des abris collectifs pour fournir un abri à davantage de personnes et plus rapidement. Déjà 16 abris collectifs ont été installés.
Beaucoup de réfugiés ont indiqué au HCR qu'ils avaient fui pour sauver leur vie, en laissant tout derrière eux. Ils ont passé plusieurs nuits dans la brousse, où des femmes ont accouché. Les personnes ont ensuite marché sur une distance de 15 kilomètres pour atteindre Butongo, où ils avaient très peu de nourriture et où ils ont attendu pour un transfert vers le centre de transit.
A Butongo, une réfugiée, Marinyese Nyota, âgée de 35 ans, a déclaré au HCR jeudi qu'elle avait fui la ville de Bayumba au Nord-Kivu la semaine dernière avec son mari et leurs cinq enfants. Ils ont passé trois nuits dans la brousse, puis trois autres nuits à Butongo. « Nous avons couru sans rien apporter avec nous. Quand les rebelles sont arrivés, personne n'a rien pris, pas même une houe ni de quoi dormir, rien. Vous ne pensez qu'à sauver votre vie pour arriver ici. »
Les réfugiés hébergés dans l'école n'ont reçu ni nourriture ni aide. Les enfants ont la diarrhée. Les conditions d'hygiène et d'assainissement sont dégradées, mais les camions allaient et venaient sans cesse pour transférer des réfugiés vers le centre de transit.
« C'est douloureux pour moi de voir mes enfants qui ne sont pas nourris. Mes enfants vont dormir en étant affamés. Ils souffrent et je pense sans cesse 'que vais-je faire ?' Ces pensées me font mal et je souffre d'hypertension artérielle à cause de mes soucis », a déclaré Marinyese qui, peu après, a fait monter ses enfants dans l'un des camions. Elle a expliqué qu'elle suivrait le vendredi.
Au centre de transit, deux cuisines collectives ont été mises en place, pour fournir trois repas chauds par jour préparés avec des vivres livrés par le Programme alimentaire mondial. Une troisième cuisine est en cours de construction. Près de 80 latrines ont été creusées. A ce jour, il n'y a pas eu d'épidémie.
Grâce aux contributions des partenaires dont l'UNICEF, Médecins Sans Frontières (France), Oxfam et la Fédération luthérienne mondiale, des réservoirs d'eau sont livrés en nombre suffisant au centre de transit. Cependant, le HCR reste préoccupé par l'approvisionnement en eau, alors que le nombre de réfugiés dans le centre est en hausse.
Les enfants âgés de neuf mois à 15 ans sont actuellement vaccinés contre la rougeole et on leur administre des suppléments de vitamine A ainsi que des comprimés de vermifuge. Des équipes médicales identifient également les enfants malades et recherchent tous ceux qui souffriraient de malnutrition après avoir passé une semaine ou plus sans s'alimenter durant la fuite en exil ou leur séjour à la frontière.
Médecins Sans Frontières se rend le long de la frontière pour fournir des soins médicaux et administrer des compléments nutritionnels aux enfants réfugiés parmi ceux qui attendent encore d'être transférés. Le Ministère ougandais de la Santé renforce également le personnel médical et les équipements médicaux dans la région pour aider les réfugiés.
Le centre de transit est destiné à héberger les réfugiés pour une durée qui ne dépassera pas plus de trois semaines. Il est considéré comme sûr, mais le HCR et les autorités identifient d'autres lieux de transfert où les personnes pourront bénéficier d'une protection et se voir allouer des parcelles de terrain à cultiver pour subvenir à leurs besoins ainsi que du matériel pour l'abri et des rations alimentaires.
L'arrivée de milliers de réfugiés a perturbé les classes pendant une semaine dans de nombreuses écoles du district de Bundibugyo, où les réfugiés sont hébergés. Le HCR travaille avec le Bureau du Premier Ministre pour assurer que les classes peuvent reprendre la semaine prochaine.
La planification d'un séjour éventuellement prolongé des réfugiés est en cours. Toutefois, à Lamiya Bridge près de Busunga, le personnel du HCR a vu des centaines de réfugiés rentrer dans l'est de la RDC, jeudi, en portant leurs possessions, y compris des canards et des chèvres. Beaucoup d'autres réfugiés vivent avec des amis ou des proches du côté ougandais. Il n'est pas clair combien restent encore le long de la frontière.
Parallèlement, la reprise des combats cette semaine au Nord-Kivu entre les troupes gouvernementales de la RDC et le mouvement rebelle M23 a poussé 4 200 personnes à fuir vers la capitale provinciale, Goma, selon OCHA (Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires). Les déplacés dorment dans des écoles et des églises à Goma. Selon des employés du HCR, plus de 660 personnes, ayant fui au Rwanda plus tôt cette semaine pour échapper à ces combats, se trouvent toujours dans ce pays. Il n'y a pas eu de nouveaux arrivants depuis lundi.
Par Kitty McKinsey à Bubukwanga, Ouganda