Des villageois centrafricains isolés réclament des conditions minimales de sécurité et l'eau potable
Des villageois centrafricains isolés réclament des conditions minimales de sécurité et l'eau potable
BANGUI, République centrafricaine, 26 août (HCR) - Des employés du HCR ont trouvé plus de 2 000 civils déplacés vivant dans des conditions effroyables à environ 400 kilomètres au nord de Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA). Ils sont malades, malnutris et ils sont forcés de boire dans des points d'eau où s'abreuve leur bétail.
« J'ai travaillé auprès d'un grand nombre de personnes déplacées internes et de réfugiés en RDC (République démocratique du Congo), au Tchad et en Côte d'Ivoire. Toutefois je n'ai jamais vu personne vivant dans de telles conditions », a expliqué Annika Sjoberg, fonctionnaire adjoint en charge de la protection à Bangui, l'une des premières personnes s'étant entretenues avec des villageois.
Isolées depuis des mois à cause de l'insécurité, ces personnes déplacées internes, qui sont principalement de l'ethnie ngamas de Kabo, ont indiqué avoir fui les attaques menées contre leurs maisons par divers groupes armés d'abord en novembre et de nouveau en avril. Ils vivent désormais dans les villages de Bokayanga, Kengar, Gonkira, Gbaizara et Batangafo près de la petite ville de Kabo.
Des employés du HCR ont pu se rendre auprès de ces personnes déplacées durant la deuxième semaine d'août seulement, dans le cadre d'une mission inter agence. Le personnel humanitaire a fait état de l'accès très limité des déplacés à l'eau potable. Certains déplacés sont parfois obligés de boire dans des points d'eau où s'abreuve leur bétail sur des terrains libres.
Ils vivent dans des huttes de terre et ils sont confrontés à de graves risques sanitaires du fait de la pénurie d'eau et d'équipements d'assainissement. La diarrhée et le paludisme affectent un grand nombre d'entre eux. Il est possible de recevoir des soins de santé de base à Kabo, toutefois le trajet à pied est très long entre cette ville et les lieux où ils se trouvent actuellement. La plupart de leur nourriture a été détruite par des sauterelles ou volée par des bandits armés.
Par ailleurs, les déplacés ont fait part au HCR de viols généralisés, de meurtres, d'arrestations arbitraires, de torture et de destruction de biens. Ils ont indiqué que ces atrocités sont majoritairement perpétrées par des éleveurs de bétail armés mais également par des bandits et d'autres groupes armés dans la zone, y compris des soldats des troupes gouvernementales.
Annika Sjoberg a indiqué qu'elle s'était entretenue avec des proches de deux jeunes filles âgées de 12 ans qui ont été violées ; l'une lorsqu'elle allait chercher de l'eau et l'autre au sein de la maison familiale devant ses parents. « Lors de la discussion avec ces femmes et ces hommes, je pouvais véritablement ressentir leur colère et leur désespoir », a-t-elle ajouté.
Aucun affrontement n'est survenu dans et autour de Kabo depuis juillet, lorsque les forces gouvernementales et le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) ont conclu un accord de paix qui a permis l'amélioration de l'accès humanitaire vers cette zone.
Malgré cela, les déplacés disent avoir peur de rentrer dans leurs villages d'origine à cause du harcèlement continu auquel ils sont exposés de la part d'éléments armés. Ils ont instamment demandé à accéder à l'eau potable, à la nourriture, à l'éducation, à une protection gouvernementale contre les éleveurs de bétail armés et à la sécurité. Ils indiquent par ailleurs qu'ils veulent des bâches en plastique pour couvrir leurs abris temporaires pendant qu'ils reconstruisent leurs maisons.
Le HCR espère que l'accalmie des combats va continuer afin de pouvoir fournir une assistance à ces personnes. L'agence a par ailleurs demandé à des organisations médicales d'envoyer des dispensaires mobiles pour venir en aide aux familles.
Plus de 125 000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, auraient été forcées de fuir leurs maisons dans le nord de la République centrafricaine depuis 2005. Un autre groupe de 137 000 personnes sont des réfugiés dans des pays voisins, au Tchad et au Cameroun. Le HCR a assuré une aide aux déplacés dans la zone de Kabo depuis 2007, lors de l'ouverture d'un bureau à Kaga-Bandoro situé dans les environs.