Des civils pakistanais généreux aident leurs concitoyens déplacés
Des civils pakistanais généreux aident leurs concitoyens déplacés
ISLAMABAD, Pakistan, 26 mai (UNHCR) - Un afflux sans précédent de personnes déplacées par les combats dans le nord-ouest du Pakistan suscite un élan de générosité de la part des civils pakistanais.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui fournit une assistance à des dizaines de milliers de personnes déplacées dans les camps et ailleurs dans la communauté où ils ont trouvé refuge, est témoin de nombreux actes de charité accomplis par des particuliers.
Dans le camp de Jalozaï dans la Province frontière du Nord-Ouest, par exemple, un donateur a donné suffisamment de farine, de sucre, d'épices, de thé et de sirop aromatisé pour plus de 2 400 personnes.
Ailleurs, des citoyens apportent de la nourriture, des vêtements et des matelas pour des milliers de familles qui sont hébergées dans des écoles. Une femme, habitant à Islamabad mais originaire du district de Mardan dans la Province frontière du Nord-Ouest, se rend tous les week-ends dans sa ville natale où elle rapporte de l'argent en espèces qu'elle a collectée auprès de ses amis dans la capitale pour les personnes déplacées se trouvant dans les écoles. Elle apporte aussi des vêtements et du thé.
« Toute notre famille participe à cette opération », a-t-elle expliqué au HCR en début de cette semaine. « Nous avons aussi invité toutes les familles qui sont originaires de Mardan et qui vivent à Islamabad à nous donner de l'argent en espèces pour que nous puissions acheter des articles qui aideront des déplacés internes », a ajouté la femme.
« Nous ne regretterons jamais de leur avoir ouvert notre porte », a expliqué une autre femme à Mardan, dont la famille accueille huit personnes déplacées dans leur salle commune et leur fournit de la nourriture et des matelas. « Nous sommes tous des concitoyens. »
La période est difficile dans le nord du Pakistan. Selon des sources gouvernementales provinciales, le nombre des personnes déplacées originaires des districts de Swat, de Lower Dir et de Buner qui ont été enregistrées depuis le 2 mai dans le cadre d'une procédure rapide a maintenant atteint plus de 2.38 millions, bien que ces chiffres soient sujets à modification lors de la deuxième étape de la procédure de vérification.
En moyenne, quelque 18 000 familles, soit 126 000 personnes, sont enregistrées chaque jour dans ces districts. Un grand nombre de civils pakistanais sont toujours pris au piège dans la zone de conflit. A chaque fois que le gouvernement lève le couvre-feu, des milliers d'entre eux se précipitent pour fuir.
Le prix du trajet en bus depuis Mingora, dans le district de Swat, vers Mardan a triplé (de 2 000 roupies / 24 dollars à 6 000 roupies / 74 dollars), selon les personnes qui s'échappent de la zone. Un vieil homme originaire de Barikot dans la vallée de Swat, qui est arrivé mardi avec sa famille dans le district de Mardan, a indiqué qu'il avait été forcé de vendre sa seule vache - pour moins d'un quart du prix auquel il l'avait payée - afin de pouvoir payer le prix du billet depuis son village vers un lieu plus en sécurité.
Environ 10 pour cent des déplacés vivent dans des camps et le reste est hébergé chez des amis ou dans des bâtiments publics. Le HCR fournit une aide aux personnes accueillies dans les camps ainsi qu'à celles qui vivent en dehors des camps.
Pour abriter les personnes contre la chaleur, le HCR travaille avec les autorités gouvernementales pour construire des salles communes protégées du soleil et séparées pour les hommes et pour les femmes dans les camps de Jalala, de Sheikh Shahzad et de Yar Hussein. A Sheikh Shahzad, par exemple, des travailleurs ont établi 14 zones ombragées communes, la moitié pour les hommes et l'autre pour les femmes. Dans ces lieux où l'électricité a déjà été installée, des espaces communs disposent de distributeurs d'eau réfrigérée, et de trois autres prises électriques pour pouvoir brancher des ventilateurs, des luminaires et des chargeurs pour les téléphones portables par exemple.
Le HCR a commencé à distribuer des briques à chaque famille pour construire des fours individuels dans les camps de Yar Hussain, de Jalala, de Sheikh Yaseen, de Sheikh Shazad et de Jalozaï. Les fours permettront aux personnes déplacées de faire cuire leurs propres repas avec les rations fournies par le Programme alimentaire mondial. Jusqu'à présent, le gouvernement fournissait des repas cuisinés grâce à des entreprises privées. Le HCR travaille conjointement avec son partenaire, le Communal Development Programme.
Le HCR accélère aussi son opération d'assistance aux personnes résidant dans des écoles des districts de Mardan et de Swabi. Dans la zone de Mardan, des équipes du HCR ont pratiquement achevé l'évaluation de la situation dans 448 écoles. Une distribution d'articles de secours - dont des jerrycans, des seaux, des batteries de cuisine, des matelas et des couvertures - est en cours pour 4 500 familles, soit près de 37 000 personnes.
Samedi, des biens de secours du HCR pour son opération dans le nord-ouest du Pakistan ont été préparés pour une expédition de 36 tonnes - comprenant des tentes, des rouleaux de plastique, des batteries de cuisine, des jerrycans, du savon, des générateurs, des réservoirs et du matériel de purification d'eau - acheminée par avion vers Islamabad par le Gouvernement italien.
Parallèlement, un centre de collecte humanitaire (Relief Bank) mis en place par le HCR à Nowshera a commencé à recevoir des dons en nature de la part de donateurs privés, allant de matelas à des distributeurs d'eau réfrigérée.
Le HCR poursuit l'achat d'articles de secours supplémentaires au sein même du Pakistan ainsi que l'acheminement depuis des stocks situés à travers le monde. Toutefois, le HCR a besoin de recevoir d'urgence des fonds pour accélérer l'achat d'articles de secours pour son opération. Vendredi, dans le cadre d'un appel conjoint global des Nations Unies, le HCR a publié un appel de fonds s'élevant à 84 millions de dollars pour son opération d'aide aux personnes déplacées dans le nord-ouest du Pakistan jusqu'à fin 2009.
Pour une femme comme Kharo, une fonctionnaire qui a fui son village de la vallée de Swat et qui est maintenant hébergée avec sa famille dans une école à Mardan, l'assistance des Pakistanais et du HCR est arrivée très rapidement. « Je suis si heureuse que les habitants de Mardan nous fournissent de la nourriture », a-t-elle dit.
Par Ariane Rummery à Islamabad et Hélène Caux à Peshawar, Pakistan