Des centaines de personnes sont en danger dans l'ouest de la Colombie, prévient le HCR
Des centaines de personnes sont en danger dans l'ouest de la Colombie, prévient le HCR
BOJAYA, Colombie, 4 avril (UNHCR) - Quelque 250 Colombiens cernés par les combats entre des groupes armés irréguliers ont fui leur communauté de Bojaya, dans l'ouest de la Colombie. Cela porte à plus de 2 000 le nombre de personnes de la région déplacées ces dernières semaines. L'UNHCR a envoyé une équipe sur place pour évaluer la dégradation de la situation humanitaire.
Les combats opposant les groupes armés se déroulent à présent dans la campagne aux alentours de Bellavista, la capitale municipale de Bojaya, dans la province de Chocó. La ville est tristement célèbre pour le massacre de mai 2002 au cours duquel 119 personnes, réfugiées dans une église, furent tuées par les tirs des guérillas des FARC (les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) et des paramilitaires des AUC (Autodefensas Unidas de Colombia).
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a averti à maintes reprises de la dégradation de la situation humanitaire dans la région de Bojaya, et appelé le gouvernement colombien et la communauté internationale à agir sans délai pour éviter un possible désastre humanitaire.
Samedi, quelque 250 des 350 habitants afro-colombiens de Pogue, sur la rivière Bojaya, se sont enfuis à Bellavista, escortés par les autorités colombiennes du bureau du Médiateur (Ombudsman) et du bureau du Procureur général, ainsi que de représentants d'associations de la communauté. Ils avaient été cernés par les combats entre groupes armés irréguliers ces deux dernières semaines.
Les arrivants du week-end s'entassent chez leurs parents - certaines maisons hébergent jusqu'à 45 personnes. Ils ont reçu un peu de nourriture de la municipalité.
Vu les privations et l'insécurité que la présence sur leurs terres de groupes armés irréguliers leur fait endurer, quelque 4 000 indigènes des communautés Embera et Wounaan, sur les rives des rivières Cuia et Bojaya, courent un grand risque d'être bientôt déplacés à leur tour.
Des indigènes ont confié aux agents de terrain de l'UNHCR que des groupes armés irréguliers actifs dans la région avaient instauré un embargo sur la nourriture, les médicaments, et d'autres denrées essentielles, en privant ainsi leurs villages. Quelque 150 indigènes qui se sont rendus récemment à Bellavista pour y chercher des provisions n'ont pu rentrer chez eux à cause des barrages. D'autres ont subi les harcèlements et les intimidations des groupes armés, qui ont tiré en l'air, et menacé de tuer les hommes et de violer les femmes.
Vendredi, une équipe de l'UNHCR s'est rendue à Bellavista pour répondre à la situation critique dans la région. L'agence conservera une présence temporaire dans cette zone grâce à des missions régulières pour surveiller les développements et pour aider à coordonner l'aide humanitaire avec les autorités.
Avant les arrivées de ce week-end, il y avait déjà à Bellavista 1 700 personnes déplacées depuis février. Elles vivent dans des logements surpeuplés, avec un accès limité aux soins de santé et à l'éducation. Beaucoup d'entre elles ont été hébergées dans les bâtiments de l'école de cette ville, ce qui a provoqué l'interruption des cours pour les enfants du coin. Ils n'ont pas eu de leçons depuis la mi-février. En tout, plus de 600 enfants ne peuvent suivre un enseignement normal à cause du manque de locaux et de la pénurie de professeurs, qui ont fui à Quibdó.
En collaboration avec les autorités locales et d'autres agences des Nations Unies, l'UNHCR construit actuellement quatre logements provisoires pour héberger les personnes déplacées. Le but est de réduire la surpopulation et de permettre aux enfants de retourner à l'école. Ces logements devraient être prêts pour la fin de la semaine.
Pendant ce temps, les cas de diarrhée, de malaria, de maladies sexuellement transmissibles et d'infections aiguës des voies respiratoires augmentent toujours parmi les communautés déplacées.
Des milliers de personnes ont fui la région de Bojaya après le massacre de mai 2002. Des centaines de personnes ne sont pas encore rentrées chez elles. Depuis lors, 8 vagues de déplacement de grande ampleur ont eu lieu dans la région à cause des affrontements entre les différents groupes armés et avec l'armée colombienne.
L'UNHCR réitère son appel à toutes les parties du conflit colombien pour qu'elles respectent les principes du droit international humanitaire ainsi que la population civile, et qu'elles garantissent la sécurité des travailleurs humanitaires.
Par William Spindler et Gustavo Valdivieso, UNHCR Colombie