De jeunes Suédois financent l'éducation de réfugiées au Rwanda
De jeunes Suédois financent l'éducation de réfugiées au Rwanda
STOCKHOLM, Suède, 26 mars (UNHCR) - Environ 900 000 dollars ont été collectés par des adolescents suédois. Cette somme va permettre aux jeunes femmes réfugiées au Rwanda de gagner en indépendance et en autonomie.
Deux jeunes Suédoises, Nadia Chakir et Enna Gerin, se sont récemment rendues au camp de Gihembe pour se rendre compte du projet d'éducation, mené par l'UNHCR, actuellement implémenté grâce aux fonds collectés durant la campagne annuelle « Operation a Day's Work » par 80 000 élèves dans 250 lycées à travers la Suède.
Nadia Chakir et Enna Gerin travaillent pour l'Organisation des étudiants suédois, qui mène chaque année une campagne de collecte de fonds pour financer un projet d'éducation dans un pays en voie de développement. Le projet de cette année, mis en oeuvre à Gihembe et trois autres camps au Rwanda, est implémenté par FAWE (Forum des éducatrices africaines), une organisation partenaire de l'UNHCR.
« C'est la meilleure visite de suivi qu'ait jamais pu mener notre organisation », a indiqué Enna Gerin avec enthousiasme à son retour à Stockholm. « Tout se passe en douceur et efficacement ; chacun est pleinement impliqué et engagé dans le projet. »
La jeune femme a pu se rendre compte de la façon dont les fonds suédois sont utilisés, pour payer les frais de scolarité dans les écoles primaires et secondaires, les livres et les uniformes de 3 500 jeunes filles, dans les camps de Gihembe, Kiziba, Nyabiheke et Kigeme. Le projet vise également à aider plus de 500 élèves qui ont abandonné leurs études, dont quelques jeunes mamans, en leur apprenant à lire et à écrire ainsi qu'en organisant des formations techniques comme la couture, le tricot, la coiffure, la cuisine et l'artisanat.
FAWE a établi les clubs Tuseme (prendre la parole) dans les camps, où les enseignants et les élèves - à la fois les garçons et les filles - se rassemblent pour identifier et faire tomber les barrières à l'éducation des filles. Ces clubs aident les filles à gagner leur indépendance et visent à sensibiliser les autres à l'importance de l'éducation pour tous.
Odette Mukazi Mutanguha, coordinatrice de FAWE au Rwanda, est passionnée par le droit des femmes et les problèmes de disparité entre les sexes. Elle a plusieurs fois évoqué avec ses visiteurs les inégalités auxquelles sont confrontées les femmes dans cette partie de l'Afrique et elle a indiqué qu'avec une solide éducation, les femmes ont un avenir meilleur.
Annette Rita Nyekan, déléguée de l'UNHCR au Rwanda, a confirmé que « l'importance de la scolarité pour ces jeunes ne peut être sous estimée. Alors que les enfants et les jeunes sont confinés dans un camp, l'école donne un sens à leur vie. L'éducation les prépare aussi à la vie après le camp », a-t-elle dit.
Nadia Chakir et Enna Gerin ont indiqué que, lors de leur visite, la salle de classe de l'école secondaire de Giheme était pleine de jeunes mères penchées sur leurs nouveaux cahiers de mathématiques. Les jeunes Suédoises avaient participé auparavant à des cours de cuisine, de coiffure et de couture.
« Il est important pour nous d'apprendre car nous deviendrons plus indépendantes et nous pourrons subvenir aux besoins de notre famille. Avec ces nouveaux cahiers, nous pourrons faire nos devoirs et même bientôt enseigner à nos enfants », leur a dit l'élève Nyirakadamagye Avioinsiatz.
Odette Mukazi Mutanguha a expliqué que le défi le plus important auquel est confronté le projet FAWE était de réduire le nombre des abandons scolaires, « qui amènent souvent à des grossesses et, dans le pire des cas, à la prostitution. » Elle a ajouté que l'éducation des jeunes et les programmes de formation professionnelle ont donné une nouvelle chance aux jeunes mères.
Enna Gerin a été impressionnée par la façon dont FAWE utilise les fonds suédois. « FAWE est le meilleur partenaire pour mener ce projet. Ils travaillent efficacement et font tout leur possible pour utiliser au mieux le moindre dollar collecté », a-t-elle dit.
Nadia Chakir a noté les progrès effectués depuis sa première visite dans le camp en 2005 au cours de laquelle elle avait recueilli des données pour la campagne de collecte de fonds en Suède. « La dernière fois, la plupart des filles étaient timides et réservées, mais il est notable de voir maintenant comment elles arrivent discrètement mais sûrement à se faire une place pour exprimer leurs opinions », a-t-elle dit.
« Ce projet les aide à élargir leurs horizons. C'est bien, mais aussi émouvant, de voir la différence que cela peut faire dans leur vie. C'est une grande responsabilité », a-t-elle conclu.
Par Anna Leer à Stockholm, Suède