Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Accroissement des tensions au Nord-Kivu : des Congolais fuient leurs villages

Articles et reportages

Accroissement des tensions au Nord-Kivu : des Congolais fuient leurs villages

A nouveau, des Congolais fuient leurs maisons au Nord-Kivu, à cause des tensions et de la terreur qui reprennent dans cette province frontalière de la région orientale de la République démocratique du Congo (RDC).
3 septembre 2007 Egalement disponible ici :
Un groupe de personnes déplacées fuient la région de Masisi, au Nord-Kivu, en direction de Mugunga.

MUGUNGA, République démocratique du Congo, 3 septembre (UNHCR) - A nouveau, des Congolais fuient leurs maisons au Nord-Kivu, à cause des tensions et de la terreur qui reprennent dans cette province frontalière de la région orientale de la République démocratique du Congo (RDC).

Au début de la semaine dernière, Petronilla Nsiya a vécu l'horreur en direct : elle a vu des hommes armés arriver à Sake, son village. Ils ont fait sortir de force son voisin de sa maison, ils l'ont attaché à un arbre puis l'ont massacré. L'épouse de cet homme a été tuée d'une balle dans l'estomac.

« Après avoir vu ce qu'ils ont fait à nos voisins, nous avons décidé de partir. On entendait des échanges de tirs au loin. J'ai pris mes enfants et nous avons couru pour sauver notre vie », raconte cette femme de 40 ans, mère de quatre enfants, qui a fui sa maison quatre fois au cours des dix derniers mois. Elle a trouvé abri dans une école, près de Mugunga.

Des milliers d'autres civils congolais ont également fui les tensions croissantes et les attaques contre leurs villages dans le Nord-Kivu, et encore davantage de déplacements de population sont à craindre.

Les attaques ont été attribuées à plusieurs groupes rebelles tels que les Forces démocratiques de libération du Rwanda, la milice Maï-Maï et les soldats alliés de Laurent Nkunda, qui a récemment retiré ses hommes de l'armée nationale, violant les accords de paix pour mettre un terme à la violence au Nord-Kivu. Les soldats gouvernementaux ont aussi été mis en cause.

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a participé dimanche à une équipe inter agence qui a rencontré des groupes de personnes récemment déplacées, qui se dirigeaient vers Sake et Mugunga - où se trouve un site pour déplacés internes - après avoir fui leurs villages dans la région de Masisi, au Nord-Kivu.

A la fin du mois d'août, Mugunga accueillait quelque 9 000 déplacés internes. Selon le responsable du site de déplacés, qui est lui-même un déplacé interne, les chiffres ont doublé à cause de l'afflux récent de gens fuyant leurs villages.

Quelques-uns, comme Petronilla Nsiya, ont fui après les attaques portées contre leur village, alors que d'autres sont partis après avoir entendu parler de combats dans les environs. Le 27 août, par exemple, des informations sur une attaque visant des soldats gouvernementaux à Mushake, près de Sake, ont semé la panique dans la région et ont fait fuir des centaines de villageois terrifiés à la recherche de sécurité.

Petronilla Nsiya et ses enfants ont fini par se joindre à une colonne de 600 à 800 personnes qui ont fui depuis Sake vers Goma. Avec d'autres familles, elle a campé dans l'école primaire des Grands Lacs, située à environ 500 mètres du site accueillant des déplacés à Mugunga, à 15 kilomètres à l'ouest de Goma. Quelques-uns n'avaient rien d'autre que les vêtements qu'ils portaient.

« Quand vous entendez des tirs, vous ne pensez pas à vos biens. Vous prenez juste vos enfants avec vous et vous partez », a expliqué une femme. « Vous ne fermez même pas la porte derrière vous », a-t-elle ajouté.

Les déplacés ont expliqué qu'ils avaient dû abandonner leurs possessions. Leur bétail, leurs chèvres et leurs cultures ont été volés par les hommes armés qui ont attaqué plusieurs villages dans le Nord-Kivu. « La nuit, les gens dorment dans la brousse. S'ils vous trouvent dans la maison, ils vous tuent, notamment si vous n'avez rien à leur donner », a ajouté un villageois.

Le site voisin de Mugunga, accueillant des déplacés, est un océan de bâches en plastique vertes couvrant les huttes posées sur des morceaux de roche volcanique. Les déplacés ici témoignent des mêmes scènes de violences commises par des groupes armés que leur compatriotes hébergés dans l'école.

« Des hommes armés nous ont attaqués et ont pillé notre nourriture. Si vous n'avez pas de nourriture, ou d'argent, ou même de bétail, ils vous tuent. Lorsque nous avons fui pour venir ici l'année dernière, ils ont brûlé nos maisons. Nous n'avons plus de foyer. Nous n'avons plus rien », a expliqué Mangaiko Matogari, de la communauté pygmée.

Mangaiko Matogari a fui sa maison à Ngungu, dans le district de Masisi en novembre dernier. Sa femme et ses trois enfants travaillent dans des fermes du voisinage en échange de nourriture, pour compléter les rations reçues des agences des Nations Unies.

Les Nations Unies estiment que plus de 180 000 Congolais ont été déplacés de leurs maisons depuis décembre 2006 dans la province du Nord-Kivu, en proie à une anarchie croissante. De nombreux déplacés habitent chez des familles d'accueil, mais cette solution n'étant plus possible, de plus en plus doivent trouver abri dans des sites spécifiques.

Vu le nombre croissant de personnes hébergées dans les sites de déplacés, l'UNHCR forme les communautés de déplacés à devenir de plus en plus autonomes.

Par Millicent Mutuli à Mugunga, République démocratique du Congo