La politique d'accueil de l'Ouganda permet aux réfugiés congolais de s'épanouir
La politique d'accueil de l'Ouganda permet aux réfugiés congolais de s'épanouir

Mahoro Florence, réfugiée congolaise, vit dans le camp de réfugiés de Rwamwanja en Ouganda où elle conduit une moto-taxi tout en élevant des poulets et en cultivant du riz.
Récemment, un samedi matin, alors que le soleil se levait à peine, un chœur de voix féminines a retenti sur les collines du camp de réfugiés de Rwamwanja, dans le sud-ouest de l'Ouganda.
Récemment, un samedi matin, alors que le soleil se levait à peine, un chœur de voix féminines a retenti sur les collines du camp de réfugiés de Rwamwanja, dans le sud-ouest de l'Ouganda.
Pour Mahoro Florence et des dizaines de ses camarades agricultrices, ces collines sont devenues un refuge et un lieu d'espoir. Ces femmes, dont certaines ont des bébés attachés dans le dos, chantent à l'unisson tout en arrachant les mauvaises herbes d'un champ de riz. « La plupart d'entre nous sont des mères célibataires », explique Florence, Congolaise de 38 ans et mère de huit enfants.
« Ici, les gens nous ont accueillies avec beaucoup d'amour. Lorsque nous sommes arrivées en Ouganda, [le gouvernement] nous a donné des terres pour construire nos habitations et des articles non alimentaires pour nous aider à nous installer. Nous avons également reçu des rations alimentaires », explique-t-elle.
Lorsqu'il s'est agi de subvenir à ses besoins, le gouvernement ougandais a, une fois de plus, aidé Florence et les autres femmes de son collectif d'agricultrices à s'en sortir. « Le gouvernement nous a donné des terres où nous cultivons du riz que nous vendons. »

Mahoro Florence (au centre avec l'écharpe rouge) avec d'autres femmes réfugiées qui ont formé un collectif de rizicultrices sur des terres qui leur ont été données par le gouvernement ougandais.
Fuir la violence
Un tel climat de stabilité et de sécurité était inconcevable pour Florence lorsqu'elle a été forcée de fuir son village de Rutshuru, dans l'est de la République démocratique du Congo, en 2018, alors que sa famille avait été victime de violences terribles. Elle s'est enfuie en Ouganda après une série d'intimidations de la part d'hommes armés, qui ont enlevé son mari pour obtenir une rançon et ont ensuite menacé d'emmener ses enfants.
« Ils capturaient les gens et les enrôlaient de force dans leur groupe rebelle », raconte Florence. « Si vous refusiez, ils vous kidnappaient et vous emmenaient dans la forêt. Si vous n'aviez pas d'argent, ils vous tuaient. »
L'Ouganda accueille aujourd'hui plus de 1,7 million de réfugiés et de demandeurs d'asile - plus que tout autre pays d'Afrique. Il s'agit du troisième pays d'accueil au monde. Sa politique d'accueil est devenue un modèle en matière d'inclusivité et de réponses durables aux arrivées de réfugiés.
Cette politique progressiste, qui permet aux réfugiés d'accéder aux services publics, notamment à l'éducation et aux soins de santé, et qui leur fournit des parcelles de terre pour le logement et la culture à petite échelle, a valu à ce pays d'Afrique de l'Est d'être plébiscité dans le monde entier.
Cependant, l'afflux continu de nouveaux arrivants exerce une pression considérable sur le pays. Au cours des trois dernières années, 10 000 personnes en moyenne par mois ont trouvé refuge en Ouganda. Ces arrivées soutenues entraînent une surpopulation dans les écoles et les centres de santé qui accueillent à la fois les réfugiés et les membres des communautés d'accueil.
La générosité mène à l'autonomie
Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, travaille aux côtés du gouvernement ougandais pour renforcer son soutien aux réfugiés, par exemple en améliorant l'accès aux moyens de subsistance pour les personnes déracinées et les communautés d'accueil.
« Pour les familles de réfugiés que j'ai rencontrées et qui vivent à Rwamwanja depuis plusieurs années, les politiques de l'Ouganda ont permis d'ouvrir des voies importantes en leur permettant d'être autonomes », affirme le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, qui s'est récemment rendu dans le pays.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi (à l'arrière au centre) s'entretient avec Mahoro Florence, une réfugiée congolaise et chef d'entreprise, chez elle, dans le camp de réfugiés de Rwamwanja, en Ouganda.
« Le fait d'accorder aux réfugiés un accès à la terre, à la scolarisation, aux soins de santé, à la formation professionnelle et à l'emploi stimule l'économie locale au bénéfice de tous, y compris des Ougandais. Ce modèle permet aux réfugiés de contribuer de manière significative au bien-être de la société et devrait être une source d'inspiration pour tous », ajoute Filippo Grandi.
« Nous ne devons pas considérer la générosité de l'Ouganda et sa contribution au bien-être collectif comme allant de soi », prévient-il cependant. Le chef du HCR appelle les donateurs, les partenaires de développement et le secteur privé à soutenir le gouvernement ougandais. « L'Ouganda ne peut pas faire face seul à cette situation. Une mobilisation collective est nécessaire pour que ce modèle d'inclusion soit réellement durable », conclut-il.
Se soutenir mutuellement
Après une journée de travail harassant, Florence et les autres femmes se sont retrouvées chez elle pour leur réunion hebdomadaire au cours de laquelle chaque membre du collectif contribue à une cagnotte commune à partir de laquelle des prêts peuvent être accordés, par exemple pour investir dans une activité commerciale ou pour l'achat de nourriture ou de vêtements.
« Nous gardons également de l'argent de côté pour acheter des pesticides pour la ferme », explique Florence, ajoutant que la réunion est plus qu'une initiative d'épargne, c'est aussi l'occasion d'échanger sur les défis auxquels elles font face et sur les expériences qu'elles vivent. « Lorsque nous sommes ensemble, nous oublions les difficultés auxquelles nous sommes confrontées dans nos foyers. Nous guérissons des traumatismes que nous avons subis. »
Florence a saisi toutes les opportunités qui s'offraient à elle et a considérablement amélioré sa vie depuis son arrivée en Ouganda. Outre l'exploitation de la rizière collective, elle élève des poulets qu'elle vend sur le marché local et a investi dans une moto-taxi.
Aujourd'hui, ses rêves vont au-delà de la simple survie. « Mes enfants sont ma force et ma source d'inspiration. Je veux qu'ils bénéficient d'une éducation de qualité et d'un emploi décent », affirme Florence. « J'ai beaucoup souffert, et je ne veux pas que mes enfants connaissent les mêmes souffrances. Je veux qu'ils aient un avenir brillant. »