Vive inquiétude du HCR suite à l'attaque d'un camp au Darfour
Vive inquiétude du HCR suite à l'attaque d'un camp au Darfour
Genève, vendredi le 29 septembre 2005
L'UNHCR a fait part de sa vive inquiétude, aujourd'hui jeudi, suite à l'attaque sans précédent perpétrée à l'encontre d'un camp abritant des milliers de déplacés internes dans la région du Darfour, à l'ouest du Soudan, et qui aurait fait 29 morts et 10 blessés graves.
Selon les premiers rapports reçus par l'UNHCR, 250 à 300 hommes cavaliers arabes armés, à cheval et à dos de chameau, ont attaqué le camp d'Aro Sharow, dans la partie nord de l'ouest du Darfour mercredi après-midi, acculant des milliers d'habitants du camp à la fuite dans cette région dangereuse et instable. Les agresseurs auraient mis le feu à environ 80 abris de fortune - soit près d'un quart des habitations du camp.
Aro Sharow est situé à 16 kilomètres au nord de la ville de Saleah. Entre 4 000 et 5 000 déplacés soudanais auraient trouvé refuge dans ce camp dont la plupart se seraient enfuis pour se cacher dans les alentours. Le village de Gosméina, qui se trouve à proximité, aurait également été attaqué et incendié. Les premiers rapports font état de 29 morts et de 10 blessés graves.
Le Haut Commissaire António Guterres a demandé au gouvernement soudanais de faire tout ce qui était en son pouvoir pour assurer la protection des déplacés du Darfour.
« Tant que l'insécurité persiste, la communauté internationale ne peut pas fournir l'assistance dont des centaines de milliers de personnes ont désespérément besoin », a déclaré M. Guterres. « Il incombe au gouvernement du Soudan de garantir la sécurité de tous ses citoyens. »
L'UNHCR, qui a pour tâche d'assurer la protection des personnes déracinées dans l'ouest du Darfour, a trois bureaux dans la région, et prévoit d'en ouvrir cinq autres. Mais les Nations Unies n'ont pu se rendre dans la région du Jebel Moon, dans les alentours d'Aro Sharow, depuis plusieurs mois en raison de l'insécurité permanente. Une équipe de l'UNHCR a toutefois visité le camp en octobre dernier. Plusieurs habitants de la région de Jebel Moon avaient déjà pris la fuite vers la frontière tchadienne en 2003 et 2004, puis étaient retournés à Jebel Moon en mai 2004 suite à l'annonce officielle d'un accord de paix.
Les humanitaires qui connaissent bien cette région ont expliqué que les résidents d' Aro Sharow restaient dans le camp la nuit pour des raisons de sécurité, mais retournaient dans leurs villages durant la journée pour cultiver leurs champs.
L'attaque perpétrée mercredi intervient dans la foulée d'une série d'incidents qui se sont produits dans l'ensemble du Darfour. L'UNHCR craint que l'escalade progressive et continue de l'insécurité n'empêche la distribution de secours de première nécessité à des milliers de déplacés internes au Darfour et ne les incite à fuir de nouveau - probablement au Tchad voisin, qui se trouve déjà confronté à la présence de plus de 200 000 réfugiés en provenance du Soudan.
Le Darfour compte en tout environ 2 millions de déplacés dont 715 700 dans l'ouest de la région, 770 800 dans le sud et 480 000 autres dans le nord.