Les réfugiés du Sahara Occidental attendent l'aide dans des camps désertiques
Les réfugiés du Sahara Occidental attendent l'aide dans des camps désertiques
Deux grandes agences humanitaires de l'ONU ont aujourd'hui lancé un appel aux pays donateurs, leur demandant de faire don d'au moins 1,2 million de dollars par mois, principalement en vue de fournir une aide alimentaire requise d'urgence par les réfugiés du Sahara occidental qui se trouvent dans des camps isolés au sud-ouest de l'Algérie.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont demandé aux pays donateurs de maintenir un niveau d'aide adéquat en faveur des réfugiés du Sahara occidental, depuis 26 ans en exil dans des camps arides en attendant qu'une solution politique soit trouvée.
Quelque 155 000 réfugiés du Sahara occidental, qui vivent depuis 1976 dans quatre camps dans une région désertique près de Tindouf, au sud-ouest de l'Algérie, et dépendent de l'aide extérieure, ont souffert des coupures budgétaires du HCR ainsi que d'un financement irrégulier des opérations d'aide alimentaire du PAM. Entre-temps, les discussions se poursuivent entre les parties impliquées dans le conflit territorial, à propos de l'avenir de l'ancien territoire espagnol situé sur la côte atlantique de l'Afrique.
« Les réfugiés du Sahara occidental ont grand besoin de recevoir régulièrement une aide adéquate », a déclaré Athar Sultan-Khan, délégué du HCR en Algérie. « Ils dépendent entièrement de modes d'approvisionnement fragiles, tandis que l'intérêt et le soutien, notamment financier, à leur cause, semblent faiblir. »
Le manque de fonds a contraint le HCR à réduire de plus de 660 000 dollars son budget en faveur des réfugiés du Sahara occidental. Ces coupures signifient que beaucoup de réfugiés ne recevront pas de nouvelles tentes ni de vêtements. Le HCR a également dû reporter la construction de puits pour l'eau potable, la distribution de cuisinières et de fuel.
Le PAM s'est aussi trouvé confronté à de sérieuses lacunes au niveau des contributions en faveur des réfugiés du Sahara occidental en Algérie, qui recevront ce mois-ci leurs rations en céréales (orge et blé) mais pas d'huile végétale ni de graines, ces dernières représentant une importante source de protéine pour les réfugiés. A défaut de contributions financières ou en nature immédiates, la pénurie alimentaire qui menace les réfugiés risque de devenir alarmante d'ici septembre.
« Les gens ne peuvent pas se nourrir rétroactivement », a déclaré Werner Schleiffer, directeur du Bureau du PAM à Genève. « Soumises à d'inquiétantes fluctuations, les opérations du PAM en faveur des réfugiés du Sahara occidental ont été parmi les plus délaissées en matière de financement. »
Suite à l'appel de 27,8 millions de dollars lancé en août 2000 afin d'assurer la distribution de 64 500 tonnes de nourriture sur une période de deux ans, le PAM n'a pu distribuer à ce jour que 12 000 tonnes aux réfugiés depuis septembre dernier. Une contribution bilatérale de quelque 8 900 tonnes de nourriture, essentiellement donnée par la Commission européenne, a permis de diminuer l'écart, mais les rations alimentaires mensuelles ont malgré tout atteint un déficit de 30 pour cent. En outre, on arrive au bout des promesses de dons bilatéraux.
« Grâce à certaines récentes contributions des Pays-Bas, de la Suède et de la France, nous serons en mesure de nourrir les réfugiés au cours des deux mois à venir. Mais si nous ne recevons pas de nouvelles contributions, les stocks de nos entrepôts seront à nouveau épuisés d'ici septembre », a souligné Werner Schleiffer.
Le PAM a besoin de 3 000 tonnes de nourriture par mois afin d'assurer les besoins alimentaires de 155 000 réfugiés, parmi les plus vulnérables. « Du fait qu'ils vivent dans le désert, les réfugiés n'ont aucun moyen d'être autonomes », a ajouté W. Schleiffer. « Ils dépendent entièrement de l'aide alimentaire pour survivre. Les femmes, les enfants et les personnes âgées sont les plus durement touchés par le manque de fonds. »
« Les réfugiés ne devraient pas être pénalisés en attendant qu'une solution politique soit trouvée », a souligné Sultan-Khan du HCR. « Ils ont besoin de recevoir de l'aide de manière régulière et en quantité suffisante, pas au compte goutte. »