La périlleuse traversée clandestine depuis la Somalie a encore causé des pertes en vie humaine sur les côtes du Yémen
La périlleuse traversée clandestine depuis la Somalie a encore causé des pertes en vie humaine sur les côtes du Yémen
Jeudi le 28 décembre 2006
GENEVE - Dix-sept personnes sont mortes et quelque 140 autres sont portées disparues suite au chavirage de bateaux de passeurs au large des côtes yéménites, sur lesquels elles effectuaient la traversée depuis la Somalie à travers le golfe d'Aden.
L'incident, impliquant quatre bateaux de passeurs transportant 515 personnes, s'est produit mercredi alors qu'ils avaient été repérés à leur approche de la côte par les autorités yéménites. Les survivants ont raconté que les bateaux étaient partis de Shimbarale en Somalie, transportant principalement des Somaliens et des Ethiopiens. Deux des bateaux de passeurs auraient débarqué des passagers. Ensuite les forces de sécurité yéménites ont ouvert le feu en direction des bateaux. Selon les fonctionnaires yéménites, les passeurs ont répliqué. Le troisième et le quatrième bateau - qui avaient attendu un peu plus loin en mer dans l'obscurité - ont alors tenté de s'échapper en direction de l'océan. L'un d'eux a chaviré près d'Al-Baida après qu'il ait été déséquilibré par des passagers agités. Les autorités ont indiqué que plusieurs personnes ont été prises au piège sous le bateau. L'autre embarcation, poursuivie par deux bateaux des gardes-côtes yéménites et un hélicoptère, a été forcée de reprendre la direction de la côte. Mais, à 300 mètres de la plage, elle a chaviré en eau profonde.
Les autorités yéménites ont indiqué jeudi avoir capturé les 17 passeurs et leurs quatre bateaux, et qu'une opération de recherche des survivants était toujours en cours.
Le Haut Commissaire António Guterres s'est dit choqué par ces pertes en vie humaine.
« Je suis profondément attristé par cette dernière tragédie impliquant des bateaux de passeurs, transportant des personnes désespérées à travers le golfe d'Aden », a indiqué António Guterres à Genève. « Malgré les efforts entrepris pour stopper cet horrible commerce, des passeurs sans scrupule continuent de profiter du désespoir de pauvres gens fuyant la persécution et les violences et de ceux recherchant ailleurs de meilleures opportunités économiques. Nous avons besoin d'urgence d'un effort international concerté pour attaquer ce problème à la racine, en éduquant les candidats à la migration et en sévissant contre les passeurs et les trafiquants basés en Somalie. »
Les 357 survivants de l'incident de mercredi ont été amenés au centre de réception de l'UNHCR à Mayfa'a pour se remettre de cette rude épreuve et recevoir de la nourriture ainsi qu'une assistance médicale.
Les Somaliens passagers de ces bateaux ont indiqué être originaires du centre de la Somalie, des régions de Bur-Hakaba, Baidawa et Belet Weyne, en proie à des troubles. Nombre d'entre eux ont expliqué avoir fui le conflit actuel entre le gouvernement fédéral somalien de transition allié à l'Ethiopie et l'Union des Tribunaux islamiques. L'UNHCR craint que la récente flambée de violence dans le sud et le centre de la Somalie ne provoque une nouvelle vague de réfugiés et demande aux pays voisins de garder leurs frontières ouvertes à ceux qui recherchent la sécurité.
Au début de ce mois, l'UNHCR a exprimé sa préoccupation après que les autorités yéménites aient ouvert le feu sur des bateaux, tuant deux personnes.
Plus de 25 800 personnes ont été enregistrées après être arrivées au Yémen depuis la Somalie cette année. Au moins 330 personnes sont mortes durant ce voyage périlleux. Près de 300 autres sont portées disparues, incluant les 141 personnes manquant suite à l'incident de mercredi, selon les estimations de l'UNHCR. Les bateaux arrivant de Somalie accostent généralement dans une partie de la côte, d'environ 300 kilomètres, tenue par les tribus et particulièrement isolée. L'UNHCR a seulement un accès limité à cette région dangereuse.
Les Somaliens, qui arrivent au Yémen, obtiennent automatiquement le statut de réfugié car nombre d'entre eux fuient un conflit violent, cependant tous n'en font pas la demande. Les Ethiopiens ne sont pas considérés automatiquement comme des réfugiés, mais leur cas peut être étudié individuellement. Plus de 88 000 réfugiés enregistrés séjournent actuellement au Yémen, dont 84 000 de nationalité somalienne.