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L’inclusion dans le système d’identification éthiopien ouvre de nouvelles possibilités aux réfugiés

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L’inclusion dans le système d’identification éthiopien ouvre de nouvelles possibilités aux réfugiés

Une initiative historique d’identification numérique en Éthiopie intègre les réfugiés et les demandeurs d’asile dans les systèmes nationaux du pays, leur donnant à la fois de l’espoir et l’accès aux services nationaux.
24 Mai 2024 Egalement disponible ici :
Une femme portant une chemise rouge vif se tient derrière le comptoir d'un café.

Ibtisam Khaled Al-Barti, réfugiée yéménite vivant en Éthiopie, se tient derrière le comptoir de son café dans le marché d’Addis-Abeba.

Un an après être arrivée en Éthiopie, Ibtisam Khaled Al-Barti a rejoint un groupe d’épargne informel pour lever le capital nécessaire à la création d’une entreprise. Bien qu’elle ait perdu sa maison et ses documents d’identité lorsqu’elle a fui les violences au Yémen, elle était déterminée à faire tout ce qu’elle pouvait pour ses deux enfants.

« J’ai occupé de nombreux emplois et tenté de nombreux métiers », dit-elle, mais chaque fois, elle s’est heurtée au problème d’obtenir des documents officiels pour enregistrer son activité. « J’ai travaillé comme cireuse de chaussures et courtière, mais toutes ces activités étaient considérées comme illégales », explique-t-elle, ajoutant que plusieurs magasins qu’elle avait ouverts dans la capitale, Addis-Abeba, ont été fermés faute de permis.

Accès aux services essentiels

Grâce au nouveau système d’identification numérique lancé au début de l’année (lien en anglais) par le Gouvernement éthiopien via son Service des réfugiés et des rapatriés en partenariat avec le Programme d’identification national et le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, les réfugiés tels qu’Ibtisam peuvent plus facilement obtenir un permis de travail et avoir accès aux services financiers et aux soins de santé.

Ibtisam a fait partie du premier groupe de 3000 réfugiés à recevoir une carte d’identité de réfugié biométrique, portant un numéro d’identification national unique, appelé « Fayda ».

Outre qu’elle facilite l’accès aux services essentiels comme l’obtention d’une carte SIM et l’inscription à l’école, la nouvelle carte d’identité permettra aux réfugiés d’ouvrir un compte bancaire et de mener des transactions financières. Les entrepreneurs réfugiés comme Ibtisam peuvent aussi enregistrer leur entreprise plus facilement, ce qui leur permet d’avoir leur propre revenu et de contribuer à l’économie locale.

Entreprise légitime

Au cœur du merkato, marché en plein air très animé d’Addis-Abeba, Ibtisam se tient devant le comptoir de sa toute dernière entreprise : un café, où elle emploie deux chefs éthiopiens et sert des plats éthiopiens traditionnels et propose également d’autres types de cuisine. Ibtisam montre fièrement sa licence commerciale et sa carte d’identité numérique Fayda. « Maintenant, ici, ma situation est légale, j’ai une licence commerciale », dit-elle. « J’ai ainsi la possibilité de donner un nouveau départ à ma vie. »

Une femme verse à la cuillère des aliments d'une casserole sur une galette traditionelle éthiopienne posée sur une assiette.

Ibtisam sert de la nourriture sur une injera, une galette traditionnelle éthiopienne qu’elle fait dans son café.

Bien qu’elle ait le droit d’avoir une licence commerciale, Ibtisam a expliqué que beaucoup d’institutions en Éthiopie ne connaissaient pas ce droit des réfugiés et étaient sceptiques quant aux anciens documents d’identité et d’enregistrement des réfugiés.  

Cette nouvelle carte d’identité signifie plus que la simple reconnaissance pour son entreprise, déclare Ibtisam : « Beaucoup d’institutions pensaient que les réfugiés n’avaient pas de droits mais la carte d’identité Fayda nous a aidés à être reconnus. »

Le Pacte mondial sur les réfugiés en action

Avec la carte d’identité biométrique Fayda, l’Éthiopie est devenue pionnière dans l’inclusion des réfugiés dans les systèmes nationaux.

« Cette initiative historique, c’est le Pacte mondial sur les réfugiés en action. Elle est conforme à l’engagement pris par l’Éthiopie lors du Forum mondial sur les réfugiés 2023 d’inclure tous les réfugiés dans les systèmes nationaux et de renforcer l’accès aux documents », déclare Elizabeth Tan, Directrice de la protection internationale du HCR.

Une femme portant un short rouge tient une carte d'identité dans une main et un morceau de papier imprimé dans l'autre.

Ibtisam montre sa nouvelle carte d’identité numérique et la licence commerciale pour son café à Addis-Abeba.

« Le gouvernement reste déterminé à garder ses frontières ouvertes et a mis en place des politiques progressistes pour les réfugiés. Toutefois, un soutien bien plus grand est encore nécessaire pour assurer l’inclusion des réfugiés et l’apport de solutions à leur situation en Éthiopie. »

La carte d’identité numérique Fayda est progressivement délivrée aux 77 000 réfugiés qui vivent à Addis-Abeba, et l’ambition est de l’étendre aux plus de 1 million de réfugiés qui se trouvent en Éthiopie et viennent principalement du Soudan du Sud, de Somalie, d’Érythrée et du Soudan.

Vidéo en anglais

Fin mai, le HCR s’est joint au Service éthiopien des réfugiés et des rapatriés pour exposer ce nouveau système à ID4Africa 2024 à Cape Town, en Afrique du Sud, qui présente les progrès réalisés en matière d’inclusion numérique et de renforcement des systèmes d’identité afin de protéger les réfugiés, en collaboration avec les pays d’accueil.

La carte d’identité apporte un grand changement pour les réfugiés en Éthiopie, a déclaré Ibtisam. « Le plus important pour moi, c’est que je n’ai pas besoin de mendier pour manger. Je ne suis pas un fardeau pour le pays, je suis une travailleuse indépendante », ajoute-t-elle. « Je veux utiliser mes forces pour me construire un avenir. »