Crise alimentaire pour les réfugiés du Sahara occidental
Crise alimentaire pour les réfugiés du Sahara occidental
Genève, le 29 août 2002
Une grave crise alimentaire et financière menace les réfugiés du Sahara occidental qui depuis plus de 25 ans croupissent dans quatre camps isolés et battus par les vents, du côté algérien de la frontière avec le Sahara occidental.
A quelque 2 000 kilomètres au sud de la côte méditerranéenne, près de 155 000 réfugiés du Sahara occidental sont quasiment entièrement dépendants de l'aide alimentaire fournie par le Programme alimentaire mondial (PAM) pour survivre dans ces camps du désert, situés non loin de la célèbre ville oasis de Tindouf.
A défaut de nouvelles contributions, le PAM sera contraint, dès le mois d'octobre, de réduire la ration quotidienne distribuée aux réfugiés à 11 % de la ration habituelle - c'est à dire 231 kilocalories par personne - alors que la ration internationalement appliquée par les Nations Unies s'élève normalement à 2 100 kilocalories par jour (comprenant, entre autres, de la farine, des légumineuses, des haricots et de l'huile végétale).
Le PAM a besoin de 8 336 tonnes métriques de nourriture, dont 80 % de céréales - soit l'équivalent de 3,7 millions de dollars - pour subvenir aux besoins des réfugiés jusqu'en janvier 2003.
« Leur triste sort passe tout simplement inaperçu sur la scène internationale et il est extrêmement difficile d'obtenir des contributions régulières pour les réfugiés du Sahara occidental » a déclaré Daly Belgasmi, Directeur du Bureau du PAM à Genève.
« Sans nouvelles contributions, la réduction drastique de la ration, en octobre, risque d'avoir des conséquences sévères sur l'état de santé général des réfugiés, et particulièrement des femmes enceintes ou allaitant » a-t-il ajouté.
De son côté l'agence onusienne pour les réfugiés, le HCR, annonce que son budget pour les réfugiés du Sahara occidental est lui aussi en proie à de sévères manques. Seul 1,5 millions de dollars sur les 4,6 millions requis pour 2002 ont été reçus. Même en considérant que certaines carences peuvent être couvertes, le HCR souffre, cette année encore, d'un déficit budgétaire - les contributions totales n'ayant atteint que 688 millions de dollars à ce jour, par rapport à un budget de 800 millions de dollars.
« Les réfugiés du Sahara occidental sont dans une situation terrible » a déclaré Radhouane Nouicer, responsable des opérations du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. « Plus de 35 % des enfants souffrent de malnutrition chronique, et 13 % d'entre eux sont au stade du rachitisme ».
Il y a quelque temps déjà, le Haut Commissaire Ruud Lubbers, déclarait devant le conseil de sécurité de l'ONU que le Sahara occidental était « un exemple typique de ces crises de réfugiés prolongées, qui ne présentent pas de solution immédiate et pour lesquelles les programmes d'assistance et de protection demeurent gravement déficitaires. C'est une situation inacceptable ».
En septembre, le HCR et le PAM conduiront conjointement une étude approfondie de l'état nutritionnel de la population réfugiée en Algérie, dont la majorité a fui le Sahara occidental en 1975.
Les programmes du PAM en Algérie connaissent depuis quelque temps déjà des crises à répétition et des ruptures de stocks.