L'UA sur le point d'adopter une Convention pionnière sur les déplacés internes
L'UA sur le point d'adopter une Convention pionnière sur les déplacés internes
KAMPALA, Ouganda, 22 octobre (HCR) - L'Union africaine (UA) débute un sommet visionnaire visant à répondre au vaste problème du déplacement forcé sur le continent africain.
Dans un discours d'ouverture prononcé au début du sommet spécial rassemblant des Chefs d'Etat et de gouvernement sur les réfugiés, les rapatriés et les déplacés internes, le Président ougandais Yoweri Kaguta Museveni a indiqué, « aucun pays ne devrait être autorisé à rejeter ses propres citoyens. »
Les leaders africains présents devraient signer vendredi un cadre juridique inédit intitulé « Convention pour la protection et l'assistance des personnes déplacées internes en Afrique. » La nouvelle convention définit et insiste sur les responsabilités des Etats, et même des groupes armés, devant protéger et assister leurs propres citoyens déracinés.
Au-delà du conflit armé, la convention couvre les causes principales du déplacement, y compris les obligations des gouvernements envers leurs citoyens fuyant des catastrophes naturelles ou causées par l'homme ainsi que les personnes déracinées de leurs terres accaparées dans le cadre de projets de développement. Les personnes déracinées de force trouveront dans la convention l'éventail complet des droits dont ils devraient bénéficier - avant, pendant et après le déplacement.
« Chaque déplacé du fait d'un conflit ou d'une catastrophe naturelle est une personne, souvent une femme ou un enfant, qui pourrait souffrir de malnutrition ou vivre dans la crainte d'un recrutement forcé ou d'un viol, une personne dont le potentiel n'est pas exploité, dont les rêves ne se matérialisent pas et qui ne peut contribuer à la société. Vous êtes réunis pour forger un avenir meilleur », a indiqué le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres aux délégués présents au sommet. « Une fois encore, l'Afrique ouvre la marche », a ajouté le Haut Commissaire, qui s'adressait au nom du Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon.
Continuant son discours en sa capacité de Haut Commissaire, António Guterres a indiqué, « Inspirons-nous de ces leaders africains qui ont refusé d'accepter pour leurs pays le déplacement perpétuel comme une réalité inévitable et qui ont courageusement agi pour y mettre fin. Le statut de réfugié et le déplacement interne ne doivent pas constituer un héritage se transmettant génération après génération. »
La convention entrera en vigueur après la ratification et l'adhésion d'au moins 15 Etats membres de l'Union africaine. « Le principal défi consistera désormais à la mettre en œuvre », a indiqué Walter Kaelin, le Représentant du Secrétaire général de l'ONU pour les droits humains des personnes déplacées internes.
Lors de son discours à l'attention des délégués de ce sommet, Sir John Holmes, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence, a indiqué « le succès de ce sommet et de la convention se mesurera véritablement lorsque nous commencerons à voir que le déplacement décroît, que davantage de solutions efficaces sont mises en œuvre pour les personnes déplacées et enfin, avant tout, quand les souffrances immenses causées à un si grand nombre de déplacés sur ce continent disparaîtront. »
Le phénomène du déplacement interne continue à croître sur le continent africain, alors même que le nombre des réfugiés diminue progressivement. Au début de cette année, l'Afrique abritait environ 11,6 millions de personnes déplacées internes, soit 45 pour cent de la population déplacée au sein de son propre pays à travers le monde. Le continent compte également 2 659 000 réfugiés et demandeurs d'asile. Quelque deux millions de personnes sont devenues des déplacés internes l'année dernière.