L'UA adopte une convention majeure pour protéger et assister les déplacés internes
L'UA adopte une convention majeure pour protéger et assister les déplacés internes
KAMPALA, Ouganda, 23 octobre (HCR) - Lors du sommet réunissant des leaders africains dans la capitale ougandaise Kampala, une convention phare a été adoptée vendredi. Elle devrait assurer une protection juridique et une assistance à des millions de personnes déplacées au sein de leur propre pays par les conflits et les catastrophes naturelles survenant sur le continent.
Le Président ougandais Yoweri Museveni, qui a présidé le sommet spécial de l'Union africaine (UA) sur les personnes déplacées de force, a fait l'éloge de ce pacte comme étant un « accord historique visant à protéger et porter assistance à nos frères et sœurs, les personnes déplacées internes. »
La nouvelle Convention de l'Union africaine pour la protection et l'assistance des personnes déplacées internes en Afrique constitue le premier instrument juridique de ce type dans le monde. Elle définit les obligations des Etats, et même des groupes armés, qui doivent protéger et porter assistance à leurs propres citoyens déracinés.
Quarante-six nations africaines ont adopté à l'unanimité la convention inédite signée par 17 chefs d'Etat et de gouvernement, ainsi que des ministres des Affaires étrangères, y compris les présidents de l'Ouganda, de la Zambie, du Zimbabwe et de la Somalie ainsi que les Premiers Ministres et les Vice-Présidents du Burundi, de la République centrafricaine, de la Guinée équatoriale et du Rwanda. La Convention doit encore être ratifiée par 15 pays au minimum.
Dans la déclaration publiée à l'issue du sommet officiel, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine ont fait le vœu de mettre en oeuvre des mesures visant à « empêcher et finalement éliminer de notre continent les situations de déplacement forcé survenant du fait de conflits ou de catastrophes naturelles. »
Les participants ont acclamé l'issue du sommet de quatre jours, synonyme d'un accomplissement majeur pour un continent comptant la plus importante population de déplacés internes au monde.
« L'Afrique est pionnière dans la lutte pour défendre les droits humains », a indiqué le Président zambien Rupiah Banda après l'adoption de la convention. « Aujourd'hui nous avons porté cette lutte encore plus loin en lui donnant force de loi dans le domaine de la protection des droits humains des personnes déplacées internes. Une nouvelle tâche qui nous attend consiste à assurer que les personnes déplacées internes jouissent de leurs droits en mettant en place d'urgence les dispositions de la convention... Notre peuple ne peut pas attendre plus longtemps. »
Dans son préambule, la convention souligne le besoin de « promouvoir et de renforcer les mesures régionales et nationales visant à prévenir ou ralentir, interdire et éliminer les causes profondes du déplacement interne ainsi que fournir des solutions durables. « Elle fait état de l'expertise spécifique du HCR dans le domaine de la protection et elle demande à l'organisation de continuer et de renforcer son rôle dans la protection et l'assistance aux déplacés internes. »
La Commissaire aux Affaires politiques de l'UA Julia Dolly Joiner a indiqué que « la convention qui a été adoptée, la première du genre parmi les groupes régionaux ou organisations dans le monde, constitue une réponse unique, globale et sans équivoque aux défis du déplacement forcé. Cet instrument démontre clairement que les leaders africains sont conscients des difficultés endurées par les personnes déplacées et qu'ils sont prêts, autant que possible, à mettre fin à leurs souffrances. »
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a indiqué lors d'une conférence de presse de clôture que « cette convention représente le concept de la 'responsabilité de protection' en action. Elle démontre que la souveraineté nationale est pleinement compatible avec la responsabilité de protection. » Il a ajouté que la convention constitue un rappel selon lequel la responsabilité de protéger ses propres citoyens relève d'abord et avant tout de la responsabilité d'un Etat individuel et que, là où les Etats ne le font pas, la responsabilité collective d'agir revient à l'Afrique.
Par Melissa Fleming et Yusuf Hassan
A Kampala, Ouganda