Colombie : dans le nord-ouest, le nombre des déplacés augmente encore
Colombie : dans le nord-ouest, le nombre des déplacés augmente encore
Une équipe de l'UNHCR revient ce jour d'une mission dans la ville de Bellavista au nord-ouest de la Colombie, où plusieurs centaines de personnes ont cherché refuge pendant le week-end après avoir fui les combats entre des groupes armés illégaux. Les dernières arrivées ont fait augmenter le nombre de déplacés ces dernières semaines à plus de 2 000 personnes dans la municipalité de Bojaya dans la province de Chocó. Environ 7 000 personnes vivent dans cette ville et une majorité d'entre elles risquent d'être à nouveau déplacées, selon les autorités locales.
Samedi, quelque 250 personnes ont fui la communauté afro-colombienne de Pogue, où elles avaient été cernées par les différents groupes armés irréguliers pendant les deux dernières semaines. Les personnes déplacées ont été escortées à Bellavista par les autorités colombiennes du bureau du Médiateur (Ombudsman), du Procureur Général et des représentants des associations communautaires.
L'UNHCR a envoyé une équipe à Bellavista vendredi pour faire face à cette situation de plus en plus critique. L'UNHCR conservera une présence temporaire dans cette zone grâce à des missions régulières pour surveiller les développements et pour aider à coordonner l'aide humanitaire avec les autorités. La prochaine mission de l'UNHCR dans cette région est prévue dans la semaine.
Vu les privations et l'insécurité que la présence sur leurs terres de groupes armés irréguliers leur fait endurer, quelque 4.000 indigènes des communautés Embera et Wounaan, sur les rives des rivières Cuia et Bojaya, courent un grand risque d'être bientôt déplacés à leur tour.
Des indigènes ont confié aux agents de terrain de l'UNHCR que des groupes armés irréguliers actifs dans la région avaient instauré un embargo sur la nourriture, les médicaments, et d'autres denrées essentielles, en privant ainsi leurs villages. Quelque 150 indigènes qui se sont rendus récemment à Bellavista pour y chercher des provisions n'ont pu rentrer chez eux à cause des barrages. D'autres ont subi les harcèlements et les intimidations des groupes armés, qui ont tiré en l'air, et menacé de tuer les hommes et de violer les femmes.
La plupart des plus de 2 000 déplacés à Bellavista vivent dans des conditions de surpopulation, avec parfois des hébergements accueillant quelque 45 personnes. Mis à part les nouveaux déplacés de Pogue, ils ont reçu une assistance d'urgence mais ont un accès limité aux services de santé et n'ont aucun accès à l'éducation actuellement. Beaucoup d'entre eux vivent dans l'école locale, qui a dû interrompre la classe pour les enfants de la ville depuis la mi-février. Les déplacés de Pogue ont reçu des rations alimentaires de la municipalité depuis leur arrivée.
L'UNHCR et ses partenaires mettent en place 4 hébergements temporaires pour éviter la surpopulation et permettre aux enfants de retourner à l'école. Ces hébergements devraient être prêts d'ici la fin de semaine.
Bellavista est devenu tristement célèbre à cause du massacre qui a eu lieu en 2002, lorsque 119 personnes qui avaient trouvé refuge dans une église, ont été tuées pendant les combats entre la guérilla paramilitaire des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) et celle des AUC (Unités d'autodéfense de Colombie). Des milliers de personnes ont quitté la région de Bojaya après le massacre. Des centaines d'entre elles ne sont jamais revenues. Depuis, 8 déplacements à grande échelle ont eu lieu dans cette zone à cause des accrochages entre les différents groupes armés et avec l'armée régulière colombienne. Des communautés déplacées sont retournées chez elles, mais ont dû une nouvelle fois fuir à cause de l'insécurité.
L'UNHCR appelle une nouvelle fois l'ensemble des parties du conflit colombien à respecter les principes des règles humanitaires internationales et les populations civiles et à garantir la sécurité des travailleurs humanitaires.