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Les gastronomes de Genève découvrent de nouvelles saveurs et des cultures d'ailleurs dans un restaurant improvisé

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Les gastronomes de Genève découvrent de nouvelles saveurs et des cultures d'ailleurs dans un restaurant improvisé

Le projet initie les résidents aux différentes traditions culinaires des réfugiés et cherche à lancer ainsi le dialogue et la compréhension entre les cultures.
22 Mars 2017
Islam, un demandeur d'asile afghan, partage des saveurs de son pays.

Dans une cour faiblement éclairée de Genève, de doux arômes accueillent les gastronomes en quête de nouvelles découvertes culinaires – un restaurant improvisé rassemble réfugiés, demandeurs d’asile, migrants, expatriés et résidents suisses.


Ce soir, c’est la soirée syrienne et le chef Aziz, 29 ans, s’affaire et met la dernière touche à des plats de chez lui, Damas. Son ami Fadi, 29 ans et originaire d’Alep, lui prête main-forte. Aziz présente fièrement ses plats à sa clientèle enthousiaste.

« Ces plats me ramènent directement à Damas, au partage de grands repas, avec toute la famille », dit-il. « Poulet au four, avec beaucoup de citron et d’ail. »

Le groupe hétéroclite s’est rassemblé dans un espace public derrière la gare pour partager les saveurs et les souvenirs de Syrie. Ils se réjouissent de la découverte d’autres traditions culinaires et de se retrouver en tant que communauté, la cuisine et la culture servant d’élément fédérateur.

« Ces plats me ramènent directement à Damas ».

Fadi est chargé du dessert, une pâtisserie douce, infusée de miel qui s’appelle baklava.

Ses envies de desserts syriens et d’autres saveurs de chez lui l’ont poussé à utiliser internet pour apprendre à les faire. « Dites-moi ce que vous en pensez », dit-il avec fierté en servant le baklava à ses clients impatients.

« En fait, je ne savais pas comment le faire avant d’arriver en Suisse », avoue-t-il. « J’ai cherché sur YouTube ! »

L’évènement est organisé par Cuisine Lab, une initiative de Dan Stein, un entrepreneur innovateur de 43 ans.

Américain établi à Genève, Dan a eu l’idée de lancer ce projet après avoir participé à un projet similaire en tant que bénévole, avec des amis, l’an dernier à Athènes. Touché par cette expérience pratique de la crise des réfugiés, Dan s’est dit que la ville n’offrait pas d’opportunités de dialogue et de rencontre interculturelle entre les nouveaux arrivants et la population locale.

Un chef met la touche finale au baklava pendant que les participants se servent.

Dan et quelques amis ont pensé qu’un projet de restaurant était exactement ce qui manquait à Genève. Déjà impliqué dans plusieurs initiatives novatrices, Dan appelle Cuisine Lab son ‘œuvre d’amour’.

« Les mots ‘compagnie’ et ‘compagnon’ viennent du mot latin ‘companio’, celui avec lequel vous partagez votre pain », explique-t-il.

« Partager la nourriture, ou le pain, permet depuis très longtemps de créer une voie de communication entre des gens qui ne partagent pas nécessairement la même langue ou la même culture. En faisant la cuisine ensemble, en partageant le repas, on fait un premier pas pour essayer de trouver ce point de connexion commun. »

Cuisine Lab organise différents types d’évènements : soirées cuisine, organisées autour d’un thème choisi, où les participants apportent les ingrédients et préparent les plats ensemble, restaurants improvisés, où des réfugiés, demandeurs d’asile et cuisiniers amateurs préparent leurs plats traditionnels et les partagent avec la communauté, et ateliers de cuisine, où le public a l’occasion d’apprendre à faire la cuisine avec les chefs cuisiniers de la communauté.

« Partager la nourriture, ou le pain, permet depuis très longtemps de créer une voie de communication »

Islam, le réfugié afghan de 31 ans, a rejoint les chefs syriens en cuisine. Il aide, il observe. Dans quelques semaines, ce sera son tour et il sera responsable de la soirée afghane. Sur son téléphone, il montre une photo de lui, prise lors d’un évènement à l’université de Genève, en train de cuisiner à côté du drapeau afghan.

« La cuisine, c’est ma passion », dit-il.

Islam vit avec d’autres demandeurs d’asile dans un abri de défense pour les civils près de Genève. Les conditions de vie y sont parfois difficiles – il ne peut pas y faire la cuisine, doit dormir avec la lumière allumée et supporter le bruit – mais il reste optimiste pour l’avenir. « Un jour, je veux pouvoir ouvrir mon propre restaurant », confie-t-il.

En attendant la réponse à sa demande d’asile, Islam est heureux d’avoir trouvé une communauté avec laquelle il peut partager sa passion de la cuisine.