Joueurs de rugby et Grands Crus s'unissent pour favoriser l'insertion des réfugiés
Joueurs de rugby et Grands Crus s'unissent pour favoriser l'insertion des réfugiés
La matinée touche à sa fin dans les vignes du Château Pédesclaux, un Grand Cru classé en 1855, situé dans le prestigieux domaine de Pauillac dans le Sud-Ouest de la France. Une trentaine de vendangeurs cueillent le raisin dans une ambiance chaleureuse, en profitant des pauses pour discuter de l’entraînement de rugby de la veille.
Le raisin est mûr tôt cette année, mais la pandémie de Covid-19 a créé une incertitude quant à la possibilité d’organiser les vendanges dans de bonnes conditions. Au château, les raisins sont encore cueillis à la main. Pour cela, l’engagement de travailleurs saisonniers est indispensable.
Afin que les vendanges puissent avoir lieu, des grands crus du Bordelais se sont engagés aux côtés de l’association Ovale Citoyen pour proposer des emplois saisonniers à des personnes en situation d’exclusion sociale et des réfugiés. Le projet a été nommé « Drop dans les champs ».
"Je me sens en sécurité ici". Zakaria
Zakaria fait partie de ces vendangeurs saisonniers. Il a été forcé de fuir son Soudan natal et a obtenu le statut de réfugié en France. Trouver un emploi était essentiel pour lui, pour reconstruire sa vie, son avenir et celui de ses deux enfants. « J’ai trouvé un travail, mes enfants vont à l’école, je me sens en sécurité ici », déclare Zakaria.
« Ce projet était très pertinent à un moment où il y avait beaucoup d’incertitude sur notre capacité à avoir du monde dans les vignes. Or la vigne ne nous attend pas. On suit le cycle des saisons », explique Vincent Bache-Grabielsen, Directeur technique du Château Pédesclaux.
Chaque matin, des dizaines de travailleurs saisonniers montent dans les bus à Bordeaux et ses environs pour se rendre dans les vignobles du Bordelais. Parmi eux, de nombreux réfugiés embauchés grâce au soutien de l’association Ovale Citoyen, qui favorise l’insertion professionnelle de réfugiés tout en leur proposant un accompagnement social et juridique.
« Le potentiel d’emploi dans les vignobles est colossal. La viticulture, comme tout le monde agricole est en manque de main d’œuvre, et ce manque est exponentiel depuis la Covid », explique Jean-François Puech, fondateur d’Ovale Citoyen.
L’accompagnement d’Ovale Citoyen ne concerne pas seulement les emplois saisonniers. Il comprend un engagement sur le long terme, avec une formation professionnelle et des propositions de carrière dans les métiers viticoles.
« Ce qui est génial avec Ovale Citoyen, c’est cette énergie qu’ils mettent à l’œuvre pour aboutir », dit Vincent Bache-Grabielsen. Cette année, 90 réfugiés ont fait les vendanges et 15 ont intégré une formation viticole. Dès le mois d’octobre, plusieurs d’entre eux sont rentrés en formation, pour être tractoriste ou ouvrier en viticulture.
« Ce qu’on fait en Aquitaine, ou en Gironde, peut se démultiplier dans l’ensemble du vignoble français », ajoute Jean-François Puech.
"Le rugby m'a donné des choses importantes." Hussam
Le sport joue un rôle central dans cet accompagnement, notamment le rugby, mais aussi le foot ou la boxe. L’association a été créé par d’anciens joueurs de rugby professionnels de l’Union Bordeaux Bègles et mobilise le monde du sport professionnel. L’entrainement de rugby fait partie de l’accompagnement proposé par l’association.
« Le rugby m’a donné des choses très importantes. Il m’a donné le contact avec la communauté, il m’a donné le contact avec de nouveaux amis et il m’a donné l’espoir. L’espoir, c’est très important pour moi », dit Hussam, réfugié syrien, qui a rejoint le programme d’Ovale Citoyen.
« Le rugby a des valeurs sociétales, des valeurs de cœur et il nous semblait très important que les réfugiés puissent en profiter », explique Jean-François Puech.
Pour l’équipe d’Ovale Citoyen, le rugby a toujours été un vecteur d’insertion sociale, chacun ayant sa place sur un terrain peu importe sa situation sociale, ses études ou son physique. Leur but est de remettre l’humain au centre des solutions aux défis liés à l’inclusion. C’est la devise des fondateurs Jean-François Puech et Christian Lacini : « Quel que soit son origine, sa religion, son orientation sexuelle ou encore son histoire, tout être humain a droit au bonheur ».