Nadège Norvilus, lauréate de la troisième promotion de l’Académie
Nadège Norvilus, lauréate de la troisième promotion de l’Académie
Quel est votre parcours professionnel ?
Je suis Nadège Norvilus. De mon Haïti natale à mon aventure française, le besoin d’agir et le désir de participer à la construction d’un avenir meilleur demeurent les deux piliers sur lesquels repose ma motivation au quotidien.
En 2018, en décidant de m’embarquer dans cette expérience migratoire, ma vie à pris une tournure particulière. J’ai été contrainte de découvrir de nouveaux sens à l’existence. Naturellement, de nouveaux engagements s’imposaient à moi. Aujourd’hui, j’œuvre à l’émergence de nouveaux récits, plus humains, plus justes, plus inclusifs, sur les personnes migrantes et je défends un meilleur accès des femmes migrantes à la culture et aux loisirs.
C’est ainsi qu’en 2021, dans le cadre de mes études en master Lettres modernes à CY Cergy Paris Université, j’ai entrepris avec des camarades le projet « Migrations, littératures et écritures ». Porté par l’association du Master, Distillettre, nous avons organisé, autour des représentations sur des « Figures migrantes dans les littératures française et francophones contemporaines », une visite guidée en groupe au Musée national de l’histoire de l’immigration, une journée d’études, un atelier d’écriture, une double exposition littéraire et de dessins de presse. Très bientôt, une revue sera disponible, ce sera une mise en perspective de différentes thématiques qui ont été abordées et un compte-rendu du projet. Nous essayons de proposer un regard pluridisciplinaire et créatif sur les différents aspects de la dynamique migratoire.
La question migratoire est également au cœur de mes projets académiques. J’ai réalisé un mémoire de recherche sur la dimension mémorielle des écritures dites « migrantes ». Je poursuis mes réflexions sur ce sujet dans le cadre de mon projet de thèse.
De quelle manière êtes-vous engagé auprès des personnes exilées en France et quels sont vos champs d’expertise ?
L’un de mes engagements directs consiste à accompagner l’intégration et à soutenir le bien-être des personnes migrantes de mon entourage à travers des activités culturelles. La culture est un outil d’intégration puissant et efficace. Elle divertit, favorise une meilleure connaissance du pays d’accueil, facile des rencontres et ouvre à de nouveaux horizons de pensée. C’est d’autant plus important que la rupture est l’une des conséquences majeures du fait de migrer. Pour s’adapter on doit être capable de se renouveler, de se repenser avec de multiples inconnus et d’apprendre à gérer les situations déstabilisantes en s’appuyant sur ses ressources personnelles, ses aspirations.
Qu’est-ce que la participation des personnes réfugiées pour vous et comment pourrait-on aller plus loin ?
L’approche participative est fondamentale dans la mise en œuvre d’une politique d’intégration prenant en compte l’humain dans le processus migratoire. Donner la parole à des acteurs, des actrices, d’horizons divers, qui, à la fois, ont expérimenté intimement la vie migratoire et œuvrent au quotidien à la défense des droits et de la dignité des personnes migrantes et réfugiées s’inscrit dans une démarche inclusive et respectueuse de l’humain. Elle aide à mieux comprendre la singularité des individus et à co-construire des réponses efficaces avec les différents acteurs et les différentes actrices de l’accueil et de l’intégration. L’approche participative favorise le dialogue et la cohésion sociale. Elle peut être amplifiée en :
- proposant des contre-récits à travers le développement de nouveaux médias alternatifs, l’appui des créateur.rices de contenus solidaires et humanistes et le soutien des projets culturels et artistiques des talents issus de la migration. La prise en compte des voix migrantes implique une représentation juste et respectueuse à travers les différents canaux de communication ;
- valorisant des expériences de vie par l’adoption des mesures concrètes visant à aider les personnes migrantes ou réfugiées à attester leur leadership, notamment à travers des dispositifs passerelles pour leur faciliter l’accès à des formations d’excellence en management dans les universités et les grandes écoles;
- organisant, au niveau départemental ou régional, des comités consultatifs avec des personnes concernées. Ainsi, une fois par an ou selon un calendrier bien défini, ces dernières pourraient être consultées sur des questions relatives à l’intégration sociale, l’accès au service public, l’application des lois et de la politique migratoire au niveau local. Les comités consultatifs peuvent être également chargés de conduire des rapports et des propositions dans le but d’améliorer les conditions de vie des migrant.e.s.