République démocratique du Congo : de nouveaux déplacements dans le Nord-Kivu suite à des tensions accrues
République démocratique du Congo : de nouveaux déplacements dans le Nord-Kivu suite à des tensions accrues
Dans la province du Nord-Kivu, déchirée par les violences, des milliers de civils congolais fuient actuellement leur foyer dans les districts de Masisi et Rutshuru, en République démocratique du Congo (RDC). Ils fuient leurs maisons, alors que l'on rapporte de nouveaux combats et des tensions croissantes entre les forces gouvernementales, les troupes de déserteurs et les groupes rebelles.
Nos employés, qui participaient à une équipe inter agence, ont constaté le week-end dernier et hier que d'importants groupes de personnes déplacées étaient en train de marcher depuis Rubaya et d'autres villages de Masisi vers la ville de Sake et vers Mugunga, un site de déplacés situé dans les environs. Mugunga se trouve à environ 15 kilomètres à l'ouest de Goma. Les personnes récemment déplacées portaient peu de biens avec elles, la plupart emballés dans des paquets qu'elles transportaient sur le dos. Beaucoup de déplacés disent avoir quitté leur maison car ils craignent que les affrontements militaires continuent dans la région ; toutefois, ils n'ont pas été directement témoins de combats. Certains des déplacés internes ont reporté des cas de viols et de meurtres de civils par des hommes armés.
Etant donné que les déplacements continuent, l'UNHCR a discuté hier de la possibilité d'ouvrir un nouveau site de déplacés près de Mugunga, qui accueille actuellement quelque 18 000 personnes.
Nous craignons que la poursuite d'une solution militaire pour mettre fin aux problèmes au Nord-Kivu n'aggrave encore davantage la crise humanitaire dans cette province, avec le déplacement potentiel de centaines de milliers d'autres civils congolais. Nous espérons que les problèmes actuels au Nord-Kivu puissent encore être résolus grâce à des négociations.
Vendredi dernier, nous avions indiqué qu'environ 600 personnes déplacées avaient cherché abri dans une école près de Mugunga, et que le bâtiment était surpeuplé. Selon notre équipe, maintenant plus de 2 500 personnes se trouvent dans cette école.
Dans le district de Masisi, on estime que 2 000 Congolais récemment déplacés ont trouvé abri dans une école du village de Mushake, avec quelques provisions. Parmi les déplacés se trouvent aussi des enfants non accompagnés, ainsi que des parents cherchant désespérément leurs enfants. Des équipes chargées du suivi de la protection, et composées de personnel de l'UNHCR et des ONG, sont en train de procéder à la détermination du statut des déplacés arrivés récemment près de Mugunga.
Il est difficile d'évaluer l'étendue du déplacement car de plus en plus d'accès nous sont limités, ainsi qu'aux autres agences humanitaires, dans les régions des districts de Masisi et Rutshuru. Nous craignons que beaucoup plus de déplacés internes se trouvent dans des zones auxquelles nous n'avons pas accès. Un nombre croissant de Congolais cherche un abri dans plus de 20 installations spontanées de déplacés, réparties dans toute la province. Depuis décembre 2006, on estime que le nombre de personnes récemment déplacées au Nord-Kivu a dépassé 180 000 et continue d'augmenter. Au total, plus de 640 000 déplacés internes se trouvent dans cette province de l'est de la RDC.
Par ailleurs, on estime que hier soir, 10 000 Congolais ont traversé la frontière pour se rendre en Ouganda, dans le district de Kisoro. Les personnes se rendant en Ouganda ont indiqué qu'elles fuyaient des combats entre les troupes de la RDC et des groupes rebelles. La plupart d'entre elles avaient, ce matin déjà, commencé à traverser la frontière pour rentrer dans leurs foyers. De tels mouvements rapides de populations, surtout la nuit, sont relativement fréquents à cause de l'insécurité générale qui règne au Nord-Kivu. Le 21 août, par exemple, près de 10 000 Congolais ont traversé la frontière pour aller en Ouganda et sont rentrés en RDC quelques jours plus tard. Seulement une centaine de personnes ont demandé l'asile en Ouganda.
Nous demandons encore une fois à toutes les parties au conflit du Nord-Kivu de s'abstenir de porter des attaques directes et de commettre des atrocités contre la population civile, et particulièrement contre la population déplacée. De tels actes constituent une violation du droit humanitaire international.