La situation humanitaire empire dans l'est de la RDC

Selon les dernières évaluations, plus de 50 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons, dans la région d'Ituri au nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), à cause de combats intenses entre l'armée congolaise et les rebelles ougandais de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA).

Les combats ont démarré en septembre et depuis ils ont provoqué d'importantes pertes en vie humaine, selon les employés du HCR, les personnes nouvellement déplacées et les autorités locales. Les rebelles sont à l'origine d'importantes destructions de maison et de bâtiments publics. Les autorités locales dans la région ont dit que les corps de quelque 100 civils auraient été vus flottant dans la rivière et que 80 enfants sont portés disparus. Les parents craignent que leurs enfants n'aient été enrôlés de force par la LRA.

Actuellement, nos employés n'ont accès qu'aux personnes déplacées à Dungu, une ville située juste au sud de la frontière de la RDC avec le Soudan et dans les villages environnants. Les personnes ont trouvé un abri chez des proches ou des amis, mais également dans des églises et des bâtiments publics. Une équipe du HCR en mission à Dungu fait état pour les personnes déplacées interne de leur immense besoin d'une assistance humanitaire basique. Ces déplacements de populations mettent à rude épreuve les familles d'accueil.

La semaine dernière, les autorités de la capitale provinciale, Kisangani, ont débloqué la somme de sept millions de francs congolais (environ 11 000 dollars) pour aider à nourrir les personnes déplacées. Face au développement de cette crise, nous nous préparons à envoyer du personnel d'urgence supplémentaire pour augmenter la présence du HCR dans la région d'Ituri et pour aider à répondre aux besoins basiques en matière d'hébergement et d'approvisionnement en eau. Nos équipes emporteront également des couvertures, des biscuits à haute valeur nutritionnelle et des produits d'hygiène.

L'accès aux personnes déplacées internes et la distribution de l'aide sont retardés à cause de l'insécurité et du manque de routes. Une évaluation partielle sur le déplacement a été menée par hélicoptère fourni par la mission des Nations Unies chargée du maintien de la paix et par des travailleurs humanitaires utilisant des motos cross pour rendre visite à des personnes déplacées internes dans les zones hors de la ville de Dungu.

Parallèlement, des combats récents survenus dans la province voisine congolaise du Nord-Kivu entre les forces gouvernementales et des rebelles menés par Laurent Nkunda ont provoqué le déplacement de quelque 100 000 personnes depuis que les hostilités ont commencé à la fin du mois d'août, selon les dernières évaluations. Des combats ont embrasé les régions de Rutshuru et Masisi. Les civils nouvellement déplacés ont fui dans toutes les directions, mais la majorité s'est rendue vers des sites accueillant des personnes déplacées internes autour de la capitale provinciale, Goma. Nos équipes font état de milliers de personnes déplacées prises au piège dans des villes situées plus à l'intérieur du pays, elles n'osent pas se déplacer de peur d'être prises dans les combats.

Depuis septembre, les combats ont contraint toutes les agences humanitaires à retirer leur personnel du terrain. Des missions d'évaluation brèves sont menées depuis Goma.

Les combats ont également coupé la principale route d'approvisionnement depuis Goma vers Kitchanga et Masisi, faisant craindre une crise plus importante encore pour les personnes déplacées.

Si la sécurité le permet, le HCR prévoit d'envoyer à Masisi cette semaine trois camions, transportant des bâches en plastique, plus de 14 000 matelas, 15 700 couvertures et 8 500 jerricans. Un autre camion devrait partir pour Kitchanga avec 1 000 moustiquaires et 1 000 pains de savon.

Il y a actuellement 16 sites assistés par le HCR dans le Nord-Kivu hébergeant quelque 100 000 personnes. Des dizaines de milliers de civils ont trouvé abri dans plus de 40 sites de fortune à travers la province.

Les combats au Nord-Kivu se sont intensifiés à la fin de l'année 2006. En janvier 2008, le nombre de déplacés internes au Nord-Kivu a été porté à plus de 800 000 personnes. Egalement en janvier 2008, le gouvernement a signé un accord de paix avec toutes les parties prenantes au conflit. Le cessez-le-feu a été violé à plusieurs reprises. Les agences humanitaires estiment que le nombre total de déplacés internes dans la province s'élève à près d'un million de personnes.